Le groupe
Biographie :

Vreid est un groupe de black metal norvégien né en 2004 des cendres de Windir à l'initiative de Hváll (basse). Ce dernier ainsi que Steingrim (batterie) et Sture (chant) étaient d'anciens membres de Windir. Vreid sort son premier album, "Kraft", en Octobre 2004 chez Tabu Recordings, suivi de "Pitch Black Brigade" en Mars 2006, de "I Krieg" en Mai 2007 chez Indie Recordings, de "Milorg" en Janvier 2009, de "V" en Février 2011 avec l'incorporation de Strom (guitare), de "Welcome Farewell" en Février 2013, de "Sólverv" en Octobre 2015, de "Lifehunger" en Septembre 2018 chez Season Of Mist, et de "Wild North West" en Avril 2021.

Discographie :

2004 : "Kraft"
2006 : "Pitch Black Brigade"
2007 : "I Krieg"
2009 : "Milorg"
2011 : "V"
2013 : "Welcome Farewell"
2015 : "Sólverv"
2018 : "Lifehunger"
2021 : "Wild North West"


Les chroniques


"Wild North West"
Note : 13/20

Moins de trois ans après un "Lifehunger" qui les voyait en partie revenir à du black metal, les Norvégiens de Vreid sont de retour avec "Wild North West". Moi qui étais content d'entendre du black se mêler de nouveau à leur musique assez rock qui ne me touchait pas plus que ça, je ne peux m'empêcher à la vue de la pochette et du nom de craindre un retour au black'n'roll typique du groupe.

Le morceau éponyme se charge d'ouvrir l'album avec une ambiance de vieux film d'horreur plutôt sympa avant de virer effectivement bien black'n'roll. Bon, il faut avouer que ce premier morceau est plutôt sympa dans le genre, l'apport de ces claviers façon cinéma de quartier adjoint au feeling rock lui donne une ambiance et un groove assez efficace. Par contre, comme d'habitude chez Vreid ça s'étire trop et si ce morceau est plutôt sympa il n'avait pas besoin de durer plus de cinq minutes, trois auraient largement suffi. Faire du black'n'roll simple et efficace c'est bien, mais il faut justement garder l'impact à l'esprit et ne pas s'étaler plus que de raison. La plupart des morceaux de "Wild North West" ne descendent pas en dessous des cinq minutes justement et quand il y a aussi peu de riffs et qu'ils sont aussi basiques, on fait au plus court. Un petit élan black metal plus froid et plus mélodique apporte un peu de variété à la fin du morceau, ce qui prouve que quand Vreid le veut bien, il arrive à faire quelque chose de percutant. "Wolves At Sea" présente un visage un peu plus black metal plaisant et fait que l'on se demande pourquoi le groupe persiste dans ce black'n'roll basique, par plaisir probablement et tant mieux. Mais on ne peut s'empêcher de penser que le groupe brille bien plus dans le registre du black que dans celui du rock, sans compter qu'il compte un guitariste d'exception dans ses rangs qu'il sous-exploite totalement, à savoir Strom, qui peut lâcher des parties lumineuses quand on le laisse s'exprimer. C'est quand même dommage d'avoir quelqu'un comme ça dans le groupe et de ne pas en profiter pour mettre son jeu à profit, il y a pourtant fort à parier que ça donnerait non seulement une patte particulière à Vreid en plus d'ajouter de la vie.

"The Morning Red", quant à lui, montre un côté plus sombre, plus inquiétant et assez rampant plutôt sympa aussi mais qui là encore s'étire trop en atteignant quasiment les six minutes. Finalement, l'album est une sorte d'hybride entre la facette black'n'roll et celle plus marquée par le black mélodique, donc on passe de certains passages inspirés et efficaces à d'autres un peu trop basiques ou pas franchement inspirés. C'est d'autant plus dommage que "Lifehunger" laissait entrevoir une amélioration en termes d'inspiration, au-delà des questions de préférences et de goûts on sentait que Vreid avait un peu plus de patate. Là, on retombe d'un cran ou deux et le groupe repart dans des morceaux répétitifs, basiques et trop longs. C'est loin d'être mauvais mais vu le nombre d'albums qui sortent de nos jours, si un groupe veut se démarquer il faut plus que ça. "Wild North West" est un album sympa dans le fond mais vite oublié, aucun passage ne marque vraiment l'esprit et la longueur des morceaux amoindrit un impact qui n'était déjà pas franchement impressionnant. Pourtant, à quelques moments, on peut percevoir une petite étincelle, comme sur ce solo très heavy metal dans l'esprit au milieu de "Shadows Of Aurora". Un morceau qui balance d'ailleurs quelques cavalcades bien sympa et qui ramène un peu de vie dans un album assez plat. La production assez molle n'aide pas non plus à redonner de l'énergie, notamment cette batterie en mousse qui n'a aucun impact pendant les blasts. "Dazed And Reduced" voit le groupe se pencher sur un morceau là encore très heavy metal voire hard rock dans l'esprit, avec du chant clair en sus. Une petite expérimentation sympa même si le chant clair n'est pas à tomber par terre, au moins le groupe tente de nouvelles choses et varie un peu les plaisirs.

Un nouvel album mitigé qui voit Vreid retomber dans certains de ses travers, notamment des morceaux trop longs qui perdent en impact. "Lifehunger" montrait une amélioration mais la fièvre retombe avec "Wild North West" qui laisse toutefois entendre quelques légères expérimentations intéressantes, comme les sonorités electro de "Into The Mountains". On va donc lui accorder le bénéfice du doute et attendre d'entendre ce qu'il nous propose par la suite, avec un peu de chance Vreid est en train de défricher de nouveaux terrains et va nous surprendre dans un futur proche.


Murderworks
Juin 2021




"Lifehunger"
Note : 15/20

Je l'avais dit pour la chronique de "Welcome Farewell", le black'n'roll c'est pas ce qui m'excite le plus donc j'avoue que quand j'ai vu ce nouveau Vreid arriver, je n'ai pas franchement sauté au plafond. Et pourtant, ce "Lifehunger" m'a réservé une bonne surprise puisqu'il voit le groupe revenir partiellement à ses premières amours, à savoir un black metal mélodique à l'ancienne.

La pochette m'avait mis la puce à l'oreille mais je me suis dit que les artworks peuvent souvent être trompeurs, mais à l'écoute c'est bien un virage plus black qui est confirmé. "Flowers And Blood" nous accueille en guise d'intro de moins de deux minutes et annonce la couleur avec ses arpèges mélodiques et froids, cette fois on a rendez-vous sur la banquise ! "One Hundred Years" balance des riffs en trémolos typique du black metal à la norvégienne avec un rogue en renfort pour appuyer l'ambiance froide et épique à grands coups de nappes et une petite dose de riff typé rock histoire de ne pas totalement renier les albums précédents. Cependant, le black metal mélodique reprend bien vite ses droits et si le groupe ne revient pas non plus à l'époque Windir, il nous fait un bon retour en arrière sur ce nouvel album. Ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre tant leur black'n'roll ne m'a jamais vraiment convaincu comme je le précisais plus haut. Le groove a toujours sa place sur "Lifehunger", d'ailleurs le morceau-titre en fait usage mais les racines black délaissées depuis longtemps remontent un peu à la surface. Les riffs dissonants, ces guitares tranchantes, ces mélodies froides et épiques et ces quelques blasts font remonter des sonorités que l'on prend plaisir à réentendre et redonnent en même temps un peu de couleur à la musique de Vreid qui avait, selon moi, tendance à s'enliser dans un black'n'roll assez fade.

Quelques bizarreries traînent ici et là, notamment "Hello Darkness" avec son complètement décalé en mode mi plaintif mi bourré et ses arpèges dissonants, une façon de coller au thème annoncé par le titre du morceau (la folie tout ça...). J'ai vu certaines personnes parler de chef d'œuvre à propos de "Lifehunger", je n'irais pas jusque là mais c'est clairement plus inspiré que les précédents albums. Je sais bien que les goûts et les couleurs ne se discutent pas mais quand même, cela fait plaisir d'entendre une amélioration et un regain d'inspiration mais je ne le rangerais quand même pas dans la catégorie des albums qui vont marquer leur époque. Cependant, on a quelques friandises très croustillantes à se mettre sous la dent, notamment "Sokrates Must Die" avec son black bien nerveux, teigneux et assez raw qui ravira les tympans des puristes et qui remet un peu de patate en fin d'album après quelques morceaux plus posés ou groovy. Le contraste est d'autant plus saisissant que l'album se termine sur un instrumental très mélodique de six minutes, le calme après la tempête pour le coup. Un album relativement court d'ailleurs, même pas tout à fait quarante minutes, un format idéal pour garder l'impact surtout avec un style aussi direct que celui de Vreid.

Un nouvel album plus inspiré, plus black metal que les précédents mais qui ne renie pas non plus totalement son passé black'n'roll. "Lifehunger" remet cependant au goût du jour les racines black de ses membres et propose un metal plus froid que pourraient apprécier ceux qui avaient été rebutés par le côté rock'n'roll.


Murderworks
Janvier 2019




"Sólverv"
Note : 17/20

Vreid, c’est un groupe qu’on ne présente plus. Et c’est un groupe qui, à mon sens, a fait preuve d’une rare qualité au fil des années proposant des albums construits et intensément satisfaisants. Et je ne tiens même pas à parler de leurs performances live qui sont un bonheur à chaque fois. Oui, vous l’aurez compris, je suis profondément attachée à Vreid. C’est un groupe que j’admire énormément. Mais plus on aime quelque chose, plus importante peut être la chute. Bien sûr, je ne leur souhaite pas, mais en tant que pessimiste finie, je ne peux jamais m’empêcher d’avoir des doutes. Et sans plus attendre, nous allons décortiquer ce nouvel album ensemble.

En ouvrant l’album avec "Haust", Vreid m’a rapidement rappelé à leur bon souvenir. Ce type de morceau, c’est précisément pourquoi j’apprécie autant le groupe. Moi j’y retrouve l’âme de Sogndal, ce coin de la Norvège, d’où le groupe est originaire. Et c’est cela qui va ressortir tout le long de l’album : l’âme. Vreid a la passion de ce qu’ils font, et cela se ressent dans chaque note. Et en ces temps troublés où les albums affluent sans arrêt, c’est agréable de ressentir de telles choses de la part d’un groupe qui a quand même un bagage conséquent derrière lui. Et il y a cette espèce de moment de flottement au milieu du morceau qui est tout bonnement extraordinaire. Une introduction des plus réussies. Nous attaquons ensuite "Sólverv", titre éponyme, qui confirme cette impression. Et qui montre une nouvelle fois le talent de Vreid. Mention spéciale aux vocaux de Sture qui sont simplement géniaux.

Le titre suivant est "Geitskadl" qui est le titre des variations. Il commence à 100 à l’heure avec un petit côté thrash pour en arriver à un rythme plus martial en fin de morceau. J’y ai entendu un petit côté black and roll vers le milieu du titre également. Et le final est également remarquable, et qui inspire une véritable sensation de calme et de volupté. Cette expression est foutrement clichée, mais elle fonctionne parfaitement en ce moment précis. "Ætti Sitt Fjedl" est probablement mon titre préféré de l’album. Il est tout simplement différent, et cela se ressent dès les premières notes. J’ai presque envie de vous dire de l’expérimenter par vous-mêmes, mais pour moi ce morceau c’est quasiment du génie. Je suis donc largement enthousiaste pour le titre suivant, "Når Byane Brenn". L’introduction semble vouloir instaurer un climat menaçant. En même temps, vu le titre, perso je vois une troupe d’envahisseurs s’approcher d’un petit village du Sogn og Fjordane avec des torches et foutre le feu à des maisons. Et cette impression de danger est très bien exprimée. Ce titre ne s’avère pas être aussi efficace que le précédent, mais il reste d’une grande qualité. Et ces riffs à la fois lents et pesants sont absolument géniaux, je ne le dirais jamais assez.

Avec "Storm Frå Vest", on a l’exemple typique d’un morceau qui va "straight to the point". Pas de fioritures inutiles, juste de l’efficacité à l’état brut. C’est sans doute le morceau qui a évoqué chez moi la réaction la moins émotionnelle, mais je n’ai sûrement pas envie de cracher dessus pour autant. Et nous arrivons en fin d’album avec "Fridom Med Daudens Klang" qui démarre avec des sons de cloche, et ce qui ressemble à une alerte anti-bombardement aérien. Vous savez ce genre de choses qui indique qu’il faut courir dans le bunker le plus proche avant d’exploser parce que vous recevez un obus sur votre tête. Il s’agit du morceau le plus long de l’album, et celui qui a un thème très facilement identifiable : une ville en guerre en proie aux bombardements. Et pendant plus de neuf minutes, Vreid exécute avec brio une symphonie de désespoir, de mélancolie et de rage. C’est vraiment du grand art, car il faut savoir tenir l’auditeur attentif pendant une aussi longue période.

Vreid n’a pas démérité. J’étais inquiète, et me voilà rassurée, ce groupe a encore énormément à donner. Je suis tellement enthousiasmée par cet album que je suppose qu’il fera partie de ceux qui tourneront le plus chez moi pendant les prochaines semaines. Encore une fois, le groupe norvégien de Sogndal nous prouve qu’il ne faut pas les oublier, et qu’ils restent des maîtres en leur domaine. Et je ne serais pas celle qui viendra contredire cette affirmation. Mais j’ai tout de même l’impression que cet album repose en grande partie sur l’affect, et qu’il est tout à fait possible de ne pas être réceptif du tout aux propositions de Vreid. Cela dépendra bien évidemment des sensibilités personnelles de chacun. Mais pour moi, il y a des perles dans cet album et il serait fâcheux de les négliger.


Velgbortlivet
Décembre 2015




"Welcome Farewell"
Note : 13/20

Bon, on ne va pas refaire l'historique des origines de Vreid en long, en large et en travers parce que je crois que tout le monde connaît à force. Le groupe en est tout de même à son sixième album, mais comme il me semble que c'est la première chronique du groupe ici même je vais simplement rappeler que tous les membres du groupe viennent de Windir. Vreid n'a pas vraiment continué dans la même lignée que son prédécesseur et s'est vite engouffré dans une sorte de black 'n' roll, style qu'il continue à égrener sur ce "Welcome Farewell".

Bon, le black 'n' roll je trouve ça sympa mais ce n'est pas vraiment mon style de prédilection, disons que ça a du mal à me passionner sur la durée. On va sûrement me dire que je suis passéiste, mais là où Vreid arrive le plus à me convaincre c'est sur un morceau comme "Way Of The Serpent" qui arrive à réinsuffler un léger un souffle épique typiquement black metal à son black 'n' roll. Et c'est surtout que la musique de Vreid est régulièrement gratifiée des leads de Strom, qui est arrivé dans le groupe pour le précédent album mais qui n'avait pas vraiment eu le temps de participer. Si on enlève ses interventions toujours mélodiques et accrocheuses, on se retrouve avec un album certes sympathique mais pas renversant. En gros, ses interventions font très heavy metal, et c'est sûrement ça qui m'accroche l'oreille.

Pour ce qui est du heavy metal, on en retrouve d'ailleurs de grosses louches dans le morceau "The Reap", même si globalement Vreid tape dans les vieux pots régulièrement. Que ce soit le rock, le heavy ou les riffs rappelant les groupes de black norvégiens du début des années 90 il n'y a pas grand chose de récent là-dedans. Ce qui n'est pas un mal, loin de là même, c'est juste que c'est plus inspiré à certains moments qu'à d'autres. Résultat ça donne un album en dents de scie qui peut très bien vous balancer d'excellents leads sur un riff bien headbangant comme il faut, et vous refroidir avec le morceau suivant bien plus fade. Je me répète un peu mais c'est bien Strom qui illumine cet album de son talent, sans lui et sans les mélodies qu'il apporte ce "Welcome Farewell" ne m'aurait quasiment jamais accroché !

Alors certes, l'album est pas mal mais finalement quand je l'écoute j'en arrive à n'attendre que ces soli ou ces passages mélodiques en faisant quasiment abstraction du reste, ce qui est quand même dommage ! A la limite ça doit sûrement beaucoup mieux passer en live, la musique du groupe doit y perdre le côté un peu policé qu'elle a sur album. Bon après, comme je le disais, le black n' roll c'est déjà pas ce qui m'éclate le plus à la base. Il faut vraiment que le groupe propose quelque chose de plus pour réellement m'accrocher, et chez Vreid ce sont tous ces passages mélodiques qui sont systématiquement excellents. Finalement, ça rajoute une âme à la musique de Vreid qui en manque un peu sur ce nouvel album, et si le groupe mettait l'accent sur les ambiances et la mélodie ça m'accrocherait plus mais ça ferait hurler les fans de longue date qui diraient que ce n'est plus Vreid et qu'on se rapprocherait de cette façon bien plus de Windir justement.

Bref, un album sympa mais pas spécialement marquant, je ne vais pas dire que je me suis fait chier en l'écoutant ce serait faux. Mais je ne suis pas certain d'y revenir régulièrement, on a de bonnes mélodies, quelques riffs sympa mais d'un autre côté c'est presque en roue libre et ça ne rend pas ce "Welcome Farewell" bien passionnant. Pas mauvais mais je doute qu'il tienne la route sur le long terme.


Murderworks
Avril 2013


Conclusion
Le site officiel : www.vreid.no