Le groupe
Biographie :

Woe est un groupe de black metal américain formé en 2007 et actuellement composé de : Chris Grigg (chant, guitare / Glorious Depravity, Infiltrator, Unshriven Aghast, ex-Algol, ex-The Green Evening Requiem, ex-Algol, Near Dark, Unrest, Veerungaar, ex-Krieg), Grzesiek Czapla (basse, chant / ex-Infernal Stronghold, ex-Stronghold, ex-Everwinter), Lev Weinstein (batterie / Anicon, Bloody Panda, Damnatum, Fischel's Beast, Geryon, Krallice, Pyrolatrous, Sallah, ex-Astomatous, Hymn, ex-Archon) et Matt (guitare / Belus, ex-Concussion). Le groupe sort son premier album, "A Spell For The Death Of Man", en 2008 avant de signer chez Candlelight Records et de sortir "Quietly, Undramatically" en 2010 et "Withdrawal" en 2013. "Hope Attrition" sort en Mars 2017 chez Vendetta Records, suivi de "Legacies Of Frailty" en Septembre 2023.

Discographie :

2008 : "A Spell For The Death Of Man"
2010 : "Quietly, Undramatically"
2013 : "Withdrawal"
2017 : "Hope Attrition"
2019 : "A Violent Dread" (EP)
2023 : "Legacies Of Frailty"


Les chroniques


"Legacies Of Frailty"
Note : 16/20

Il aura fallu un peu de temps aux Américains de Woe pour revenir avec un nouvel album puisque "Hope Attrition" date tout de même de 2017 ! Mais c'est chose faite en cette fin d'année avec "Legacies Of Frailty" qui devrait remettre les pendules à l'heure avec un black metal toujours aussi violent, intense et plus orienté vers les scènes modernes que vers la seconde vague norvégienne.

On retrouve cette mélancolie prégnante dès "Fresh Chaos Greets The Dawn" qui attaque déjà avec près de neuf minutes au compteur et des leads poignants. Une mélancolie plus appuyée que sur "Hope Attrition" avec des mélodies qui frappent en plein cœur et quelques passages plus noirs ou malsains pour donner encore plus de puissance émotionnelle à ce premier morceau qui frappe assez fort. On notera la fin inquiétante avec des claviers qui sonnent presque synthwave et donnent par conséquent un côté très John Carpenter à tout ça. "Scavenger Prophets" se fait plus rageur et violent avec un rythme bien plus soutenu et si la mélancolie est toujours présente, elle se fait entendre par des ambiances plus dramatiques cette fois. On retrouve donc les éléments qui faisaient déjà la musique de Woe, c'est-à-dire ce black metal moderne mélancolique et assez violent, le tout sur des morceaux assez longs et donc forcément intenses. Le précédent album connaissait d'ailleurs quelques petites longueurs à cause de ça, des longueurs qui ont été évitées sur ce nouveau méfait malgré des morceaux qui naviguent entre six et dix minutes. Le travail de composition semble plus abouti, plus maîtrisé cette fois et la pause forcée que tous les groupes ont connu a probablement donné plus de temps au groupe pour peaufiner ses morceaux. Je ne sais pas si le fait d'avoir traversé une pandémie et s'être retrouvés bloqués a donné aux membres du groupe l'inspiration nécessaire mais ce nouvel album se place un bon cran au-dessus de son prédécesseur.

Chris Grigg donne une fois de plus tout ce qu'il a au micro et fait entendre une versatilité intéressante passant d'un chant black classique à des growls rageurs et profonds en passant par des cris bien déchirés. Woe ne lève que rarement le pied sur ce nouvel album et son black metal reste aussi violent et intense que sur le précédent album, seules les ambiances se font plus dures et plus dramatiques. Mais c'est bien la qualité de la composition qui crée la différence, le groupe est plus inspiré et arrive cette fois à sortir du lot de manière bien plus prononcée. "Legacies Of Frailty" semble plus habité, plus authentique, plus rageur et plus mélancolique à la fois. L'équilibre entre les mélodies et la violence froide et brute est bien géré et malgré la longueur des morceaux, le black metal de Woe reste prenant et dynamique. "Hope Attrition" était un bon album mais il s'étalait parfois inutilement et on avait du mal à rester dedans du début à la fin, ce qui n'est pas le cas cette fois. Ce nouvel album fait entendre un groupe qui semblait cette fois en avoir sur la patate, ce qui n'est pas étonnant avec ce qui s'est passé et se passe encore depuis quelques années. "Shores Of Extinction" est d'ailleurs le seul morceau à lever un peu le pied avec des passages mid-tempo qui appuient encore plus la mélancolie ambiante en balançant en bonus des riffs bien sales directement hérités du black metal originel. La production, par contre, est plus ancrée dans la scène moderne comme toujours avec Woe, son black metal sonne donc de manière puissante et relativement propre mais cela colle bien aux ambiances développées qui sont tout de même plus subtiles que chez le groupe de black metal moyen.

"Legacies Of Frailty" continue donc sur la voie que Woe s'est tracée depuis un bon moment maintenant mais remonte clairement d'un cran en termes de puissance émotionnelle et d'inspiration. Son black metal est toujours aussi intense, froid et violent mais se fait aussi poignant et reste empreint d'une mélancolie qui semble ici exprimée de manière plus spontanée. Pour faire simple, c'est proche de "Hope Attrition" mais bien meilleur et plus maîtrisé, donc aucune raison de ne pas y jeter une oreille.


Murderworks
Novembre 2023




"Hope Attrition"
Note : 14/20

Les Américains de Woe sont de retour pour nous démonter les tympans avec "Hope Attrition", quatrième album de ces sauvages qui donnent dans un black aussi brutal que froid. Autant prévenir de suite qu'avec ce nouvel album, ils ne se sont pas calmés du tout.

"Unending Call Of Woe" fait une feinte en commençant par des riffs bien lourds, des mélodies sombres et poisseuses et une ambiance globalement très pesante. La violence finit évidemment par reprendre ses droits et le groupe se remet au bout de deux minutes à nous rentrer dans le lard comme il a l'habitude de le faire. Le black de Woe est généralement violent de toute façon, quelques mélodies plus mélancoliques ou pesantes créent un léger contraste et on trouve souvent des interludes acoustiques sur leurs albums, cette fois c'est d'ailleurs "A Distant Epitaph" et ses cinquante secondes qui tiennent ce rôle. C'est toujours bienvenu sachant que la musique du groupe peut se faire assez intense et éprouvante, un peu d'air frais au milieu de ce déchaînement étouffant ne fait jamais de mal. Même si des éléments un peu plus modernes font leur apparition dans ce black metal, par le biais de certaines ambiances ou mélodies, le groupe garde tout de même une approche old school. Pour faire simple, leur black metal reste sale et violent malgré quelques pointes de beauté épisodiques. En principal défaut, on notera quelque longueurs, des morceaux qui auraient pu être raccourcis, la plupart d'entre eux tapant tout de même dans les sept ou huit minutes. Mais bon, rien de vraiment rédhibitoire, pas de quoi réellement lasser ou dégoûter de l'album.

Niveau production, c'est assez classique mais plutôt efficace, les guitares sont tranchantes, la batterie percutante et la basse arrive à se faire entendre. Comme d'habitude, quelques voix claires font leur apparition sur "The Din Of The Mourning" mais pas d'inquiétude, c'est bien le chant hurlé, ou growlé, ou black qui reste majoritaire évidemment. De toute façon, on peut dire globalement que Woe n'a pas changé son fusil d'épaule et a opéré une simple continuation de ce qu'il a fait jusqu'à maintenant. Le groupe évolue tout doucement en gardant sa patte et en poussant seulement certains éléments un peu plus loin régulièrement. Que les bourrins ne s'affolent donc pas, le groupe est bien resté ce qu'il était, même si mine de rien ils sont plus fins qu'ils n'en ont l'air. Il y a pas mal de mélodies assez poignantes qui s'expriment derrière le mur de son qui est ce qu'on remarque surtout à la première écoute. Mais pas d'arrangements orchestraux ou de claviers ici, tout passe par les guitares et la froideur des riffs. Woe établit avec succès un pont entre la vague scandinave et la vague plus moderne te moins purement black metal tout en restant très cru.

Nouvel album qui ne révolutionne rien pour Woe mais qui confirme le savoir-faire de la bande dans ce black violent, sale et mélodique à la fois. Pas de surprises mais pas de déception non plus en dehors de quelques petites longueurs.


Murderworks
Juin 2017




"Withdrawal"
Note : 11/20

Quel nom (et logo) singulier pour un groupe, en particulier pour un groupe de black metal. Et c'est sous la bannière de Candlelight Records (qu'on ne présente plus) que les Américains nous sortent ce troisième album. Alors j'arrête tout de suite les puristes : ce n'est certes pas un album parfait, mais il faut arrêter avec cette légende urbaine qui dit que les Américains ne savent pas jouer de black metal. ils le savent, leur véritable problème et qu'ils n'apportent que rarement des nouveautés dans ce style. Ici, on a un ensemble maîtrisé, assez mélodique. Tout en gardant certaines nuances propres au true black metal norvégien. C'est carré et varié. Cependant, on note tout de même un manque de réelle originalité, même si tout est bien ficelé. Les morceaux me paraissent longs, alors qu'ils auraient pu être largement plus courts en étant tout aussi efficaces. Au niveau des ambiances, Woe semble être en retard de quelques années dans le domaine du black metal avec cet album. Ce côté enneigé à la scandinave a déjà été enregistré relativement souvent, et les riffs m'aparaissent peu surprenants. Le morceau final, éponyme de l'album est pour moi le morceau le plus sympathique et le plus court aussi, avec son introduction à la basse bien grasse, ses arpèges et son calme solo. Bonne clôture d'album. Jaquette intéressante, plutôt glauque mais peu adaptée à l'ambiance musicale de l'album. "Withdrawal" est un album à écouter parfois seulement. Le désir de se faire péter les tympans trois fois par jour ne se fait pas ressentir, pas plus que l'envie de sacrifice humain ou de balade par -15°C dans la forêt. Disons que ça s'écoute bien en fond et c'est tout. En bref, cet opus est une petite déception sans pour autant être mauvais.


Lukos
Octobre 2013


Conclusion
Le site officiel : www.woeunholy.com