Ne vous fiez pas à l'étiquette black / thrash que vous pourriez voir accolée à la musique de The Konsortium, elle est quelque peu réductrice, car si on trouve bien ces deux influences dans la musique du groupe il ne va pas falloir s'attendre à du Aura noir pour autant. Ce deuxième album, "Rogaland", propose une fois de plus une formule à part.

Quand on entend black / thrash, on pense en général à des groupes directs, brutaux et assez primaires, or si la violence est bien présente sur "Rogaland", il serait dommage de réduire The Lonsortium à ça. "Skogen" ouvre l'album sur des blasts et le morceau nous roule bien dessus mais le groupe n'hésite pas à balancer des riffs dissonants sur un rythme un peu plus écrasant ou à créer des ambiances pesantes et très sombres. Le fait que ce morceau dure près de sept minutes devrait d'ailleurs vous mettre la puce à l'oreille et vous faire comprendre que la musique de The Konsortium n'est pas aussi basique que vous pourriez l'imaginer. Les morceaux atteignent fréquemment les cinq ou six minutes et sont par conséquent assez dynamiques. On est loin des groupes de black / thrash qui foncent dans le tas sans réfléchir, les structures sont parfois assez tortueuses pour ce style de musique, du chant clair fait son apparition de temps en temps et il y a constamment un côté fou dans la musique de The Konsortium. Que ce soit dans le chant ou la musique elle-même, on sent que le groupe se lâche, se fout des barrières et crée des ambiances qui font office de catharsis. Les chœurs au début de "Arv" donnent même un léger air pagan au morceau, les riffs dissonants appuyant le côté black et donnant un air de Enslaved période "Blodhemn". Vous l'aurez compris, "Rogaland" est varié et malgré la base black et thrash, le groupe arrive plus d'une fois à nous surprendre et à créer des ambiances inattendues.

Le fait de trouver un morceau qui dépasse les dix minutes est assez surprenant aussi quand on s'attend à du black / thrash basique. "Havet", puisque c'est le nom de ce pavé, a des allures de montagnes russes. Entre ses riffs black metal, ses ambiances froides, ses cuivres en début de morceaux, son solo mélodique et son rythme pesant et ses guitares acoustiques, il a de quoi surprendre ! Mais globalement, tout l'album présente des caractéristiques inhabituelles pour ces genres, à commencer par pas mal de passages assez complexes techniquement. On sent que les influences sont bien plus larges qu'annoncé et que malgré le côté agressif qui se dégage de l'ensemble, il y a une profondeur insoupçonnée qui se dévoile au fil des écoutes. C'est dans un univers personnel que nous invite The Konsortium, un monde créé par ses soins et auquel il est bien difficile finalement d'attribuer une étiquette précise. Encore une fois, c'est très plaisant aux oreilles mais c'est un cauchemar à chroniquer tant le groupe sort des sentiers battus et fait ce qui lui passe par la tête. Le son, quant à lui, est puissant et étonnamment propre même si les guitares sont suffisamment tranchantes.

Un deuxième album intéressant et surprenant, The Konsortium continue à faire sa sauce dans son coin et aura bien du mal à entrer dans une case prédéfinie. Les amateurs de metal extrême, de black, de thrash avec un minimum d'ouverture d'esprit devraient jeter une oreille à ce "Rogaland" intriguant.