Bizarre est le mot qui pourrait être le plus adapté pour désigner l’univers de Violence Mortuaire . Pourtant, ce mélange de metal avant-gardiste, black, punk hardcore, post-metal et autres influences saturées mené par Colt Wiseman (guitare / basse / chant / saxophone) et Clément Soubrouillard (batterie) est des plus savoureux ! Après un excellent premier album, le duo revient pour "Ab Intestat", leur deuxième album tout aussi barré que le précédent. Et ça s’écoute maintenant.

Premier titre, "Post Chaos" correspond parfaitement à la description que l’on pourrait faire de la musique des Français. On commence lentement, et on ajoute des riffs violents, dissonants, qui semblent partir dans tous les sens, ainsi que des hurlements viscéraux. Cette énergie pure se conclut avec un message en français très énigmatique, et on enchaîne avec "Post Trip". A nouveau les éléments énergiques du punk hardcore viennent dynamiser le morceau, mais il conserve son côté planant, étrange tout en restant cohérent. Qu’il soit clair ou saturé, le chant surprend et ajoute une touche supplémentaire à ce mélange. Lorsque "Post Suicide" démarre, on s’attend à de la mélancolie. Et c’est un sample qui nous l’apporte, et c’est finalement une rythmique typée industrial qui prend la suite, avant de laisser le groupe se déchaîner comme à son habitude. Et ce côté entraînant prend le pas sur l’étrangeté de la composition, et on se retrouve bien vite à hocher la tête.

A nouveau c’est un son planant et intrigant qui introduit "Post Hell". Mais la rythmique saturée revient bien vite, laissant tout de même au chant une place proéminente. On trouve de tout dans cette composition, et à nouveau le mélange est séduisant. Même constat pour "Post Memories", un morceau à la composition très groovy et aux différents éléments qui feront que tout auditeur peut y trouver son compte, et adhérer sans mal à l’univers de la formation. Cette impression de Jekyll & Hyde par rapport aux deux types de chant est également intéressante, et on la retrouve sur "Post Dignity" qui libère littéralement le monstre grâce à une instrumentale violente et ravageuse.

Le groupe revient sur un style plus accessible avec "Post Religious", un morceau dans lequel il est facile de rentrer, mais qui surprendra par des passages inattendus, mais qui s’enchaînent parfaitement dans la composition. Retour sur cet univers dynamique avec "Post Spirit", un morceau qui ne prend pas de pincettes pour nous rentrer dans le lard. Des harmoniques cinglantes, des riffs punchy et groovy… tout ce qu’on aime pour ce court titre ! Dernier morceau, qui est également le plus long, "Post Hate" est à mes yeux la parfaite incarnation de la dépression. Une lancinante mélodie, des voix qui disparaissent, une mélodie aérienne, ainsi que des cris en arrière-plan. La beauté rencontre la douleur, la peine rencontre la douceur.

Si vous n’aimez pas les choses conventionnelles, Violence Mortuaire est fait pour vous. Avec ses neuf titres, "Ab Intestat" passe par tous les styles, de la violence pure à la mélancolie, pour nous offrir un condensé de folie créative. Et on adhère !