Le groupe
Biographie :

Vorbid est un groupe de thrash progressif norvégien fondé en 2013. Il est constitué de Michael Eriksen Briggs (chant et guitare), Daniel Emanuelsen (guitare solo), Marcus Gullovsen (batterie) et Hans Jakob Bjørheim (basse). Après un premier EP de trente minutes sorti en 2016, Vorbid sort l'album "Mind" en Avril 2018 chez Indie Recordings. "A Swan By The Edge Of Mandala" sort en Octobre 2022.

Discographie :

2016 : "Vorbid" (EP)
2018 : "Mind"
2022 : "A Swan By The Edge Of Mandala"


Les chroniques


"A Swan By The Edge Of Mandala"
Note : 16/20

Quatre ans après leur premier album "Mind", les Norvégiens de Vorbid reviennent avec "A Swan By The Edge Of Mandala" et nous refont entendre ce mélange particulier de thrash technique et de metal progressif. Une fusion de deux scènes et de deux époques différentes car si son thrash renvoie aux années 80, début des années 90, les sonorités progressives se font plus modernes.

Quand on parle de thrash technique et progressif de nos jours on pense très vite à Vektor qui est devenu une référence en la matière, mais réduire la musique de Vorbid à ça serait une grossière erreur. "Ecotone" ouvre d'ailleurs l'album dans une veine très progressive qui évoque autant Opeth que Dream Theater avant de mixer ça à un chant thrash et à un feeling très thrash technique justement avec cette basse en avant et ces riffs plus agressifs et tranchants. On sent que le groupe aime proposer des morceaux à tiroirs et que les structures vont régulièrement bouger. La musique de Vorbid est exigeante et touffue mais présente suffisamment de mélodie pour présenter quelques points d'accroche en plus d'un certain sens du groove. Ce premier morceau dure déjà huit minutes et annonce de suite la couleur donc si vous ne connaissez pas Vorbid, ce sera un bon test, si ça passe vous pouvez écouter le reste sans soucis. Il permet aussi de remarquer que "A Swan By The Edge Of Mandala" bénéficie d'un très gros son, propre et parfaitement clair, qui permet de saisir la moindre note et vu la complexité de la bête ce n'est pas du luxe ! De l'acoustique aux légers relents flamenco se font entendre sur "Union" qui trouve déjà le moyen de changer d'ambiance avec ses rythmiques plus saccadées et du chant clair sur certains passages. En deux morceaux le groupe réussit à nous prendre par surprise, montre qu'il ne se pose aucune barrière et confirme que ce nouvel album a des choses à proposer. Le thrash et le metal progressif ne se passent pas bêtement la balle d'un passage à l'autre, bien au contraire, les deux scènes se mélangent totalement et harmonieusement et on sent que ces influences sont intégrées naturellement dans la composition dès le début.

D'ailleurs, c'est ce qui risque de surprendre ceux qui avaient apprécié "Mind" puisque sur ce premier album le thrash était bien plus présent et l'ensemble bien plus agressif et rapide. Sur ce nouvel album, c'est plutôt le progressif au sens large qui prédomine et Vorbid calme le jeu, ne rue plus autant dans les brancards et propose des ambiances plus profondes et une musique globalement plus complexe. C'est plutôt le thrash technique et raffiné d'un Coroner (la noirceur extrême en moins) que l'on pourrait entendre par ici, avec évidemment ce chant bien arraché qui renvoie automatiquement à cette scène lui aussi. D'ailleurs, "Ex Ante" débute lui aussi de manière totalement progressive et va dérouler plusieurs ambiances différentes pendant plus de dix minutes passant de passages pouvant rappeler Haken à d'autres sentant le Dream Theater, là encore le tout mélangé à la sauce Vorbid avec toujours le thrash voire même le heavy metal en fond même si ce morceau est plus mélodique et posé. Les soli de guitare sont réguliers et systématiquement mélodiques et inspirés, ce qui prouve une fois de plus que l'intention de Vorbid n'est pas d'en mettre plein la vue. Certes sa musique est technique et exigeante mais "A Swan By The Edge Of Mandala" laisse de la place à la mélodie et préfère créer des ambiances plutôt que de balancer des notes sans âme à la chaîne. Voilà le maître-mot tiens, la musique du groupe a une âme tout simplement. "By The Edge Of Mandala" fait lui aussi entendre une inspiration Opeth pour un morceau plus énergique avec quelques bonnes rafales de double grosse caisse qui font du bien. Quant à "Self" qui termine l'album avec ses onze minutes, il nous fait carrément entendre du saxo avant de balancer un solo aussi technique que mélodique pour un passage globalement groovy et mélodique.

Vorbid revient donc avec un album bien plus progressif que ses prédécesseurs, les sonorités thrash se font donc plus orientées vers la scène technique. "A Swan By The Edge Of Mandala" fait donc entendre un visage plus posé et plus mélodique pour une musique plus complexe et plus profonde. On perd en impact et en agressivité frontale mais on gagne en épaisseur et en ambiances, à vous de voir ce qui vous plaît le plus.


Murderworks
Décembre 2022




"Mind"
Note : 17/20

Alors que l'année 2019 débute, il est encore temps d'aller repêcher quelques albums passés parfois inaperçus en 2018. C'est le cas de l'album Mind des Norvégiens de Vorbid qui est pourtant tout à fait hors norme. En effet, celui-ci est constitué de cinq titres dont la durée varie entre cinq... et vingt-trois minutes ! Il paraît que ce groupe de thrash aurait des influences prog, il n'y a qu'à voir la durée des morceaux pour s'en rendre compte  !

C'est pourtant sur des sonorités thrash très classiques que s'ouvre l'album avec un "If There's Evil (There's People)" qui nous rentre directement dans le lard au rythme effréné des typiques "tapoutapouta..." assénés par le batteur Marcus Gullovsen. Le mixage qui se veut plutôt à l'ancienne rend hommage à chaque instrument sans le côté très lourd et compressé des productions modernes. On apprécie particulièrement le bon réglage de la basse qui permet au jeu mélodique de Jonas Tellefsen de bien ressortir dans les aigus sans empiéter sur les guitares. La première grosse surprise vient du chant atypique de Eriksen Briggs qui s’apparente à une succession de cris suraigus. C'est à croire que le chanteur concours avec son homologue de Vektor pour décrocher le prix du chant le plus insupportable de la scène thrash actuelle ! Heureusement, le talent musical de ces norvégiens compense largement les horribles hurlements du vocaliste. Celui-ci a d'ailleurs le bon sens de ne pas se montrer trop bavard en accordant une large place aux passages purement instrumentaux.

Une fois le choc de la voix passé, on constate que le premier morceau persiste dans un thrash metal toujours classique mais très accrocheur. Les riffs sont efficaces et le refrain en accords plaqués est très prenant avec son envolée de basse sur sa deuxième moitié. L'influence prog ne se fait sentir que sur la fin morceau ; là où on se serait attendu à revenir sur un couplet ou un refrain, le pont continue de se développer sur plusieurs minutes pour proposer une fin instrumentale parsemée de solos de guitare. Cette fin de morceau respecte l'étiquette thrash / prog du groupe mais on y perd un peu l'efficacité du début qui s'essouffle sur la longueur. Malgré un démarrage sur les chapeaux de roue avec une déferlante virtuose de notes, le deuxième morceau, "Zombie", peine à poser une dynamique qui puisse vraiment accrocher l'auditeur. Assez vite, on finit même par basculer sur un mid-tempo assez mou qui manque de saveur. Je trouve que le groupe a fait un choix risqué en plaçant un titre aussi faible en deuxième position sur l'album. Heureusement, les Norvégiens se rattrapent sur la suite avec un "Invention Intervention" qui nous propose sept minutes de thrash prog très bien construit et varié avec des passages très prenants. La cohérence de l'ensemble est assuré par un riff très efficace qui introduit puis conclut brillamment le morceau. Juste après ce troisième titre, on apprécie aussi le fougueux "To Mega Therion" pour son côté sauvage et dynamique qui fera le bonheur des amateurs de thrash bien énervé.

On arrive déjà au cinquième et dernier morceau de l'album avec le monstrueux "Mind" qui nous embarque pour plus de 23 minutes de musique ininterrompue. En proposant sans cesse différentes variations de tempo, de métrique et d'ambiance, ce titre colossal rassemble tous les points forts des monuments du prog pour nous livrer un chef d’œuvre thrashesque dans lequel le talent des quatres Norvégiens ne cesse de nous éblouir. Je pense, en premier lieu, au guitariste Daniel Emanuelsen qui ouvre magistralement ce morceau par un solo de plus de trois minutes. A la manière des plus grands guitar heros, il allie technicité, feeling, mélodie et même émotion pour nous faire décoller d'entrée de jeu aux septième ciel. Que ce soit dans les très beaux passages de guitare claire ou dans les accélérations vertigineuses, ce morceau ne cesse de nous surprendre et de nous faire frissonner. Il y a une telle mine d'inspiration derrière ces vingt-trois minutes de musique que le temps y défile à une vitesse surprenante. Si bien que, lorsque retentit la dernière note, on se sent presque frustré de ne pas en avoir eu davantage. Au final, le seul défaut de ce morceau (sans parler du chant), c'est qu'il a tendance à éclipser les quatre premiers titres en faisant de ce "Mind" un album très déséquilibré. Il aurait peut-être mieux valu le présenter comme une sorte de double EP avec les quatre premier morceaux d'un côté, et le dernier de l'autre.

Quoiqu'il en soit, "Mind" reste un album très intéressant dans lequel, malgré quelques faiblesses, Vorbid nous montre d'énormes qualités avec une multitude de bons riffs, des soli extraordinaires, et la faculté de proposer de longues compositions qui peuvent s'avérer extrêmement grisantes et inspirées. Pour sûr, cet album vaut le coup d'être écouté !


Zemurion
Janvier 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/vorbidband