Le groupe
Biographie :

Surgical Meth Machine est le nouveau projet de Al Jourgensen (Ministry). Le premier album a été enregistré dans son home studio à Burbank (Californie), en compagnie de son collaborateur de longue date Sam D'Ambruoso. L'album est sorti le 15 Avril 2016 chez Nuclear Blast.

Discographie :

2016 : "Surgical Meth Machine"


La chronique


Al Jourgensen, leader du groupe Ministry, nous présente un nouveau projet appelé sobrement Surgical Meth Machine, dont l'album éponyme est sorti le 15 Avril dernier. Que se cache-t-il derrière cette jolie pochette pleine de dents radiographiées ? Un metal electro sur-vitaminé, écrit par un musicien qui pourrait être qualifié d’hyperactif tant il se dégage une énergie épileptique dudit album.

Il débute sur l’intro monologuée de "I’m Sensitive" avec un tempo faussement identique à celui de Ministry ("ah ouais d’accord ça change pas de Ministry pfff !!"). Seulement le petit Al est un sacré farceur et à partir du cri rageur "I don’t fucking care !", c’est un déferlement de fureur, accélération du tempo puissance 10. Au passage, le sujet de la chanson est une critique acerbe de Facebook et son étalage de vie personnelle et d’états d’âme dégoulinants. Et rien que ça, ça donne envie d’hurler avec lui ! La première partie de l’opus est construite sur le même schéma. Du très indus metal "Tragic Alert" d’une efficacité implacable, au "I Want More" puis "Rich People Problems" en passant par le très punkisant "I Don’t Wanna" (à noter la participation au chant de Jello Biaffra, Dead Kennedys), et enfin "Smash And Grab" (une note spéciale pour celui-ci de la part de votre chroniqueuse !), jamais la tension ni le rythme effréné ne faiblissent. Il y a chez Surgical Meth Machine un côté très synthétique et très froid. Ils ne recherchent pas du tout le son d’une vraie batterie, mais plutôt le côté bruitiste d’une machine. A ceci s’ajoutent des drum’n’bass puissants à la manière d’un Zardonic, provoquant une envie irrésistible de sauter d’un bout à l’autre de la pièce. C’est sans s’en rendre compte que l’on arrive à la fin des 6 premiers titres. Les compositions sont bien construites dans le but de rester en tête et même si les mélodies sont peu évolutives et se résument à du matraquage de rythmes, de samples, de cris rageurs, elles ne sont ni lassantes ni similaires. C’est de la bombe bébé ! Gageons que la meth ne devait pas se trouvait que sur la pochette du CD lors de la composition de cet opus !

Mais là où Surgical Meth Machine réussit véritablement à surprendre, c’est avec la deuxième partie d’album, totalement excentrique. Dès le morceau "Unlistenable", le changement s’opère insidieusement. Cet intermède, plus qu’un morceau, n’est pas dénué d’humour. S’il porte bien son nom au niveau instrumental (des cris, des samples, des bruits arrivant de tous côtés sans véritable structure ni équilibre), c’est la même chose au niveau du texte. Le Sieur Jourgensen s’amuse avec facétie à tacler la scène metal en se servant d’un dialogue assez drôle entre deux personnes à propos des groupes qui ont une promo en ce moment, et la sentence est irrévocable "UNLISTENABLE !! They suck !!". Parmi les heureux élus, Megadeth, Nickelback, Lamb Of God et même… Ministry. Est-ce une réelle critique ? D’après une interview de l’artiste, non. Ce serait à nouveau une diatribe envers la toile et les utilisateurs qui s’évertuent à descendre divers groupes, ou du moins tous ceux qu’il fait "bon" critiquer. Je vous laisse décider de l’interprétation que vous aurez envie de donner à ce titre. Passé cet intermède déjà assez déroutant, si vous n’aimez pas la diversité alors l’écoute s’arrête là pour vous. Pour les autres, ouvrez vos portugaises toutes grandes et préparez-vous à un mélange des genres.

Première surprise avec "Gates Of Steel", reprise du groupe de rock new wave Devo. C’est plutôt inattendu, vous en conviendrez. Mais la touche Jourgensen c’est un côté enthousiaste et très heavy (que vous êtes loin de retrouver dans la version lente et sans âme de Devo) grâce à la rythmique et aux arrangements. Pour peu, on croirait entendre du Twisted Sister. Cette reprise est vraiment réjouissante et juste ce qu’il faut de kitch. "Sputnik" vient clore le titre précédent sur le même tempo dansant, comme une conclusion instrumentale. Tandis que "Just Go Home" lui, part dans un délire electro indus ultra ambiant digne d’un NIN, album "Further Down The Spiral", et pour vous donner le ton, titre "At The Heart Of It All" par exemple, remixé par Aphex Twin, c’est dire le virage à 180°. On est déjà bien loin du début de l’album et de son rouleau compresseur indus metal martial qui nous a secoué les neurones. "Just Keep Going" pousse le bouchon encore plus loin en donnant cette fois dans l’electro dub drum‘n’bass parfois limite techno hardcore ! Et le pire… C’est que c’est très bien fait, figurez-vous! Par quoi l’illuminé Jourgensen pouvait-il terminer cet opus ? Faites vos jeux, rien ne va plus ! Par un trip-hop classieux aux sonorités très seventies façon John Barry, thème Amicalement Vôtre. Ça n’est pas sans rappeler non plus le projet de Dan The Automator, du nom de Lovage "How To Make Love To Your Old Lady By". Le côté sensuel en moins. Le côté hallucinogène en plus.

C’est évident, cet album va en dérouter plus d’un. Mais à mon sens, il mérite une très jolie note de par sa folie, son originalité, son je-m’en-fous-totalement-de-ce-qu’on-en-pensera, son étendue musicale, et son irrévérence. Par-dessus tout, quel que soit le style du titre, il est juste et ne tombe pas dans la parodie. Certes ce n’est pas l’album de l’année mais il fait du bien par où il passe et c’est bien cela que l’on recherche, non ? Al Jourgensen n’a plus rien à prouver et il s’est amusé cela se ressent. La musique, ce devrait être tout le temps cela : des tentatives, des explorations artistiques sans chercher LE son, LE riff, LE chant qui va plaire aux plus nombreux.


Miss Bungle
Mai 2016


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/surgicalmethmachine