Il est temps pour Vltimas de passer à la vitesse supérieure. Après le succès de son premier album en 2019 ainsi que de nombreuses performances live, le groupe formé par David Vincent (chant, Terrorizer, I Am Morbid, ex-Morbid Angel), Rune "Blasphemer" Eriksen (guitare, Ruïm, Aura Noir, ex-Mayhem…) et Flo Mounier (batterie, Arise From Worms, Cryptopsy…), accompagnés par Ype TVS (basse, ex-Dodecahedron) et João Duarte (guitare, Corpus Christii, live pour Enthroned, Lvcifyre…) annoncent en 2024 la sortie de son deuxième album, "Epic", chez Season Of Mist.

L’aventure débute avec "Volens Discordant", une introduction aux sonorités très dissonantes qui nous accompagne jusqu’à "Epic", le titre éponyme, où on y retrouve un riffing accrocheur ainsi que la voix si caractéristique de David Vincent. L’association de la froideur du black metal et de la puissance du death metal est parfaitement représentée sur ce morceau aux tonalités entêtantes qui n’hésite pas à accélérer pour créer des passages plus bruts toujours couverts de mélodies inquiétantes, comme sur "Miserere" où la rythmique puise également dans l’énergie du thrash tout en donnant une grande liberté à ses leads. La composition trouve son équilibre entre l’agressivité motivante et une diversité vocale intéressante avant de laisser place à "Exercitus Irae" qui charge également avec des patterns vifs et fédérateurs, éléments que l’on retrouve aussi au niveau du chant. J’imagine déjà les fosses entières scander "Marching, marching" avant de headbanguer avec les musiciens, puis c’est une touche beaucoup plus aérienne qui s’annonce sur "Mephisto Manifesto", offrant un léger décalage avec les parties les plus virulentes, mais qui colle toutefois à l’approche diversifiée du groupe qui ne se prive pas pour l’exploiter autant dans ses riffs aux influences parfois blues que dans le chant vibrant.

"Scorcher" renoue avec des tonalités plus sombres et inquiétantes, puis avec leurs racines sauvages teintées d’harmoniques tranchantes, puis la massive "Invictus" revient nous piétiner avec sa double pédale ravageuse, sur laquelle les musiciens développent des riffs aiguisés à pleine vitesse. Quelques moments plus aériens sont également à prévoir, mais la majorité de la composition reste axée sur la violence avant un final très apaisant qui laissera place à "Nature's Fangs" et ses riffs féroces, contrastant une fois de plus avec certaines apparitions plus intenses du vocaliste. Le solo orienté heavy vient confirmer mon ressenti d’expérimentation musicale, mais l’album nous présente déjà "Spoils Of War", sa dernière composition, qui va le refermer avec une rythmique efficace ponctuée d’éléments typiques du groupe, comme les quelques choeurs graves ou les harmoniques plus travaillées.

Vltimas a définitivement trouvé sa propre touche avec cet album. Chaque titre issu d’"Epic" possède sa personnalité, influencée évidemment par la base de black / death metal, mais aussi d’éléments décrits comme “organiques”, qui confirment l’ouverture musicale du groupe.

Encore un groupe dont je vois la pochette partout, sur les websites, dans les zines, etc. Le signal d’alarme est enclenché et une voix retentit alors qu’une lumière rouge clignote pour nous avertir : "Attention, il faut écouter ce disque, dépêchez-vous, ce n’est plus qu’une question de temps !". C’est quand on s’intéresse au line-up qu’on comprend mieux tout le tsoin-tsoin médiatique. Vltimas, c’est un all-star trio international. D’abord, on trouve le grand David Vincent, non pas celui qui les as vus, mais celui qui chantait chez Morbid Angel. Ensuite, on a Rune Eriksen, alias Blasphemer, ancien guitariste chez Mayhem et membre d’Aura Noir depuis 1996. Enfin, le monsieur qui joue vite à la batterie n’est autre que Flo Mounier de Cryptopsy, vous voyez le genre ? Avec ce type de configuration, deux choses sont possibles, soit la rencontre est prolifique et l’association de ces personnalités affirmées fonctionne, soit le résultat est décevant, car l’alchimie entre les protagonistes peut simplement ne pas se produire. Là, clairement, ça fonctionne plutôt bien.

Premier constat, l’orientation musicale est ici clairement définie par Blasphemer, on entend immédiatement sa manière de composer. Imaginez donc un mix parfait des albums de Mayhem, période Maniac au chant, avec la voix de David Vincent. C’est fou comme cet album sonne comme "The Grand Declaration Of War" et "Chimera" ! Le drumming de Flo Mounier est plus épuré par rapport à ce que l’on a l’habitude d’entendre de ce batteur. Le Canadien envoie méchamment tout au long de l’album, quel jeu de double bombe ! Par contre, il bazarde aussi une myriade de petits breaks subtils, précis, très fins, qui ajoutent beaucoup de nuances. Pour David Vincent, il s’essaie à un chant moins guttural, plus hargneux, avec quelques rares passages clairs en mode pagan, je serais tenté de dire qu’il "européanise" ses lignes vocales.

Approchant les 40 minutes, le skeud nous embarque dans un univers sombre et virulent. Très varié, de multiples climats sont développés grâce à différents tempos. Du premier morceau de l’album, "Something Wicked Marches In" et ses rafales de double bombe FearFactoriennes, au pachydermique et fataliste "Last Ones Alive Win Nothing", en passant par "Everlasting" et son enchaînement de structures étonnantes, Vltimas prouve qu’il maîtrise son délire de main de maitre. En fait, c’est simple, Les compositions de Blasphemer sont magnifiées par le drumming de Flo Mounier, puis sublimées par les vocals de David Vincent.

C’était risqué comme pari de voir ces trois larrons ensemble, personnellement, j’aurais été déçu si cette entreprise avait échoué, mais là, que dire, c’est un quasi sans-faute. Le seul petit bémol selon moi, c’est de ne pas avoir suffisamment développé le climat, car on pourrait reprocher à ce disque un certain côté stérile, dû au son très clinique de la prod', et au fait que "Something Wicked Marches In" est un skeud résolument basé sur le riffing. Cependant, Rune Eriken est un excellent compositeur, Flo Mounier un batteur aussi virtuose qu’intelligent, et David Vincent, un chanteur hors pair, donc forcément, ça matche !