"Kin"
Note : 16/20
Whitechapel diversifie son deathcore. Créé en 2006 aux Etats-Unis, le groupe mené par
Phil Bozeman (chant), Ben Savage (guitare), Alex Wade (guitare), Gabe Crisp (basse) et
Zach Householder (guitare) nous dévoile "Kin", son huitième album, après avoir titularisé
Alex Rüdinger (Conquering Dystopia, ex-The Faceless…), qui jouait déjà en live avec
eux depuis deux ans.
Avec son introduction épique et mélodieuse, "I Will Find You" ne nous prépare absolument
pas au déferlement de violence qui va suivre. Le titre reste fidèle aux éléments bruts et
agressifs, mais la dissonance aérienne pioche également dans d’autres univers, laissant
même une place au chant clair, puis l’écrasante "Lost Boy" renoue avec cette brutalité qui a
fait la réputation du groupe. Un groove sec et des harmoniques déchirantes se joignent au
mélange, qui ralentira à nouveau en dévoilant du chant clair, alors que ce sont les
hurlements qui peuplent "A Bloodsoaked Symphony". Dissonance et rage brute alimentent la
noirceur du morceau, puis le break vient nous briser la nuque avant la mélancolie d’"Anticure".
L’introduction entêtante prépare habilement le terrain pour le chant clair, qui dominera le
titre, bien que quelques cris se fraient tout de même un chemin dans ces riffs légers, puis ils
reprennent le dessus dans la menaçante "The Ones That Made Us". Si le morceau conserve
quelques tonalités old school, il pioche également dans les influences plus récentes du
groupe, tout comme "History Is Silent" qui emprunte énormément au metalcore et au
post-metal.
Cette alternance entre extrême douceur et puissance épique donne un résultat
inattendu mais qui n’est pas désagréable, puis "To the Wolves" renoue avec cette fureur
brute. Le titre nous matraque avec attention avant un break majestueux et aérien renforcé
par des hurlements, et c’est après un dernier coup de rythmique que débute "Orphan", une
composition emplie de tristesse. A nouveau, le son est imposant pour servir de base à ce
chant clair qui se pare parfois d’une intensité sincère, puis le groupe nous propose une
courte pause avec "Without You", un titre mélancolique qui nous lâche soudainement sur
"Without Us" et ses riffs écrasants. Le contraste entre ce chant très doux, presque effacé, et
les parties massives est impressionnant, puis l’album prend fin avec "Kin", une dernière dose
de douceur assez progressive qui nous mène à un final assez entêtant, comme un dernier
témoin de leur changement.
Alors que l’album précédent l’avait déjà quelque peu annoncé, le changement de
Whitechapel continue. Avec "Kin", la base de deathcore brut que l’on connaît se retrouve
mêlée avec des influences beaucoup plus douces, plus entêtantes et plus aériennes.
"The Valley"
Note : 15/20
Whitechapel est, pour moi, une énigme que je peine à m’expliquer réellement. "The Somatic Defilement" et "This Is Exile" m’avaient filé une trique monstrueuse à leur sortie. L’éponyme "Whitechapel" m’avait profondément refroidi. "Our Endless War" et "Mark Of The Blade" m’avaient, quant à eux, totalement laissés de marbre (hormis certains titres dont "Elitist One" ou "The Saw Is The Law"). 2019, près de douze ans après cette première gifle qu’avait inculqué "The Somatic Defilement", la vue de son artwork puis l’écoute de ses décibels, voici que vient donc le septième album de Whitechapel : "The Valley".
Deathcore, pas tellement. Death metal, hum, non plus. Alors ? Ben Whitechapel fait du Whitechapel. De ce même Whitechapel qu’il exerce depuis "Whitechapel". Des riffs gras, de la post-production, beaucoup, et une voix boostée en studio. Pour commencer par le commencement : "When A Demon Defiles A Witch". Titre qui, en plus de servir de piste d’ouverture, a également été brandi comme single vidéo-clipé ! Le titre n’est foncièrement pas mauvais et marque bien la tournure que prendra la suite des choses. D’emblée, "The Valley" nous jette déjà à la gueule ce qui divisera fortement à propos de cet opus : le retour du chant clair ! Notamment lorsque certains titres sont presque intégralement en clean, à l’instar d’un "Bring Me Home" sur "Mark Of The Blade" ("Hickory Creek"). Détail posé juste ici, "The Valley" contient des titres puissants évoluant autour de cette thématique commune des tueurs en série une nouvelle fois abordée. Toutefois, "The Valley" se veut bien plus conceptuel que ses prédécesseurs. Ce qui peut-être perçu comme relativement ironique lorsque les lyrics sont bien moins violentes, précises et crues que les prédécesseurs de "The Valley" ("Third Depth", "Lovelace", "We Are One"). Quoi qu’il en soit, malgré quelques imperfections, "The Valley" est un bon album. Il s’excite relativement loin du Whitechapel "old school" mais fracasse des nuques de façon bien plus authentique que certains passages du Whitechapel "2.0" et de ses amplis bien trop fournis en ordinateurs ("Brimstone", "Forgiveness Is Weakness", "Black Bear").
La vallée de Whitechapel est donc loin d’être plate. Inégale certes mais pas inintéressante. Et pour le spoiler : oui, grâce à Russel Edwards (et sa fortune), on sait que Jack l’Eventreur s’appelait Aaron. Aaron Kosminski. Si en d’autres époques, j’aurais certainement affirmé que cet album était à éviscérer des péripatéticiennes par sa violence, je dirais ici simplement que certains titres de "The Valley" sont à défigurer des prostituées. Ce qui, en soi, est déjà relativement illégal...
"Mark Of The Blade"
Note moyenne : 12/20
C’est devenu une habitude, tous les deux ans, Whitechapel offre à sa horde de fans un nouvel album tout frais pour leurs oreilles, après un "Our Endless War" assez mitigé car très plat et moins brut et incisif que les précédents albums, ce "Mark Of The Blade" arrivera-t-il à sauver les meubles ou au contraire à refaire chuter le groupe ?
On va rentrer dans le vif du sujet, Whitechapel confirme un certain penchant artistique assez djent / groovy que "Our Endless War" transmettait déjà, alors si vous pensiez retrouver le son du Whitechapel ultra brut, direct et agressif des débuts, c’est bel et bien fini car ce "Mark Of The Blade" confirme la tendance dans la nouvelle direction artistique du groupe : moins de parties de blast beat et de breakdowns violents, place à des parties mid-tempo plus mélodieuses, des partie en chant clair et des breaks plutôt mollassons.
Les morceaux les plus représentatifs sont sans aucun doute "Bring Me Home" qui débute avec du chant clair et qui est le morceau le plus abordable, très Stone Sour dans l’esprit et dans l’ambiance dégagée, "A Killing Industry" qui fait très Slipknot mais tout gardant la signature Whitechapel d’"Our Endless War", et enfin le dernier titre de l’album, "Decennium", le plus long et qui comporte du chant clair accompagné d'une guitare acoustique qui fait très metal alternatif, le tout avec des breaks lents et distordus.
Concernant les autres titres de l’album, certains ne sont pas mauvais et même très catchy ("Mark Of The Blade", "Elitist Ones") et quelques autres sont un peu plus agressifs que la moyenne ("Dwell In The Shadows", "Venomous").
Avec du recul, on se rend compte que ça fait déjà dix ans que les Américains foulent les planches de la scène metal moderne et ces deux albums que sont "Our Endless War" et "Mark Of The Blade" montrent leur envie d'évoluer, de façon plus groovy et néo metal malheureusement, en sacrifiant leur côté dévastateur et violent, ce qui rend ainsi l’écoute molle et trop peu entraînante. Si le fan de la première heure risque d'être déçu par cet album car trop fade (ce qui est mon cas), celui qui écoute pour la première fois le groupe avec cet album trouvera là un bon moyen pour découvrir l'univers de Whitechapel mais ça n'ira sûrement pas plus loin.
| |
Herizo
Novembre 2016
Note : 11/20 |
L’album commence sur les chapeaux de roues avec "The Void", très pêchu, servi par de bonnes parties de batterie et guitare, le chant alterne entre le guttural et le brutal. Le deuxième morceau est très basique, autant les riffs de gratte que les lignes de chant, seule la basse se démarque. La ballade de cet opus, nommée "Bring Me Home", apparaît rapidement (dès la quatrième piste) dans la tracklist, le chanteur y pose du chant clair, le tout avec de jolis solos de guitare. L’album défile sans grandes surprises, les morceaux se ressemblant fortement, "A Killing Industry" et "Brotherhood" se démarquent quelque peu ; le premier car il se rapproche de ce faisait le groupe auparavant et le deuxième car il est uniquement instrumental. L’album se termine avec un "Decennium" dans la même veine que les autres morceaux mais avec un solo de guitare tout doux.
Whitechapel se calme d’album en album, on est très loin des premiers albums, ça se veut ouvert à un plus large public. Ce "Mark Of The Blade" n’est que très peu varié, seul deux morceaux se démarquent, ce qui est léger sur onze titres. Cela dit, ça se laisse très bien écouter, et ce n’est pas mauvais, loin de là. Mes coups de cœur sont "Elitist Ones" et "Tremors".
| |
Meggie
Novembre 2016
Note : 13/20 |
"Our Endless War"
Note : 13/20
Vous avez voulu du gras, vous aurez du gras. En même temps, c'était prévisible avec Whitechapel. Les grands pontes du deathcore ont, depuis 2010 et un album référence, dévié lentement mais sûrement vers un style plus death metal, délaissant volontairement les mélodies pour se concentrer uniquement sur de la brutalité de base. "Our Endless War", n'en déplaise aux fans de la première heure, marquera encore une fois une lente avancée dans ce sens. Ne cherchez pas trop de mélodies, c'est simple, il n'y en a quasiment pas.
Après une introduction assez anecdotique, le groupe fait ce pourquoi il est venu : du gras, du gras, du gras, et du gras. Pour les adeptes de la grosse corde, c'est sûr que cet album ne sera que bonheur, pour les autres, ce ne sera peut-être pas la panacée. Concernant l'ensemble, la production est surpuissante, mettant bien en valeur les instruments et un chant ultra gras. Musicalement, on se trouve sur des morceaux "signés" où l'on reconnaît bien la touche Whitechapel, avec la puissance et la violence cactéristiques du groupe.
Doucement, le groupe fait ce qu'il sait faire : de la brutalité, mais l'on reste tout de même quelque peu sur notre faim, avec le sentiment d'être à la fois enjoués de pouvoir découvrir un nouvel album de Whitechapel et en même temps déçus que le groupe se dirige par moments sur quelque chose d'aussi redondant et proche même quelquefois d'un Emmure du départ (c'est pour vous dire la tournure...). Les morceaux comme "Blacked Out" ou encore "Diggs Road" contiennent cependant quelques passages intéressants. "Mono" nous renvoie un peu en arrière, avec une bonne dose de nostalgie. Intéressant dans sa globalité, cet album ne nous comble cependant pas totalement. Ce bloc est parfois un peu poussif, l'ambiance malsaine propre au groupe ne cache pas l'ensemble, c'est sombre, noir mais ça tourne en rond. Malgré quelques petits trésors, Whitechapel ne nous apporte pas grand-chose d'autre.
Ah, c'est sûr que l'album éponyme était quand même bien bonnard. Sans dire que ce "Our Endless War" soit mauvais, on en prend plein la tronche et puis finalement on se dit "Oui mais...", il manque quelque chose, ou alors on en attend quelque chose de plus deathcore et de moins death metal couillu, même si le couillu n'est pas pour déplaire... Je collerai donc un 13/20. Pourquoi ? Parce que je suis partagé entre la production superbe, les passages ultra intéressants, et le petit quelque chose qui déçoit... L'excès de facilité ?
Un album tout de même à écouter si vous aimez le gras et les ambiances malsaines, et puis si vous aimez les chapelles blanches tout simplement. Whitechapel reste en tout cas un groupe référence, et malgré ces quelques écarts, il y a toujours cette patte derrière.
"Whitechapel"
Note : 19/20
Comme toujours lorsque du gras arrive, j’ai une pointe d’excitation non négligeable qui se pointe chez moi, Whitechapel fait partie de ces groupes cultes que le monde du death chérit et vénère.
Doucement lancé par une intro douceureuse, on comprend vite qu’on a affaire à un poids lourd pour cet album simplement intitulé "Whitechapel".
Probablement un des albums de l’année si vous voulez bien mon avis. Plus violent et gras qu’à l’accoutumée, le groupe a changé de batteur depuis le dernier album, mais pas de détermination. Cette batterie est tout simplement monstrueuse (enfin le reste des musiciens également il faut dire).
Pour en revenir à la galette en elle-même, c’est un concentré de pure violence, d’accordage très bas et de technique monstrueuse. Non content de se contenter de cette image de référence ou encore de chef de fil d’un genre, Whitechapel place chaque fois la barre plus haut, plus loin. Les 10 titres s’avalent d’une traite, sans voir le temps passer ni même sentir une pointe de lassitude. Les morceaux s’enchaînent tous plus monstrueux les uns que les autres, qu’il en est impossible d'émettre une préférence car à chaque nouveau morceau il y a des risques de changer de préférence. Le groupe a bien construit son style, violent, puissant mais toujours très écoutable. Se basant sur la technique de ses musiciens et sur un chant guttural hors du commun qui en fait sa marque de fabrique, Whitechapel nous plonge dans les méandres de ses compositions.
Cet album balance 10 morceaux d’une rare intensité, d’une rare puissance, réhaussant le niveau de ce qui peut se créer, de qui peut se composer dans le domaine, de deux crans. Au-delà des parties thrash pures, les solos et parties mélodiques du groupe ont énormément progressé, avec de véritables pièces d’orfèvre. Alors que faire pour les suiveurs ? Tenter de se raccrocher de Whitechapel ou acheter des mouchoirs pour pleurer tellement le niveau est stratosphérique ? Entre un chant guttural que peu pourront égaler, des parties guitares titanesques et un ensemble batterie-basse à la limite du plaçage en orbite (les variations de rythmes entre blasts et parties syncopées renforcées par des parties musicales des guitares vont vous scotcher le cerveau…).
Alors que faire... on se le demande ? Emmure avait bien tenté de faire de la grosse prod' avec une dose de violence, ceci n’avait duré qu’un temps, les effets de production masquant la pauvreté technique du groupe, là, c’est complétement hors du cercle du banal et du normal. Les mecs, rangez vos guitares, Whitechapel est là…. A CD exceptionnel, production titanesque. Les 10 titres sont superbes, autant dans la composition que dans la production, alors qu’on ait des cheveux ou non, qu’on ait des cervicales de dingue ou pas, on prend cher, très cher même. Bon, j’arrête la, je vais remanger un coup, et perdre ce qui me reste de dents. LA baffe de l’année 2012 probablement. Démentiel.
|