Le groupe
Biographie :

W.I.L.D (ex-Wild Karnivor) est un groupe de thrash-death du Nord de la France dont les origines remontent en 2000. Après plusieurs changements de line-up et de noms le groupe trouve ses marques en 2004 et enregistre un premier album en 2006 "Embryon". Leur thrash death mêlé à des parties acoustiques dans lequel le côté "rock'n'roll" est très présent intrigue. L'album est plutôt bien accueilli par la critique mais le groupe doit encore digérer ses influences. Après avoir écumé les bars de la région et fait les premières parties de groupes comme No Return, Yyrkoon, Textures, Dagoba, Black Bomb Ä, le groupe prend la route et s'en va distiller sa musique dans d'autres contrées. A son retour le groupe continue les concerts et participe au Chaulnes Metal Fest en compagnie de Benighted, Kronos Immolation etc..., ouvre également pour Born From Pain, Psykup, The Ocean. Fort de toutes ces dates, le groupe rentre en studio en 2008 pour donner naissance à leur deuxième album "Aeternum Vale". Influences digérées, musique plus incisive, le groupe a trouvé son identité propre et ce deuxième album ne laisse pas indifférent. Le groupe ne tarde pas à reprendre les concerts et ouvre pour Hate, Kronos, Loudblast, participe au Raismes Fest (avec Epica, Pain, Ultra Vomit…) et reprend les routes de France. Après avoir pris le temps de faire vivre cet album lors des concerts, W.I.L.D retourne en studio en 2011 et termine l'enregistrement de son troisième album "Agony Of indecision" qui s'annonce plus travaillé et plus percutant que jamais. Le groupe signe avec Klonosphere (Klone, Trepalium) et Season Of Mist pour cet opus qui sort le 2 Mars 2012 dans tout l’hexagone. W.I.L.D fête en 2015 ses 10 ans d’existence avec un nouvel EP de 6 titres inédits : "Happiness Is Not Allowed". 2016 est marquée par l’arrivée de Mat Chiarello en tant que deuxième guitariste, et de Thom Patalas à la batterie. Le groupe entame alors la composition du quatrième album. Lors d’un concert donné sur Lille pour présenter quelques titres du nouvel album, W.I.L.D est repéré par le label Overpowered Records, et ils signent ensemble pour ce nouvel opus intitulé "Purgatorius", qui sortira le 26 Mai 2017. Deux ans plus tard, "The Domination Chronicles" sort en Mars 2019.

Discographie :

2012 : "Agony Of Indecision"
2015 : "Happiness Is Not Allowed" (EP)
2017 : "Purgatorius"
2019 : "The Domination Chronicles"


Les chroniques


"The Domination Chronicles"
Note : 18/20

Cela fait maintenant plusieurs semaines, plusieurs mois même, que nous sommes en 2019, cette “nouvelle” année qu'on attendait tous avec tant d'impatience après un 2018 bien pourri pour la plupart d'entre nous, et qu'on avait tous hâte de laisser bien loin derrière nous. Elle a fini par arriver, cette année 2019, et ses promesses de renouveau, de changements, de sourires, d'union des peuples, de fin de la guerre et de la famine dans le monde, de Bisounours, de licornes galopant sur des arcs-en-ciel, de.. Mais, force est de constater qu'il en fut rien. Bah oui, il en faut plus qu'un simple changement de chiffre ou d'année pour que les choses changent. Mais parfois, ça a du bon la constance.. Regardez, par exemple, avant 2019, W.I.L.D faisait de l'excellente musique. Eh bien, en 2019, ils continuent à en faire ! Et ça, on ne va quand même pas s'en plaindre !

Moi en tout cas, c'est sûr que non ! Parce que je l'attendais vraiment cette suite au très bon "Purgatorius", sorti il y a déjà presque deux ans ! Alors ça peut paraître court, dans l'absolu, deux ans entre deux albums (vous avez déjà entendu parler de Necrophagist ?), mais quand la musique est aussi bonne, on en veut toujours plus. Et c'est désormais chose faite, avec "The Domination Chronicles", sorti en ce début d'année chez OverPowered Records. Et le moins qu'on puisse dire, dès la première écoute, c'est que si nos chers W.I.L.D ne sont plus Karnivor (rapport au nom complet du groupe avant le changement lors de la sortie de "The Agony Of Indecision"), ils ont quand même dû bouffer de sacrés trucs pendant l'enregistrement de l'album pour accoucher d'un résultat aussi violent ! Violent, brutal, enragé, voici quelques qualificatifs que vous risquez de voir revenir régulièrement au sujet de "The Domination Chronicles", tant le groupe nous propose ici sans le moindre doute son album le plus énervé, le plus bourrin. C'est simple, je crois qu'à part les deux pistes instrumentales "The Fifth Key" et "A Matter Of Perspective", aucun autre titre n'est calme. On peut d'ailleurs citer les parfaits exemples que sont "This Is Now" ou "Dignity Lost" en la matière, véritables démonstrations de puissance où les riffs survoltés côtoient une batterie qui blaste sans relâche et un chant énervé. On adore !

Mais ce serait réducteur, et surtout ce serait totalement méconnaître W.I.L.D, de croire que leur musique pourrait se résumer à cela, car le groupe est capable de bien d'autres choses, et ce depuis leurs débuts. Car si W.I.L.D maîtrise la vitesse et la puissance à la perfection, il en va de même pour ce qui est d'apporter un certain groove à leur musique, et si cette caractéristique est moins présente aujourd'hui que sur "Embryon" ou "Aeternum Vale", elle a tout de même le mérite de venir pimenter efficacement leurs compositions plus récentes. Cela se retrouve dans certains rythmes en particulier, comme les couplets du très bon "I'm Destroyer", ou sur certains riffs lourds, notamment en clôture de morceaux, tels que "Inmate" ou "This Is Now" (toujours lui), à la manière de Machine Head sur "Davidian". Autre point important maîtrisé par W.I.L.D : les ambiances. Le groupe ne se contente pas de pondre des pistes et de les poser comme ça, bêtement enchaînées. Non ! "The Fifth Key", déjà évoqué plus haut, est un titre court, purement instrumental, très inquiétant, par exemple. "Until I Bleed" est aussi à signaler, par ses passages de guitare acoustique aux mélodies ravissantes, ou encore les effets présents dans l'intro de "Knock Him Down" qui rappelleront aux plus darons d'entre nous les meilleures heures des vinyls possédés de messages sataniques lorsqu'on les diffusait à l'envers. Et surtout, que dire du majestueux, et pourtant si simple "A Matter Of Perspective", dont les quelques notes concluent de la plus sublime des manières un album génial, bouclant la boucle en écho à "Wrong Time Wrong Place" ?

Bref, vous l'aurez compris, W.I.L.D maîtrise parfaitement son sujet de bout en bout, sur tous les plans. Comment expliquer cela ? Si ça ne paraissait pas encore assez évident, donnons la réponse aux moins attentifs : grâce au talent de ses musiciens, évidemment ! Le groupe a connu quelques petits changements de line-up au fil des années (ajout d'un second guitariste, changement de batteur..), mais la qualité du jeu a toujours été une constante pour chacun des membres. Et c'est toujours le cas aujourd'hui. Aux guitares, Fred et Mat envoient toujours autant du lourd, que ce soit sur les riffs principaux ou sur les solos, retrouvés sur quelques pistes, sur "Inmate" par exemple, et se permettant même une jolie alternance question / réponse sur "Until I Bleed", que les pères Dave et Marty n'auraient pas reniée ! Derrière les fûts, Tom confirme son statut depuis qu'il a rejoint le groupe, imposant son propre style et faisant autant claquer la caisse claire ("Waiting For The Savior") que vrombir la double pédale ("This Is Now", encore et toujours). L'autre Tom, à la basse lui, se pose toujours en véritable chaînon assurant le lien entre la rythmique et la mélodie, et nous fait une nouvelle démonstration de son talent, faisant sonner ses cordes d'une manière que l'on entend chez trop peu de bassistes malheureusement, sur "Inmate" ou "Dignity Lost", mais surtout sur le final du terrible "Waiting For The Savior" ou sur l'excellente intro de "Knock Him Down". Frissons garantis !

Évidemment, le chant n'est pas en reste, puisque Jérôme ne cesse, d'album en album, de faire progresser sa voix, qu'elle semble sortir du plus profond de ses tripes ("Until I Bleed") ou qu'elle soit plus criarde ("Dignity Lost"). Il est d'ailleurs désormais accompagné par Mat sur certains passages plus calmes, plus clairs, et l'harmonie entre les deux est du meilleur effet ! Et puisque W.I.L.D est un groupe qui sait s'entourer (on vous rappelle les featurings de l'EP des 10 ans ?), c'est même Monsieur Franck Brognard que l'on retrouve en guest sur "Jeff Warden", personnellement mon morceau préféré de "The Domination Chronicles". Chef d'oeuvre de l'album, "Jeff Warden" est absolument magistral, et sonne comme le morceau le plus intime, le plus personnel, le plus prenant, le plus poignant. On y ressent une débauche d'énergie, une foule d'émotions, regroupées au sein d'un même morceau qui prouve que malgré sa violence et sa brutalité, on est capable d'y ressentir beaucoup de choses. Clairement au-dessus, à tous les niveaux, d'un album déjà très réussi. Un concept-album, même, si on veut être précis, W.I.L.D ayant choisi "The Domination Chronicles" pour raconter une histoire, sondant au travers de la prison le thème de l'enfermement en général. Encore une grande réussite à mettre à leur actif, une de plus !

Vous l'aurez compris, du moins j'espère, ce nouvel album est une nouvelle fois un grand succès pour W.I.L.D, digne successeur d'un "Purgatorius" qui les faisait déjà s'imposer comme un des piliers du genre en France. On arrive ici encore un cran plus haut avec ce "The Domination Chronicles" très réussi, fruit des expériences de musiciens confirmés qui foulent déjà les scènes et les studios depuis de nombreuses années dans une région qui compte de plus en plus de groupes disparus les uns à la suite des autres. Preuve s'il en est que W.I.L.D a cette petite chose en plus que beaucoup d'autres non pas. Cette petite chose qui leur fait sortir au fil des années des albums toujours aussi bons, celui de cette année confirmant cette tendance. Album mature, sans le moindre doute, "The Domination Chronicles" nous montre à quel point le groupe possède après tant d'années son identité musicale qui lui est propre, somme de ses diverses influences sans jamais se montrer trop proche de quelque chose d'existant (on ressent un peu de Cavalera sur "I'm Destroyer", et une pointe de Gojira sur certains passages de "Jeff Warden", mais rien de trop flagrant), et surtout sans proposer du contenu qu'on a l'impression d'avoir déjà entendu mille fois. Si vous cherchiez encore une référence thrash / death en France, alors c'est que vous avez dû passer à côté de quelques albums ces dernières années.. W.I.L.D ont prouvé depuis un moment déjà qu'ils étaient un des groupes majeurs de cette scène, et "The Domination Chronicles" ne fait que confirmer leur statut.


Nico
Avril 2019




"Purgatorius"
Note : 19/20

Si l’on aime parfois que la vie connaisse quelques rebondissements, de l’aventure, du sensationnel, on aime aussi se rassurer un peu et apprécier les choses qui reviennent à un rythme régulier : les vacances, les premiers beaux jours du printemps, synonymes de barbecues entre amis et d’apéros en terrasse, les fêtes de Noël, toujours propices à se remplir la panse de dinde farcie ou à s’envoyer un godet de vin chaud… mais aussi, et surtout, les albums de W.I.L.D ! Après avoir fêté l’an dernier leurs 10 ans et en avoir profité pour nous offrir en cadeau l’excellent "Happiness Is Not Allowed", voilà que nos cinq Nordistes sont déjà de retour avec leur quatrième album (et un EP) en 11 ans, donc, pour ceux qui ont suivi. Et s’il y a bien une chose qui est sûre avec le W.I.L.D de 2017, c’est que plus que jamais, ça tape très fort !

D’ailleurs, qui est-il ce W.I.L.D de 2017 ? Car oui, onze années d’existence, dans le monde du metal actuel, ça commence déjà à être pas mal pour un groupe. Mais comme souvent dans ces cas-là, quelques visages ont changé depuis le temps, certains se sont effacés, d’autres sont arrivés… Et aux rangs de ces arrivées, on retrouve un autre Thomas, en lieu et place d’Eddy à la batterie, et Mat, en deuxième guitariste aux côtés de Fred. Deux “nouveaux” tout relatifs puisque, s’ils font ici leur première apparition en tant que membres à part entière du quintette, le groupe les connaît déjà très bien, officiant aux côtés des uns et des autres au sein de différentes formations (Blood Troopers, One Eye Dollar). Un peu de sang neuf donc qui aide W.I.L.D à se forger cette nouvelle image, ce nouveau son qui nous intéresse ici.

En effet, depuis deux albums, Wild Karnivor n’est plus (“Vive Wild Karnivor”), et a laissé sa place à W.I.L.D, comprenez Wake Initiated Lucid Dream. Rien que ça ! Et il est vrai qu’au delà du nom, le changement s’est également fait musicalement. Changement radical ? Que nenni ! W.I.L.D reste “Wild” ! Alors oui, leur son de 2017 n’est plus celui des débuts, la voix de Jérôme ne résonne plus en français, il y a peut-être un peu mois de cette touche groovy qui avait fait les beaux jours de "Aeternum Vale" et surtout "Embryon". Mais W.I.L.D, c’est bien plus que ça, et depuis "Agony Of Indecision" en 2012, ils nous le prouvent avec brio, et le confirment une fois encore sur l’album qui nous intéresse aujourd’hui, j’ai nommé "Purgatorius".

Faisons simple : 11 pistes, près de 45 minutes, "Purgatorius" est en un mot, une véritable bombe. Une tuerie. Et celle-ci commence sitôt l’intro "A Beginning That Isn’t One" terminée et que démarre le violent "Drugs By The Way Of Food", qui nous annonce clairement la couleur pour le reste de l’album : ce sera rapide, percutant, et aucune minute de répit ne nous sera accordée. Tant mieux, c’est ce qu’on aime et demande ! Ce morceau très brutal, doté d’un terrible solo en deux temps et d’une partie rythmique impressionnante, a d’ailleurs fait l’objet d’un très bon clip pour accompagner la sortie de l’album, et dont je vous recommande le visionnage.

Tout le reste de l’album est du même acabit, toujours à cheval entre un thrash bien speed et un bon gros death qui tache. Et qui vous en met surtout plein la tronche. Car oui, tout s’enchaîne très vite sur ce "Purgatorius", et on ne dispose d’absolument aucun instant pour reprendre son souffle. Mais l’album est vraiment d’une très grande qualité, d’une très grande richesse, et on se plaît à écouter les excellentes rythmiques, les envolées de basse si typiques au groupe, les riffs toujours plus inspirés les uns que les autres. Le tout est extrêmement efficace, précis, carré. Pas une note à côté, pas un accord qui ne soit pas à sa place, pas un coup de tom qui ne frappe pas au but. "A Painful Past" en est un exemple parfait, parmi tant d’autres sur cet album. Que c’est bon !

Le titre éponyme, "Purgatorius" donc, a vraiment un groove béton, car même si comme il a déjà été dit plus haut ce n’est plus autant mis en avant dans leurs albums, W.I.L.D a cela dans le sang, dans les gênes. "Washout", "The Cave" et "The Blind Man" sont à mon sens les trois pistes les plus impressionnantes : ça envoie de la double pédale à foison, des riffs qui brisent la nuque à force de headbanging incessant, de la basse qui ne s’arrête plus de défiler à toute vitesse (avec un petit break très "Hammer Smashed Face" à mon goût !)... Mais ce qui est surtout impressionnant sur cet album, et que l’on remarque dès la première écoute, c’est le chant. Si le talent vocal de Jérôme n’était plus à démonter, le gaillard ayant déjà bien fait ses preuves depuis un bon moment, il nous surprend cette fois avec un éventail bien plus large de possibilités : d’un flow death bien caverneux à des gueulantes thrash old school, en flirtant même par moments avec du black, le chanteur repousse une fois de plus ses limites, épaulé cette fois par le chant plus clair de Mat en guise de backings. Les quelques passages à deux chants de l’album sont absolument magiques !

Avec, pour couronner le tout, des morceaux tels que "Trapped" ou "A Ray Of Hope" proposant des choses plus originales, "Purgatorius" se pose comme l’album majeur de W.I.L.D. Il est le fruit d’années d’efforts, de travail, la preuve que le groupe réfléchit, se renouvelle, sait se servir de son expérience et ne se repose pas sur ses acquis. Le défi était de taille pour ces “tontons”, dont on est en droit d’attendre beaucoup après tant d’années, et avec qui l’on devient forcément de plus en plus critiques. Mais le défi a été relevé avec brio. Les amis, fans, amateurs, novices et autres ne s’y sont pas trompés en soutenant ce quatrième opus, et le groupe les a remerciés de la meilleure des façons : avec un album qui dépasse les attentes, qui frappe fort. Il ne fera jamais sortir de mon coeur "Embryon" et "Aeternum Vale", pour lesquels j’ai un profond attachement, mais "Purgatorius" est l’album qui donne à W.I.L.D ses lettres de noblesse, son ticket d’entrée pour la Cour des Grands. Car soyons honnêtes, après une décennie à produire une musique de cette qualité, c’est bien au top du metal français que W.I.L.D a sa place.


Nico
Juillet 2017




"Happiness Is Not Allowed"
Note : 18/20

"Put**n, 10 ans !" C’est un peu sur cette simple expression que les petits gars de W.I.L.D, anciennement connus sous le nom de Wild Karnivor, nous font prendre un petit coup de vieux. Car, oui, cela fait déjà dix ans qu’existe la formation du Nord-Pas-de-Calais. Dix années d’EPs, d’albums, de concerts, de festivals, dix années à faire péter nos enceintes, à enflammer les salles et les scènes. Mais surtout dix années à partager avec leur public la même énergie, la même passion, le même amour pour ce thrash-death si représentatif des compos de W.I.L.D.

Et si je tiens tant à mettre en exergue le lien si fort qui existe entre le groupe et son public, c’est parce que c’est clairement cela qui a motivé nos cinq gaillards à nous offrir leur dernier EP, "Happiness Is Not Allowed". Eh oui, c’est comme ça avec W.I.L.D, ce sont eux qui font les cadeaux pour leur anniversaire !

Ils nous avaient prévenus, ils veulent nous faire plaisir autant qu’eux se sont faits plaisir. Bonne nouvelle : ça a marché ! Et si vous avez pris autant de plaisir à l’enregistrer que moi à l’écouter, ça devait être l’éclate de votre côté, les gars ! Ce "Happiness Is Not Allowed" est une véritable baffe dans la gueule ! Une vraie démonstration de ce que W.I.L.D est capable de proposer, à mi-chemin entre un retour aux sources (on retrouve le côté groovy de leurs premiers albums "Embryon" et "Aeternum Vale") et une évolution de leurs faits d’armes plus récents (ce qu’ils avaient montré par exemple sur "Agony Of Indecision"). Cet EP ne souffre absolument d’aucun temps mort. Passé les 80 premières secondes, plus calmes mais annonçant clairement le maelstrom qui va suivre, ce sont 7 pistes complètement folles et déchainées qui nous arrivent en pleine face. La musique, telle une tornade, nous prend, nous maltraite, nous balance dans tous les sens, nous secoue, pour finir par ne nous recracher qu’un peu plus de 30 minutes après, les cervicales endolories par le headbanging incessant qu’on n’a pu s’empêcher de retenir, tant les riffs y invitent. Mais que c’est bon ! Et on en redemande ! Si "Happiness Is Not Allowed", je suis désolé de vous dire que je n’ai en rien obéi et ai au contraire pris un pied monstrueux à écouter et réécouter en boucle l’intégralité de l’EP !

Comme à leur habitude, les gars de W.I.L.D nous prouvent l’étendue de leurs talents, que ce soit dans la composition ou dans l’interprétation. Les riffs de guitares sont toujours aussi acérés, la batterie carrée et percutante, la basse envoûtante (mention spéciale sur "Inside" et "Erinyes"). Et je défie quiconque de pouvoir écouter n’importe lequel des morceaux de ce "Happiness Is Not Allowed" sans avoir envie d’un bon vieux pogo à l’ancienne, tant tout dans cet EP, aussi bien rythmiquement que mélodiquement, donne envie de se défouler.

Musicalement en terrain connu, avec toujours cette même qualité à laquelle nous sommes habitués de la part d’Eddy (batterie), Tom (basse), Fred et Vince (guitares), c’est plutôt du côté du chant qu’il va falloir aller trouver de la nouveauté. Et à ce niveau, que de surprises ! Aux côtés de Jérôme, dont le chant a encore évolué et mûri sur cet EP, on retrouve pour notre plus grand bonheur tout un tas d’invités de marque. Nous étions prévenus, W.I.L.D a décidé de faire les choses en grand pour ce cadeau d’anniversaire, et c’est ainsi qu’Arno (Black Bomb Ä), Stéphane Buriez (Loudblast), KK (Trepalium), Sam Bourreau (Mistaken Element, ex-Hacride), Arno Strobl (Carnival In Coal, We All Die (Laughing)), Julien Truchan (Benighted), Chuck (ghUSa) et Ju (Manimal, Psykup) viennent se joindre à cette grande fête entre amis. Le cocktail est détonnant sur chacun des titres, chaque invité trouve parfaitement sa place en apportant une belle pierre à l’édifice (mon coup de cœur personnel étant "Eternal Cycle"), mais c’est surtout sur ce septième et dernier titre caché, une bien belle reprise du fameux "Davidian" de Machine Head, que la surprise est la plus grande, tant la réappropriation du titre est originale et personnelle.

Et pour couronner le tout, la production de l’EP, ainsi que son artwork, sont irréprochables, signe que le groupe sait décidément bien s’entourer à tous les niveaux. Cet EP est donc définitivement un excellent cadeau que nous font là les cinq gaillards de W.I.L.D pour célébrer leurs 10 années d’existence. Tout y est réuni pour un cocktail explosif, à s’en faire péter les tympans et la nuque, avec le sourire en prime. Merci à eux pour ce cadeau !


Nico
Juin 2015




"Agony Of Indecision"
Note : 11,5/20

Anciennement Wild Karnivor, c'est maintenant avec l'appellation W.I.L.D (Wake Initiated Lucid Dream) qu'il faudra avoir à faire. Formation lilloise ayant produit deux albums auparavant, ce "Agony Of Indecision" est donc alors le troisième album du groupe. Bizarrement le groupe n'a pas changé le nom de son site internet.

Bonne production pour cet album, le son est clair et percutant, que ce soit sur les passages instrumentaux comme l'intro, ou l'interlude hyper mélodique "Choices" ; mais il manque d'un petit peu de chaleur. On s'aperçoit que malgré tout, même si elle est propre, la production pêche un peu par son relief, on semble être plus en plaine qu'en paysage vallonné musicalement, et ça donne une certaine longueur sur l'album qui dure quasiment une heure. L'artwork est en revanche paradoxal. On peut y préférer le design du visage dessiné en fumée qui se trouve de l'autre côté du booklet, et te-rri-ble-ment sympa, plutôt que la front cover beaucoup plus insipide... Question de goûts effectivement, mais parfois un détail peut faire la différence... C'est dans un registre thrash / death que W.I.L.D crache son venin sur onze titres. Onze titres qui se cherchent un peu pour trouver une identité. Les morceaux s'enchaînent pendant une cinquantaine de minutes où on assiste à un défilé de riffs qui se veulent puissants et surtout très agressifs comme sur le dernier titre "You Are Their Prey" (plus long titre de l'album et sans doute le plus intéressant grâce à sa violence confrontée à un feeling très catchy et quasi heavy, notamment dans le solo).

On sent que le groupe est composé de membres qui savent jouer, il n'y a rien à redire sur ça, les rythmiques sont super carrées, la batterie dirige la brutalité comme un maître d'oeuvre car on peut constater que sur tous les morceaux indépendamment du très bon son qu'elle peut avoir tant sur la double que la caisse claire, les blasts sont pas mal présents et la multitudes de breaks et changements de rythmes provoqués par les guitares ne sont pas handicapantes pour elle, bien au contraire. Après savoir très bien jouer ne fait pas tout... Je ne cacherai pas que je me suis ennuyé au final sur l'ensemble de l'album. Pourquoi ? Eh bien parce que j'ai eu l'impression de n'entendre qu'une seule et même chanson pendant quasiment cinquante minutes, tout se ressemble un petit peu, les titres se succèdent sans vraiment se détacher les uns des autres, et une fois qu'on est plongé dans l'univers de W.I.L.D, on ne refait surface qu'à la fin, en se demandant si ce que l'on a écouté était imprimé dans notre cerveau ou pas, ou si la musique n'a fait que traverser sans laisser de trace. Il y a évidemment quelques passages plutôt sympa comme la fin du morceau de "A Voice In My Head" très brutale au début et puis nettement plus thrash moderne sur la fin du morceau lui-même.

Alors c'est clair que pourtant tout semble pouvoir fonctionner entre agressivité thrash / death très groovy sur pas mal de morceaux, et un type de voix de thrash ultra moderne, on pourrait croire que ça va marcher, mais la sauce ne prend pas vraiment et l'ennui se fait vite sentir... Je n'aime pas dire cela car il y a toujours des personnes pour apprécier le travail accompli, un travail toutefois honorable, mais c'est comme cela. Certaines chansons ont des passages pourtant très intéressants comme l'entrée en matière de "You Know They'll Come" où on a la possibilité d'écouter un truc thrash presque influencé par les old Annihilator, je pense à Annihilator pour le lead guitare... Mais après ce n'est pas à la hauteur de notre espoir, et certains morceaux trainent en longueur, avec une durée parfois trop énervante... l'effet escompté me rappelle un peu le style d'Oddmongers à son époque, ce n'est pas un groupe qui m'a fait vibrer alors que pourtant il y avait quelques bons ingrédients également... A l'arrivée sur l'album de W.I.L.D, j'ai vraiment apprécié les titres soft, comme l'introduction qui est très inspirée et qui annonçait pourtant un album savoureux (c'est un peu comme une bande annonce qui donne envie d'aller voir un film, qui finalement est pas terrible où tout a été mis dans celle-ci pour être sûr d'attirer du monde...), l'instrumentale "Choices" qui est un vrai régal de guitares harmoniques et lancinantes avec un solo heavy que j'adore vraiment sincèrement, et enfin "Awaken Nightmare", titre acoustique ou quasi, chanté en clair par Kamel Guellil, un morceau qui donne des frissons tellement il est susurré et suggestif.

"Agony Of Indecision" est un album de thrash / death avec des riffs old school, mais aussi des idées modernes, possédant un son propre mais manquant de punch, et des chansons correctes mais qui n'attirent pas plus que ça et qui ne donnent pas forcément l'envie d'aller plus loin dans le trip, un chanteur qui a une bonne agressivité mais une certaine linéarité... Ces passages mélodiques sont bien cool, ainsi que ces solos notamment la fin du dernier morceau vraiment bon, et leur aspect le plus intéressant, en tous les cas pour moi, sont leurs morceaux plus planants. Mais tout ceci n'est peut-être pas assez pour obtenir la clémence d'un public de plus en plus difficile qui choisit ses achats avec plus de réflexion au vu de la crise actuelle...


Arch Gros Barbare
Janvier 2013


Conclusion
Le site officiel : www.wild-official-band.com