Le groupe
Biographie :

Viscera est un groupe de deathcore anglais formé en 2019 et actuellement composé de : Jamie Graham (chant), Charlie Michael (guitare / Apparition, Woe Betide, VoidWeaver), Adam Bell (guitare) et Alex Micklewright (batterie). Viscera sort son premier album, "Obsidian", en Mars 2020 chez Unique Leader Records, suivi de "Carcinogenesis" en Mars 2023.

Discographie :

2020 : "Obsidian"
2023 : "Carcinogenesis"


Les chroniques


"Carcinogenesis"
Note : 17/20

Vous connaissez ce genre de jeu où l’on se demande ce que l’on dirait à notre nous-même du passé si on le rencontrait ? Pour le bénéfice de cette chronique, je me prêterai à cet exercice. Concentrons le tout sur le volet musical de la chose. Ce que je dirais à mon jeune "moi" le surprendrait sans doute, lui qui ne carburait qu’au power metal. Que je lui confirme que plusieurs années plus tard il se pâmera devant des groupes de deathcore le sciera en deux c’est certain. Trêve d’introduction théâtrale et passons aux choses sérieuses.

"Carcinogenesis", deuxième album studio du groupe du Royaume-Uni, fondé en 2018, s’inscrit directement sans gêne dans la lignée des maîtres du genre tels que Lorna Shore et Shadow Of Intent, pour ne nommer que ceux-ci. La pièce-titre de l’album s’introduit sur fond orchestral afin d’établir une cassure directe avec la suite, qui se veut un deathcore puissant, d’une gravité profonde grâce entre autres aux guitares dont la tonalité abyssale est surprenante, appuyées par une frénétique section rythmique ainsi qu’un chant guttural d’outre-tombe. Imaginez-vous entrain de vous balader dans les prés et frappé un mur invisible. C’est la sensation exacte que vous ressentirez dès les premières notes.

Le deathcore technique peut paraître pour certains comme aseptisé et stérile, avec une impression du pareil au même. Encore une fois, la pièce-titre de l’album est l’exemple parfait des outils en sa possession pour éviter le piège de la répétition. Que ce soit des riffs de deathcore pur avec en filigrane de fines orchestrations, ou bien des blast beats proches du black metal et des breakdown profonds, cette approche permet de garder l’auditeur à l’affut, dans l’attente de la suite plutôt qu’être confortablement assi sans réfléchir.

La force de Viscera est de nous mettre dans un état constant de sentiment d’urgence, de danger. "Rats With Wings" en est un exemple parfait avec son refrain épique et lugubre à la fois. Tout comme le rush d’adrénaline ressenti lors de l’écoute d’un film d’horreur, cette contradiction entre le négatif de l’émotion et le plaisir éprouvé est exultant. Les amateurs de technique ne seront pas en reste, il suffit d'écouter l’exécution à la guitare dans les passages instrumentaux de "Resolver" pour saisir toute la virtuosité des musiciens en présence.

L’album se décline sous près de quarante minutes et donne pourtant l’impression d’être beaucoup plus long, non pas qu’il soit interminable mais plutôt que celui-ci est tellement dense et riche qu’il paraît plus étendu. Tout comme les films d’auteur vs les blockbusters, il y a une satisfaction indescriptible lorsqu’on écoute un album qui demande une plus grande concentration afin d’en saisir toutes les subtilités. "Carcinogenesis" fait partie de ces albums complexes qui récompensent au final l’auditeur.


Mathieu
Avril 2023




"Obsidian"
Note : 17/20

Avec un nom de groupe pareil, on s’imagine déjà en train d’écouter un truc bien crade et baveux, du genre gros gras grind qui tache, que nenni, Viscera c’est violent, certes, mais pas crade du tout ! "Obsidian" est le premier album de cette formation de gros poissons du deathcore, en effet, le groupe possède en ces rangs des musiciens issus d’autres groupes tels que Heart Of A Coward, Sylosis, Abhorrent Decimation, Martyr Defiled, Nervecell ou encore Surfaces. Cela en dit long sur le niveau technique du metal moderne proposé ici, bien dans la lignée des groupes qui signent régulièrement sur leur label, Unique Leader Records.

Musicalement, "Obsidian" dispense un metal aggressif, virtuose et terriblement bien exécuté, entre The Black Dahlia Murder, Carnifex, Protest The Hero ou Betraying The Martyrs. Le chant est parfait et s’autorise des refrains plus clairs, le timbre de la voix faisant d’ailleurs penser à monsieur Duplantier de Gojira. Des nappes synthétiques sont omniprésentes et accompagnent une musique somme toute mélodique, mais qui met tout de même l’accent sur des rythmiques saccadées accordées très grave. On a droit, par exemple, à ces mélodies extraites du classique comme on peu en entendre chez des groupes comme Equipoise ou Fleshgod Apocalypse, comme sur le titre "Hammers And Nails", et qui sont de véritables moyens de figurer des images à l’auditeur. Un autre titre illustre parfaitement le propos, "Lilith", dont l’introduction pourrait accompagner un MMORPG, lors d’une cinématique dramatique.

Malgré cela, pour le côté bourrin de la force, le groupe sort l’artillerie lourde, gros breakdowns, dissonances perturbantes, blast beats au son de double ultra triggé, des solos techniques et ultra mélodiques accompagnés de toute la flopée de moyens pour en foutre plein les oreilles, tapping sweeping, fast picking et j’en passe, tout y est. Petit coup de cœur personnel, le titre éponyme "Obsidian", résultat probable d’un acte copulatoire entre Meshuggah et The Black Dalhia Murder. L’album est très varié et les titres arpentent de multiples directions, de ce fait, l’écoute étant constamment sollicitée, "Obsidian" marque le coup en étant véritablement distrayant. Le dosage entre les différentes parties mélodiques fonctionne plutôt bien car jamais cela ne semble pompeux ou redondant, il faut dire que les mecs responsables de ce joyeux bordel sont de vrai professionnels, rien qu’à voir le CV de ces messieurs, il serait étonnant que la qualité ne soit pas au rendez-vous.

Encore une fois, l’Angleterre préserve son statut de terre sacrée du technical deathcore. Une fois de plus, c’est très bien fait, admirablement produit, efficace et tout ce que vous voulez. Le niveau qualitatif est bien là, c’est indéniable mais maintenant, que peut-on réellement attendre d’autre de la part d’un groupe de deathcore ? Il est enfin arrivé, le moment où tous les groupes sonnent pareil, et emploient les mêmes recettes, à tel point que tous ces clichés commencent à corrompre le ressenti global de cette scène "core" qui repousse sans cesse les limites de la technique et du son.


Trrha'l
Juillet 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/viscerauk