"Black Heart"
Note : 18/20
Pour son quinzième anniversaire, Within The Ruins s’offre un sixième album. Intitulé "Black Heart", il est le fruit de la collaboration des fondateurs Kevin "Drummer" McGuill (batterie)
et Joe Cocchi (guitare) avec Paolo Galang (basse, ex-Silence The Messenger ) et Steve
Tinnon (chant, ex-Silence The Messenger), leur nouveau chanteur.
Le premier contact viendra de "Domination", un titre à l’introduction intrigante qui nous amène
sur une rythmique lourde et truffée d’influences prog dissonantes et perçantes. Un chant
clair viendra contraster les hurlements sur le refrain, mais la fureur surgit à nouveau entre
les parties techniques, puis "Deliverance" nous assomme. Le mix permet de prendre de plein
fouet ce son puissant, ces harmoniques déchirantes à pleine vitesse et surtout ces
hurlements constants. La tornade "Blackheart" prend la suite, mettant en avant cette guitare
lead à la fois rapide et précise, sans jamais sous-estimer la rythmique qui matraque
l’auditeur. La voix claire vient contraster le mélange, et "Open Wounds" prend la même
direction en assénant riff après riff. On appréciera les saccades, les passages groovy, les
leads survoltés comme la constance de cette rythmique, mais également la richesse et la
puissance de "Eighty Sixed", un morceau instrumental créé pour faire régner le chaos. Le titre
brise le rythme par l’absence de voix, mais nous maintient dans cette fureur permanente.
On continue avec la lourde "Devil In Me", un morceau qui poussera le chanteur à se surpasser
pour nous offrir le titre sur lequel mosher lorsque le groupe montera sur scène. Outre cette
rythmique super efficace, la voix mène vraiment la danse, tant par les hurlements que le
chant clair intense. A l’inverse, c’est la rythmique qui domine la brutale "Hollow". La
composition est très remuante, et il ne fait aucun doute que la fosse explosera en suivant les
riffs et les hurlements du vocaliste. On pourrait croire à une certaine quiétude sur "Outsider",
mais il n’en est rien, puisque la patte du groupe se pose dessus. Agressive, chiadée mais
surtout écrasante et bourrée de ces sursauts techniques. La dissonante "RCKLSS" prend la
suite, mêlant une rythmique efficace à base de palm-mutes et des leads perçants mais
entêtants, mais on touche déjà à la fin de l’album. C’est avec "Ataxia V", une deuxième
composition instrumentale, que le groupe referme ce chapitre de leur histoire, non sans
technicité, rapidité et surtout un savoir-faire hors pair.
Within The Ruins évolue en permanence, et leurs albums en sont témoins. "Black Heart" est
un disque sombre, mais qui n’oublie jamais les racines de la formation : efficacité, technicité,
lourdeur et une volonté de déchaîner les fosses comme peu savent le faire.
"Halfway Human"
Note : 18/20
Si c'est bel et bien la nature qui a poussé l'humain à évoluer pour survivre, qui pousse le musicien à dépasser ses limites ? C'est une question qu'il faudrait poser aux membres de Within The Ruins, qui viennent de nous sortir un album au son démentiel. Mélangeant habilement djent, metalcore et post-hardcore, le groupe formé en 2005 par Joe Cocchi à la guitare et Kevin "Drummer" McGuill à la batterie (si, si, j'vous jure...!), les deux amis expérimentent un premier line-up qui changera de nombreuses fois jusqu'à ce que Tim Goergen prenne le micro en 2009, et Andrew Tate la basse en 2011. Si Andrew part en 2016, il laisse Paolo Galang prendre la relève. En douze ans de carrière, le groupe aura sorti trois EPs et cinq albums. Même si les premières sorties ne sont pas vraiment acclamées par la critique, leur style s'affine et se perfectionne jusqu'à atteindre une qualité exceptionnelle. "Halfway Human" est le titre de leur dernier album, et l'autre partie d'eux-mêmes semble être une machine à riffs tous plus démentiels les uns que les autres. Vous êtes prévenus...
On va commencer avec "Shape-Shifter" qui vous mettra directement dans l'ambiance, de gré ou de force. Les riffs sont lourds mais tranchants, l'accordage visiblement très bas, et Tim Goergen hurle toujours aussi bien ! Pour être rabat-joie, je vais quand même m'interroger sur l'intérêt de caler un solo sur ce titre, mais les harmoniques sur le refrain me feront oublier cette question et profiter jusqu'à ce que démarre "Death Of The Rockstar". Un riff lointain qui nous explose bien vite en pleine face, et quelques choeurs pour rehausser la puissance des hurlements, un mélange qui marche. "Beautiful Agony" instaurera une certaine langueur grâce à des riffs tranchants et mélancoliques, pour soutenir un chant qui se fait un peu plus plaintif que d'habitude, mais qui sied à merveille à l'univers du groupe, alors qu'"Incomplete Harmony" relancera la machine de guerre. Plus technique rythmiquement que le reste de l'album, ce titre surprendra par l'absence quasi totale de guitare sur certaines parties, mais le groupe se rattrapera bien vite avec "Bittersweet".
La violence qui avait quelque peu délaissé les compositions du groupe est de retour, ne vous en faites pas. C'est une voix lointaine qui nous annonce le début d'"Objective Reality", pour un titre plutôt mélodique et aérien qui intègre tout autant les riffs torturés du groupe que la voix claire sur les refrains. Si c'est une rythmique saccadée et agrémentée d'harmoniques du même style que vous attendez, alors jetez-vous directement sur "Absolution" qui en est littéralement truffée. Un petit peu surprenante à cause des tonalités enjouées et qui ne sont pas sans rappeler les films de SF axés vers l'espace, mais vraiment sympa à écouter ! Retour à la violence brute avec les riffs acérés d'"Ivory Tower", alors que Tim Goergen se démène littéralement sous les assauts de ses comparses. Un titre qui peut déclencher des mouvements de foule s'il est joué en live... "Sky Splitter" reprendra des choeurs atmosphériques sur le refrain pour un changement d'ambiance assez radical, mais toujours aussi planant. A contrario du premier titre, le solo trouve parfaitement sa place entre deux riffs ! Si je vous parle d'instrumental, vous voyez ce que ça peut donner ? Non ? Eh bien on va en avoir l'exemple avec "Ataxia IV", qui n'est autre qu'un long voyage spatial guidé par une guitare lead survoltée et pleine de ressources. Chaque note est millimétrée, prouvant une fois encore que les musiciens savent manier leurs instruments avec une précision affolante. Pour Treadstone, le dernier
titre, on va reprendre la méthode classique : des riffs violents, des cymbales hurlantes et des cris à
volonté. Quelques pauses, des harmoniques, et une voix claire qui intervient sur le refrain.
Le son moderne et rafraichissant de Within The Ruins plaira sans aucun doute à un public très large
grâce aux nombreuses influences que le groupe exploite dans ce que l'on peut probablement appeler
une apogée créatrice. Amateurs de Rings Of Saturn, Meshuggah et de violence pure mais contrôlée,
jetez-vous dessus sans une once d'hésitation !
"Phenomena"
Note : 13/20
Attention à celui qui ne connaît pas Within The Ruins !! Le groupe peut facilement passer pour un OVNI musical : un rythme à faire devenir fou un épileptique, avec une régularité de métronome, une technique impressionnante, et une source d'inspiration disons… Surprenante. Eh oui, le cœur de cible du groupe, et il le revendique, ce sont les ados. Alors pour les séduire, le quatuor va puiser ses idées dans l'univers des Comics et des jeux vidéo. Alors on trouve des références à Batman, Sin City, Tetris… Bref, de quoi satisfaire les jeunes boutonneux. Parce que pour le un peu moins boutonneux que je suis, j'avoue que ça passe moins bien.
On retrouve pourtant tout ce qui avait contribué au succès de "Elite", le précédent opus, voire mieux même. Le line-up est le même, le mixage met plus en avant les parties de batterie, Joe Cocchi est toujours aussi habile de la 7 cordes avec ses riffs stylés console 8 bits (amis geeks, bonsoir !). Le premier morceau "Gods Amongst Men" est tout simplement un hit en puissance. Tous les éléments d'un titre à succès sont réunis : une intro furieuse, des riffs agressifs à souhait, un refrain entêtant, et surtout la furieuse envie de choper tous les tics et sursauts d'un patient atteint du syndrome de la tourette ! Mais pourtant, le plaisir est court, et au bout du troisième morceau "Calling Card", l'album devient lassant. La musique de Within The Ruins et le côté vieille console omniprésent n'arrive pas à garder mes oreilles attentives. Ca en devient même fatiguant à force.
Même en reprenant tous les ingrédients de "Elite", la sauce ne prend pas. Peut-être que l'effet de surprise procuré par le précédent opus est passé, et l'efficacité en est donc amoindrie. Il manque une harmonie dans l'enchaînement des morceaux, avec au final la présence d'un seul "hit" à mon goût.