Il est formidable de constater que le heavy metal traditionnel, le vrai, celui qui sent le cuir, n’est pas mort, bien au contraire, il ne s’est jamais aussi bien porté et c’est tant mieux ! C’est tout à l’honneur de Visigoth, de brandir haut et fort l’étendard de cette musique, de redorer son blason et de répandre sa sainte parole en cet an de grâce 2018 !

Trois ans séparent le nouvel album du tout premier, et rien n’a vraiment changé. Tous les clichés du power / heavy sont là, chœurs scandés sur les refrains, leads de guitare harmonisés, solos véloces et expressifs, riffs basiques et double grosse caisse mid-tempo. Cependant, et c’est ici que réside la force du groupe, tous ces éléments sont finement agencés et génèrent à la fois de la cohérence et une grande maîtrise stylistique qui rend le tout crédible. Ronnie James Dio peut être fier de ces petits jeunots ! La production est de bonne facture, moderne, elle préserve cependant le côté traditionnel au sein duquel Visogoth s’est engagé. Les 42 minutes de l’album défilent sans que l’ennuie ne pointe le bout de son nez. Quelques moments musicaux se démarquent tout de même. L’intro aux saveurs celtiques de "Steel And Silver", le passage de flûte et de guitare folk sur "Warrior Queen", le solo monstrueux du plus progressif "Traitor’s Gate", le début étonnamment funky de "Salt City" qui mute rapidement en une sorte de heavy stoner sautillant, tous ces ingrédients de bon aloi relancent l’écoute avec brio. La paire de guitaristes n’hésite pas une seconde à envoyer la braise lors des solos, tout y passe, aller-retour, tapping, sweeping, notes hurlantes, l’amateur de 6 cordes y trouvera réellement son compte.

Bien qu’originaire de Salt Lake City, ces messieurs nous proposent un power metal qui sonne très européen, germanique plus précisément, ce qui n’a rien d’étonnant quand on s’appelle Visigoth. Cependant, ce qui est réellement remarquable, c’est qu’ils ne s’embarrassent d’aucun artifice. Le metal qu’ils nous distillent est très basique, les riffs sont simplistes, le format intro / couplet / refrain est respecté à la lettre, et le tempo n’est pas très varié. Malgré tout, le résultat est convaincant et il n’est pas difficile d’adhérer à ce heavy de bonne facture ! Signés chez Metal Blade Records depuis le premier album et en 2 essais seulement, la formation s’impose, fait preuve d’un grand respect des traditions, d’une sincérité dans sa démarche artistique, et cela fait véritablement plaisir à entendre. Les 8 pièces qui composent "Conqueror's Oath" défilent sans générer de lassitude, il y a une alchimie, un savoir-faire de la part de ces musiciens qui rend le disque vraiment attrayant.

Evidemment, si vous n’aimez pas le heavy metal, ça va forcément coincer, car Visigoth, ce n’est que ça ! Le groupe nous propose un voyage au pays des dragons et nous renvoie l’image d’un chevalier perché au sommet d’une colline, le glaive tendu vers le ciel, tentant de pourfendre un ciel déjà déchiré par les éclairs d’un orage menaçant. Voilà, je pense vous avoir tout dit, sur ce, il est temps de vous quitter. Je vais essayer de fouiller dans mon grenier, avec un peu de chance je vais retomber sur une vieille VHS du film Conan le Barbare, de quoi passer un bon moment devant l’écran, avec une bonne bière d’abbaye pour couronner le tout. Ensuite, je me repasserai un coup de plus "Conqueror's Oath" pour vivre le trip jusqu’au bout.