Le groupe
Biographie :

Formé à Paris par une majorité de Nantais en 2011, le groupe The Texas Chainsaw Dust Lovers devient simplement Dust Lovers en 2018. Le quintette sert un "Noir Rock’n’roll" comme ils l’appellent, un rock teinté du groove du blues et de rythmiques punk. La formation tourne en France et en Europe, se targue d’un Hellfest en 2018, et assure diverses premières parties. C’est ainsi que Dust Lovers répand son rock aux ambiances cinématographiques évoquant les noms de Tarantino, Sergio Leone ou John Carpenter. Ces influences, évidemment, se retrouvent dans leurs clips et leur musique sert de BO à deux séries française en 2020 : T.A.N.K et Marianne.

Discographie :

2012 : "Born Bad" (EP)
2014 : "The Wolf Is Rising" (EP)
2016 : "Me And The Devil"
2017 : "Film Noir"
2020 : "Fangs"


Les chroniques


"Fangs"
Note : 21/20

On a tous un peu un album qui vient marquer l’arrivée du soleil, parce qu’il dessine une ambiance, reflète des images ou accompagne tout simplement des moments de vie agréables. Je repense à "Americana" de The Offspring en 1998, mon premier CD acheté avec mon argent de poche, de "Portrait Of An American Family" de Marilyn Manson découvert en 2000, de l’album "Deftones" en 2003 et plus récemment de l’album "Never Slown Down" de Flying Pooh en 2011. Bref, tu as compris l’idée, je vais pas te faire tous les étés. Ce que je veux dire, c’est que j’ai trouvé celui de 2020, "Fangs" de Dust Lovers.

La production est tout aussi léchée que le digipack qui enveloppe la musique et nous rappelle pourquoi on aime acheter des disques. Ces onze titres sont d’une cohérence absolue et pourtant ils sont tous tellement différents. L’ambiance créée tout au long de l’album me subjugue à tel point qu’elle en devient presque plus importante que la musique elle même. Non pas qu’elle en soit inintéressante, bien au contraire, mais ce qu’elle produit dépasse de loin la simple vibration acoustique mélodieuse. Ca nécessite presque de se concentrer pour examiner un peu de quoi elle est faite. "Fangs" est donc un album de rock au sens très large. la diversité des titres révèle une incroyable créativité, et surtout une maîtrise parfaite de la composition à la production en passant par l’interprétation. Tout est irréprochable, chaque instrument est à sa place, rien ne manque, rien de trop. On y trouve tous nos ingrédients favoris sans exception avec en facade la liberté du rock, qui leur permet de naviguer entre groove chaleureux, énergie punk sur des guitares saturées ou encore ambiances sombres.

"Fangs" fait partie de ces albums que vous pourrez écouter mille fois sans jamais vous lasser, ceux qui restent en haut de la pile, ceux qu’on ne range pas, ceux qu’on veut partager et c’est le petit pouvoir que m’octroie mon statut de chroniqueur alors ne passez pas à côté de cette perle. L’écoute donne envie de traverser le pays sous une chaleur torride, le torse couvert de sueur au volant d’une vieille américaine, une bouteille de Jack’s sur le siège passager. Ouais c’est cliché. Mais on en a tous rêvé.


Kévin
Juillet 2020




"Me And The Devil"
Note : 14/20

Un an et demi après leur dernière sortie, l'EP "The Wolf Is Rising" que nous avions moyennement apprécié, The Texas Chainsaw Dust Lovers (TTCDL pour les intimes et les feignasses, dont nous faisons partie) reviennent en ce mois de Mars 2016 avec leur premier album longue durée, "Me And The Devil". Armé d'un nouveau guitariste, Nagui Méhany, le quatuor est prêt à en découdre et à montrer ses talents.

Première bonne nouvelle, la production est meilleure que sur l'EP. Elle sonne plus personnelle et équilibrée. Le côté compact et étouffé "à la Kyuss" (que tous les groupes de stoner cherchent à copier sans qu'on comprenne vraiment pourquoi, avoir sa propre identité sonore est tout de même plus important que vouloir a tout prix être un "erzatz de"), surtout en ce qui concernait la batterie, disparaît pour un rendu aéré qui met en valeur tous les petits détails de la musique.

C'est ainsi que l'on découvre ce "Me And The Devil" avec le morceau du même nom. Un démarrage en douceur avec un bon refrain simple et des guitares slides délicieuses. Ce morceau de rock bluesy s'installe tranquillement et on plonge dans le disque facilement. La deuxième partie du titre voit le groupe s'énerver un peu, sortant la disto et des chœurs guerriers évoquant le premier morceau de "The Wolf Is Rising" (créant ainsi un petit "effet de miroir"). TTCDL a affiné son écriture, présentant des morceaux plus courts qu'auparavant, où les idées sont mieux mises en valeur, pour un impact maximal, et surtout bien mieux intégrées les unes aux autres (le bien foutu quoiqu'un peu long "The Sleepwalker"). TTCDL parvient donc ici à un style plus mature et personnel.

"Dark Stuff" continue sur cette bonne entame avec une énergie positive et un rythme entraînant. Les sonorités de guitares claires ajoute un petit plus au titre, une atmosphère plus froide qui se marie bien avec le reste du morceau bien heavy rock. Le riff de porc qui ouvre "Summer Spleen", typé stoner et piqué à Kyuss, se muant en country / western metal déglingué, est une gifle dans la tronche. Les cris de foule qui suivent décuplent la puissance du morceau. En voilà un morceau qui arrache ! "My Lover Of The Moon" est moins marquant, la faute à une première partie de titre calme, tout en crescendo, mais ne parvenant pas à concrétiser de façon satisfaisante une fois que la sauce est lâchée, la faute à une montée prenant des plombes pour une seconde partie classique où il ne passe pas grand-chose. Malgré un bon solo de guitare et un effort d'ambiances réel, ce titre ne décolle pas.

Ce qui en revanche nous titille positivement les esgourdes sont les nombreux passages de type western music. L'appellation loufoque "western spaghetti à la sauce fuzz" (Registered Trademark) que le groupe, dans un souci d'originalité, revendiquait sur son précédent EP n'était pas vraiment évocateur alors. Mais sur cet album, certains morceaux se classent parfaitement dans ce registre tarabiscoté et se classent même parmi les plus réussis et jouissifs de l'album. Preuve en est avec "Summer Spleen" mais aussi avec "The Sleepwalker" et son long passage à l'harmonica rappelant inévitablement Il était une fois dans l'Ouest à l'instar de "That Town Under The Sun", quasi-instrumental superbement composé pouvant faire office de B.O. de film de Sergio Leone.

A côté de ces titres frais et dans une certaine mesure expérimentaux, on se retrouve avec des morceaux heavy / rock / stoner plus consensuels mais non moins travaillés. On retient surtout l'entraînant "Doin' No Harm" et le sauvage "Born Bad", morceau bonus issu d'une précédente démo du groupe.

Sans que nous soyons totalement conquis par "Me And The Devil", il est juste de dire que The Texas Chainsaw Dust Lovers a franchi un cap avec ce premier album tant musicalement qu'artistiquement. Cet album devrait ouvrir des perspectives pour le groupe. On attend maintenant ce qu'il sera en mesure de proposer sur un second album qu'on espère encore plus riche et étoffé.


Man Of Shadows
Mars 2016




"The Wolf Is Rising"
Note : 12/20

The Texas Chainsaw Dust Lovers (TTCDL) est un quatuor en provenance directe… de Paris, dans le mille ! Constitué des frères Collot, Clément au chant et à la gratte rythmique et Etienne à la basse avec en renfort Nagui Mehany à la guitare solo et Christophe Hogommat aux fûts, ce combo est, comme son nom l’indique (les amoureux de la poussière de tronçonneuse texanne, chacun son trip…), très américanisé. Les cinq titres de l’EP "The Wolf Is Rising" respirent en effet le mid-west américain à pleins poumons, avec ses guitares slide et ses dobros, ses passages de pure country-rock, en passant par du rock / punk déglingué et du stoner. Nos cowboys prétendent même jouer du "stoner spaghetti à la sauce fuzz" ou la rencontre Kyuss, Ennio Morricone et du punk cradingue à la The Cramps.

TTCDL propose son second disque, un EP vinyle blanc transparent à l’artwork réussi et strictement limité à 300 exemplaires, un bel objet pour les collectionneurs. "The Wolf Is Rising" est donc un EP renfermant cinq titres dont une reprise d’une folk song traditionnelle américaine. D’influences westerns-spaghettis, on n’y trouve pas vraiment de trace, hormis quelques sifflements et de lointaines guitares qui rappellent l’œuvre de Morricone vers la fin du titre éponyme, mais à part cela, nous ne voyons vraiment pas, ou alors nous avons mal écouté. Le groupe démarre fort avec un premier titre sauvage donc l’entame n’est pas sans suggérer le "Hurricane" de Kyuss. On y découvre le chant de Clément plus teinté gothique que southern, et n’est pas sans rappeler le défunt Peter Steele de Type O Negative. Le titre se mue sur sa deuxième partie en punk rock débridé et avec l’incursion d’une voix féminine scandant "Car Crash !, Car Crash !" pour un rendu très probant. Un côté noir se dégage du morceau. Le second titre, "Back To Georgia" nous fait exploser de rire dès le début avec son intro bluegrass stéréotypée, on ne s’attendait pas à cela. Le titre mêle bluegrass et grosses guitares stoner, portée par la voix grave de Clément qui donne un côté "southern gothic" à l’ensemble, car comportant aussi une certaine noirceur.

Malheureusement, c’est à peu près tout ce nous en retiendrons car les autres titres ne sont guère passionnants malgré de quelques bons passages. La reprise du "Man Of Constant Sorrow", chanson traditionnelle remise au goût du jour par le film O’Brother des frères Cohen, est pas mal goupillée, avec un passage central heavy. Une relecture sympathique mais très vite oubliable. Les deux derniers titres possèdent le même problème : rien de spécial et véritablement marquant ne s’en dégage, on navigue entre rock alternatif. On s’ennuie même carrément sur le morceau-titre, long de 7 minutes, pénible et inintéressant malgré ses changements d’ambiances. C’est réellement dommage lorsque l’on voit l’inventivité et l’énergie des deux premières compos. Attention, ce n’est foncièrement mauvais mais cela reste terrible classique. TTCDL semble plus convaincant lorsqu’il laisse sa créativité s’exprimer sans barrière aucune et qu’il propose des morceaux plus protéiformes et/ou énergiques et devrait explorer ce chemin-là à l’avenir.


Man Of Shadows
Décembre 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/dustloversofficial