Après avoir sorti deux albums en 1990 et 1992, les Hollandais de Thanatos avaient disparu de la circulation pour ne revenir qu'en 2000 avec une patate de tous les diables qui n'a jamais faibli depuis ! Nous les retrouvons donc aujourd'hui avec leur septième album, "Violent Death Rituals", et le death thrash pratiqué par cette bande de sauvages est toujours aussi efficace !

Le titre éponyme ouvre l'album et la première chose qui frappe c'est le son énorme et puissant qui sort des enceintes, la production est aux petits oignons et sert de parfait écrin pour ce thrash / death qui ne fait pas dans la dentelle. Pour le coup, c'est par un mid-tempo que cela commence mais la feinte ne va pas durer bien longtemps et le rythme s'emballe au bout de deux minutes. On retrouve donc bien la formule typique du groupe avec ces riffs sans pitié et ce death / thrash qui fonce dans le tas sans faire de prisonniers. Si vous connaissez bien Thanatos, vous ne serez pas surpris puisque le groupe n'a jamais changé son fusil d'épaule et continue à nous déverser ses torrents de lave et de plomb en fusion sur la tronche. Je serais tenté de dire tant mieux parce qu'aussi basique qu'est la formule, elle fonctionne très bien et ces dix nouveaux morceaux (dont un exclusif à la version CD, à savoir "Legacy Of The Gods") décrassent les cages à miel sans la moindre difficulté. Le headbanging est garanti et un délicieux fumet old school se dégage de ces nouvelles tueries avec notamment ce solo sur "The Silent War" à gros coups de vibrato qui nous rappelle ce bon vieux Massacre. La plupart des morceaux tournent autour de quatre minutes et Thanatos ne perd pas de temps à créer des titres à tiroirs ou à créer des ambiances léchées, ici on fonce dans le tas sans ménagement, à l'ancienne. On connaît le truc depuis "Emerging From The Netherworlds" mais le groupe est toujours aussi efficace et sa musique est épurée et dégagée de tout élément superflu, tout est fait pour que ça frappe dans le mille et ça marche !

Seules quelques mélodies plus sombres viennent de temps en temps ajouter une dose de plomb dans un metal déjà bien chargé en substances toxiques. Thanatos lève évidemment le pied pendant ces passages pour balancer des riffs plus lourds et sales et éviter un monolithisme qui ne lui rendrait pas service. Les riffs de "The Outer Darkness" ont même un air de black metal, un faux air d'Immortal qui fait descendre la température de quelques degrés avant la prochaine tempête de feu qui ne tarde pas à arriver au sein de ce même morceau. L'équilibre est bien géré et les quarante-six minutes de l'album passent toutes seules, le groupe n'a peut être pas inventé la poudre mais ce n'est pas à lui que vous allez apprendre à la faire parler ! On sent souvent ce côté sale, sombre et vicieux que pouvaient avoir les premiers Sodom mais avec une puissance de feu décuplée et des influences death qui se glissent au milieu de tout ça pour ajouter une dose de violence. Mon petit doigt me dit que ça en live ça doit démonter pas mal de cervicales et chauffer une salle de concert à blanc. Il n'y a quasiment que "As The Cannons Fade" qui ralentit le rythme en fin d'album avec ses six minutes et ses arpèges sombres et mélodiques. Un titre plus mélodique que le reste et plus posé certes mais qui du coup prend une teinte plus sombre et inquiétante, ne vous imaginez pas une respiration en fin d'album car la douceur chez Thanatos on ne connaît pas.

"Violent Death Rituals" est dans la lignée directe de ses prédécesseurs et perpétue ce thrash / death direct, sombre et bourrin que Thanatos sait si bien faire. Une efficacité à toute épreuve avec un feeling clairement old school font que ce nouvel album remplit très bien son office, pas de pitié en dehors de quelques passages plus lourds qui en profitent pour être plus sombres. Si vous avez des vertèbres à sacrifier et des tympans qui demandent une petite rasade de plomb en fusion, vous pouvez y aller sans problème !

Pas de doute, on a bien entre nos mains le meilleur album de Thanatos qui, après 30 ans d’existence et de galères la plupart du temps, nous offre pour son anniversaire un cadeau digne de ce nom. Tout est bien meilleur, que ce soit le chant ou la prod', on se trouve vite enseveli par un album massif, violent et gorgé d’énergie. Quel groupe peut se vanter, après une longue carrière, d’avoir une virulence intacte voir accrue, au fil des années ? Thanatos offre donc un pur album d’excellent death metal fortement inspiré par l’actualité réjouissante de notre époque. Le death metal qui ne renie pas ses racines extirpées du thrash metal se trouve conditionné dans un seul album , "Global Purification", le point culminant de la carrière du groupe, à tous niveaux. C’est tout de même rassurant pour les groupes qui galèrent, ils vont se rendre compte qu’un jour leur heure viendra et qu’ils pourront s'exprimer de toutes leurs forces, portés par un vent positif qui marquera leur carrière.

Le morceau d’ouverture, qui est aussi le titre de l’album, affiche directement ce que l’on va subir tout au long de la galette. Un morceau violent, garni par un blast qui surplombe la compo de tout son être. L’inspiration est là malgré les années, la verve de Stephan ainsi que son chant n’ont plus de limite, plus de barrières, et il s’exprime avec la rage au ventre, balançant à la gueule de l’auditeur tout son savoir, durement acquis durant ces trente années. Il règne la violence si chère à mes oreilles sur ce skeud, il y règne aussi des riffs de dingue, des putains de blasts bien amorcés par une grosse partie death metal. Dan Swanö a fait un boulot magnifique en sublimant chacune des compositions, en donnant l’envol nécessaire à leurs âmes emprisonnées pour en faire des parties mémorables. "Infestation Of The Soul" et "Queen Of Gore" sont deux autres énormes créations dévastatrices de pur death metal comme ça fait un bail qu’on n'en a pas entendu. Tout y est, tout y passe, il ne restera rien après le passage de Thanatos, nous ne serons que des corps chancelants dans l’attente du coup de grâce. "Nothing Left" montre une autre facette du groupe, le titre met en exergue la musicalité ainsi que le côoté sombre de Thanatos. "Nothing Left" ouvre les portes de la puissance, vu sous un angle plus posé, plus heavy, et bien sûr plus thrash. Un album gorgé de compositions qui démoliront tout en live sans aucun doute car tout est carré, direct, sans fioritures inutiles.

Le Christ a pourri sur sa croix, laissant l’humanité à l’abandon, délaissant les êtres humains qui n’ont pas pu ou su prendre en main leurs propres destins et qui se sont obstinés à vouloir imposer leurs visions à leurs voisins, pensant qu’eux seuls avaient la solution durable pour un avenir meilleur. "Global Purification" résume l’humanité actuelle, ou plutôt l’inhumanité actuelle. Après trente années de carriere, Thanatos exprime enfin de toutes ses forces un death / thrash metal surpuissant, bestial et sombre qui redonne un coup de jeune au groupe. Thanatos est de retour ! De la pochette aux arrangements, rien n’est à jeter ! Excellent album ! Ils s’offrent à eux-mêmes et aux fans un splendide trentième anniversaire. Bon anniversaire Thanatos !