Le groupe
Biographie :

Wilderun est un groupe de prog / folk metal américain formé en 2008 et actuellement composé de : Evan Anderson Berry (chant, guitare, mandoline, clavier / ex-Earthen, ex-Immortal Bird, ex-Replacire, ex-These Are They), Daniel Müller (basse, hammered dulcimer, chant / Khôra), Jonathan Teachey (batterie / chant), Wayne Ingram (guitare, chant, clavier, orchestrations / Khôra) et Wayne Ingram (guitare acoustique, chant, clavier, orchestrations, guitare / Khôra). Wilderun sort son premier album, "Olden Tales & Deathly Trails", en autoproduction en Septembre 2012, suivi de "Sleep At The Edge Of The Earth" en Avril 2015, de "Veil Of Imagination" en Novembre 2019 en autoproductionpuis en Juillet 2020 chez Century Media, et de "Epigone" en Janvier 2022.

Discographie :

2012 : "Olden Tales & Deathly Trails"
2015 : "Sleep At The Edge Of The Earth"
2019 : "Veil Of Imagination"
2020 : "Veil Of Imagination" (Réédition)
2022 : "Epigone"


Les chroniques


"Epigone"
Note : 17/20

Deux ans après le virage symphonique amorcé avec "Veil Of Imagination", les Américains de Wilderun enfoncent le clou avec "Epigone". Si le groupe avait démarré avec un metal folklorique assez typé pirates sur "Olden Tales And Deathly Trails", il avait déjà pris un côté progressif plus marqué avec "Sleep At The Edge Of The Earth" pour finir par développer des ambiances bien symphonique à grands coups d'orchestrations sur le précédent album.

C'est dans cette voie-là que poursuit "Epigone" et tant mieux puisque Wilderun nous avait fait entendre un certain savoir-faire dans ce domaine. Pour situer un peu la bête, dites-vous que les principales influences qui reviennent souvent sont Devin Townsend et Haken, on a donc un metal progressif mélodique, accrocheur et symphonique aux ambiances assez prenantes. Le démarrage acoustique de l'album avec "Exhaler" pourra d'ailleurs raviver par moments des souvenirs de "Synchestra" du fameux canadien fou. D'ailleurs, accrochez-vous parce que mine de rien certains morceaux sont si longs que sur les soixante minutes que dure l'album les quatre premiers titres à eux seuls en représentent quarante, sachant qu'il y en a dix ! "Epigone" va donc demander toute votre attention même si la musique de Wilderun est très mélodique et assez accrocheuse. Le groupe n'hésite d'ailleurs pas à mêler certains passages plus durs et plus extrême avec quelques growls, comme sur "Veil Of Imagination" et malgré le fait qu'il y a trois gros pavés sur "Epigone", le temps passe très vite. Ce qui est dû à la fois aux mélodies qui sont systématiquement magnifiques et poignantes d'un côté et aux orchestrations massives et prenantes de l'autre. Mélangez tout ça à un metal progresif de haute volée et vous aurez une vague idée de ce que Wilderun vous propose avec son nouvel album. Si les influences citées plus haut peuvent s'entendre plusieurs fois, il n'empêche que le groupe crée un univers entier avec ces albums et que l'on y plonge avec un plaisir non feint tant le talent d'écriture brille à chaque seconde. "Epigone" est à la fois accessible et profond, direct et touffu, rempli de détails que votre oreille ne percevra qu'après de multiples écoutes. "Woolgatherer" en donne un aperçu avec ses quatorzes minutes et ses changements d'ambiances assez surprenant, on passe d'un début très beau et très posé à de gros blasts surmontés d'un growl pour une ambiance générale qui se fout subitement plus sombre. Un côté plus sombre qui s'exprime plus d'une fois sur ce nouvel album et qui n'éclipse pourtant jamais cette beauté qui s'imprime dans les mélodies et qui trouve toujours un peu de place pour briller.

Les orchestrations se font cette fois plus massives, plus réalistes, plus amples. La fin de "Woolgatherer" est d'ailleurs un direct à l'estomac qui trouve le moyen d'être aussi épique que poignant avec toutes ces orchestrations et ces choeurs pour une explosion finale avant le retour de l'acoustique pour terminer ce premier monstre. Parce qu'il y en a deux autres qui suivent juste derrière, à savoir "Passenger" et "Identifier" qui durent respectivement dix et onze minutes. Après ces pavés, le groupe revient à des morceaux d'une durée plus conventionnelle de cinq minutes en moyenne et prend donc une approche un peu plus directe. Le morceau "Distraction" dure certes vingt minutes mais il est séparé en quatre pistes donc ça ne fait pas tout à fait le même effet, l'album est à prendre de toute façon comme un ensemble. Les mélodies d'ailleurs traduisent souvent une certaine fragilité qui ne rend le tout que plus poignant encore en offrant en plus de ça un contraste intéressant avec l'ampleur des orchestrations et les passages plus extrêmes. Tout ça contribue à faire de "Epigone" un album varié et profond qui vous prend plus d'une fois par surprise. C'est un exploit d'avoir réussi à faire quelque chose de si riche, de si profond et d'obtenir un rendu final aussi complexe qu'accrocheur. Wilderun ne livre pas tous les secrets de "Epigone" dès les premières écoutes mais vous laisse suffisamment de repères que vous puissiez profiter de ses ambiances et de ses superbes mélodies dès les premières approches. C'est par la suite que la profondeur de ce nouvel album va vous saisir et c'est à partir de ce moment que l'univers du groupe vous emmènera vraiment avec lui. Pour ce qui est de la production, dites-vous que l'album a été mixé par Jens Bogren et masterisé par Tony Lindgren donc pas de soucis à avoir, ça sonne gros, puissant, propre avec même une certaine chaleur dans le son, bref c'est parfait pour un album de cette trempe.

Wilderun nous revient donc avec un album impressionant à tous les niveaux et qui poursuit dans la veine plus symphonique esquissée par "Veil Of Imagination". Les mélodies et les lignes de chant sont sublimes et empruntes de fragilité, les orchestrations sont massives et aussi épiques que dramatiques, les morceaux sont admirablement bien construits et l'ensemble se fait aussi complexe qu'accrocheur. Les passages plus extrêmes quant à eux apportent du dynamisme et un contraste intéressant avec ces mélodies très douces et lumineuses. Bref, Wilderun a du talent et quand on entend à quel point le groupe a évolué en seulement quatre albums on se dit qu'on n'a pas fini de se prendre de grosses claques dans les oreilles !


Murderworks
Mars 2022




"Veil Of Imagination"
Note : 18/20

La réédition de "Veil Of Imagination" sur le label Century Media est l'occasion pour nous de faire le point sur le troisième album de Wilderun ainsi que sur l'évolution musicale du groupe américain. Tout d'abord produit et distribué par le groupe lui-même, "Veil Of Imagination" a rapidement rencontré un vif succès auprès du public. Les démarches auprès des labels ont été dès alors plus faciles et c'est donc avec Century Media que le groupe a signé et ressorti l'opus. Mais comment expliquer ce succès soudain tandis que les deux premiers albums étaient restés plutôt confidentiels ?

Si l'on revient à ses débuts, Wilderun se fait connaître avec un projet très folk metal, désireux que sont les membres du groupe de transmettre les traditions et l'histoire des Etats-Unis. On est donc en plein dans l'univers d'un Korpiklaani, mélange de heavy metal et d'instruments traditionnels en tout genre : flûte, violon etc. A la sortie du second album "Sleep At The Edge Of The Earth", Wilderun entame une tournure légèrement plus orchestrale que sur le premier opus "Olden Tales & Deathly Trails", mais toujours dans un style comparable. A ce stade, Wilderun n'est encore qu'un groupe de folk metal parmi tant d'autres. C'est avec "Veil Of Imagination" que les Américains sortent réellement de l'anonymat en proposant un album plus que jamais épique, orchestral et atmosphérique dans un style bien éloigné de ce qu'ils avaient proposé précédemment, sans pour autant délaisser entièrement ses influences premières.

En abandonnant ses armadas d'instruments traditionnels et le côté un peu "kitch" s'il en est du folk, Wilderun a effectué un tournant au niveau des compositions dans un style plus progressif qui profite à la profondeur émotionnelle. De ses origines folk metal, le groupe a su conserver l'imaginaire et le caractère grandiloquent. En effet, "Veil Of Imagination" s'écoute comme les histoires que nous soufflent les conteurs et colporteurs de mythes à la lueur d'une flamme tremblotante, entretenant magie, mystère et tragédie. Musicalement l'album alterne joliesse, emphase et pointes de violence. Les parties éthérées et délicates sont portées par la voix claire d'Evan Anderson Berry. Avec son grain qui a conservé l'influence heavy metal, il déclame une histoire dans un style qui rappelle étonnamment les comédies musicales, dans tout ce qu'elles ont d’héroïque et dramatique. Pour être plus exact, la musique de Wilderun est extrêmement visuelle et conviendrait tout à fait à un film historique musical. La tension grimpe avec des montées particulièrement orchestrales à grand renfort de choeurs masculins dignes de ceux de l'armée rouge, puissants et hypnotiques. On penserait presque à Batushka, si ce n'est que l'atmosphère est moins sombre. Les voix féminines sont, elles, utilisées pour renforcer le côté angélique et aérien des morceaux. L'orchestration est parfois si riche qu'on se croirait sur un morceau de Devin Townsend. Pour pimenter le tout, quelques incursions de growl guttural troublant de ressemblance avec Mikael Åkerfeldt (Opeth).

Tout auditeur qui connaît les premiers albums de Wilderun ne pourra que saluer l'incroyable évolution du groupe. Wilderun réalise un bond artistique de plusieurs marches. Et pour ceux qui découvriront Wilderun avec cet album, ils ne pourront de toute façon que tomber sous le charme de cette fresque épique. "Veil Of Imagination" c'est la rencontre magique entre le heavy moderne et le metal progressif avec une touche d'Opeth pour l'agressivité, la grandiloquence de Devin Towsend et la vision cinématographique de Hans Zimmer. On est très vite sous le charme de cet album vibrant, intense, poétique et romanesque. Wilderun est désormais un groupe à surveiller de près !


Miss Bungle
Septembre 2020


Conclusion
L'interview : Evan Anderson Berry

Le site officiel : www.wilderun.com