Si l’artwork avait représenté deux Glock j’aurais parié sur du hardcore style new-yorkais. En l’occurrence ce sont plutôt des revolvers, que dis-je, deux colts de style Paterson qui se croisent. Autrement dit on reste aux Etats-Unis mais ça sent plutôt la chaleur de riffs tintés de blues en plein désert d’Arizona.

L’entrée en matière est bien faite, ne fait rien décoller mais elle confirme mon hypothèse. Elle pose également un contexte et un univers sonore. En l’occurrence, un travail équilibré où on en fait juste assez pour garder le crunchy un peu gras qu’on attend dans le style. La première partie de l’album est rock, efficace, juste, tout ce qu’il faut pour apporter un peu de chaleur et de bonnes ondes dans vos maisons. Les échappées de guitares sont bien senties, le chant est juste avec ce qu’il faut de chats dans la gorge. Clairement, le groupe sévit dans un style qui te file la pêche, au réveil, en bagnole sur le trajet du boulot, le soir avec une bonne binch dans la main. Le rock chaud d'Uncut s’apparente à un café bien expresso, il se consomme toute la journée.

Au vu des titres des morceaux et des albums, le groupe a carrément une fascination pour le mot "blue". Forcément quand arrive sur "Bee Blues", on s’attend à quelque chose de différent. Ca l’est parce que c’est le meilleur titre de cet opus mais surtout parce qu’il transpire quelque chose d’authentique, puisé dans les racines les plus profondes du groupe. "Small Steps" continue sur ce groove tout en y insufflant une nouvelle énergie. Les guitares s’envolent, la batterie s’emballe, la voix force d’avantage, un véritable plaisir. L’album est construit comme une série de vagues, les pistes alternant entre creux lancinants et crêtes agitées. La plus grosse d’entre elles viendra s’éclater sur "Display"», avant de venir mourir sur le sable brun avec "The Trap".

Quand les derrières notes me déposent je suis un peu abasourdi par la première écoute. La musique s’écoute sans forcer, tout est naturel, varié. Les rythmiques s’articulent autour d’un groove assuré. Le travail du groupe est remarquable dans le sens où, rien n’est révolutionnaire, effectivement, mais tout est extrêmement bien fait. Un premier album très méritant, qui devrait réussir à faire aimer le blues aux férus de gros rock, et le rock aux accros du blues.

Fichtre, à une lettre près nous aurions pu citer Johnny. Ben oui, parce que “toute la musique que j'aime, elle vient de là elle vient du blue(s)”. Bref, paix à son âme ! En plus, on s'apprête à causer d'un truc plus rock'n'roll que le plus grand des rockeurs. Ouais, pour Uncut, tout vient du blue et "From Blue" nous montre que le blues, le hard'n'blues et le psyché 80's, la bande signée sur la Klonosphere connaît !

À ne pas confondre avec Ünkut (Booba RPZ), Uncut est un quatuor poitevin se vantant d'évoluer dans un “rock décomplexé” et dont voici le premier disque, "From Blue". La chose est un EP, un sept titres qui contient quatre compos, deux réinterprétations acoustiques et une demo. Ainsi, après avoir appréhendé la version électrique de "Blue Eyes Love" et de "Bee Blues", l'oreille en découvre la facette live et surtout débranchée. Uncut ne lésine ni sur les riffs entêtants ni sur les pédales d'effets. Le tout sonnant old school et parfaitement authentique. Une envie poussée d'ailleurs dans les moindres recoins puisque le disque arbore le décorum d'un vinyle.

En tout et pour tout, "From Blue" nous entraîne le temps d'une grosse demi-heure dans un univers qu'il se plaît à construire et reconstruire. Que ce soit en électrique, en acoustique ou en démo, Uncut prouve ici qu'il n'a peur ni de se réinventer ni d'oser dans un monde musical où trop de contemporains tombent dans la vieillerie surfaite et trop poussée lorsqu'il s'agit de rendre hommage aux 70's et aux 80's. Pour les amateurs de sensations à l'ancienne poussées par quelque chose de bien nouveau !