Le groupe
Biographie :

Woods Of Desolation est un one-mand band de post-black metal australien formé en 2005 dont la tête pensante est D. (basse, guitare / ex-Forest Mysticism, ex-Grey Waters). Après avoir sorti un premier album, "Toward The Depths", chez Hammer Of Damnation en 2008, c'est sous le label Northern Silence Productions que sont sortis les deux derniers albums en date, "Torn Beyond Reason" (2011) et "As The Stars" (2014). "The Falling Tide" sort en Décembre 2022 chez Season Of Mist / Underground Activists.

Discographie :

2008 : "Toward The Depths"
2009 : "Sorh" (EP)
2011 : "Torn Beyond Reason"
2014 : "As The Stars"
2022 : "The Falling Tide"


Les chroniques


"The Falling Tide"
Note : 18/20

Woods Of Desolation se remet en marche. Huit années après son précédent album, le musicien australien D. (guitare / basse / chant, Forest Mysticism, Unfelled, Remete) a décidé de nous offrir un quatrième album, "The Falling Tide", qui sort chez Season Of Mist / Underground Activists. Le maître à penser collabore avec l’Ukrainien Vlad (Drudkh) pour la batterie et les claviers.

"Far From Here" nous guide avec douceur dans cet univers sombre et lancinant grâce à des sonorités aériennes, rapidement suivies par un blast assassin et des riffs glaciaux. Le chant torturé apparaîtra également pour nous accompagner dans ce nuage de noirceur planante ininterrompu renforcé par des claviers majestueux, puis "Beneath A Sea Of Stars" propose quelques frappes accrocheuses avant de nous révéler toute son intensité. L’alliance de tous les éléments crée un son épais qui semble impénétrable, mais qui ralentit parfois pour devenir plus sombre ou laisser les parties vocales déchirantes intervenir avant que l’ouragan ne s’apaise progressivement pour nous mener à l’onirique "Illumination", qui nous offre un court moment de répit avant de laisser une vague de saturation enchanteresse nous frapper.

Le titre se montre légèrement plus calme que les autres avec certains passages apaisants, alors que "The Falling Tide" se montre immédiatement agressive et brute malgré les éléments aériens développés par le duo. On notera tout de même un break aux accents post-rock hypnotiques qui fera revivre la rage viscérale à travers le chant avant que "The Passing", le plus court titre, ne nous autorise à respirer avec un son clair parfois un peu dissonant. Les mélodies accueillent à nouveau une saturation planante mais toujours apaisante, puis "Anew" viendra refermer l’album avec un mélange entêtant de leads perçants qui volent au-dessus d’une base sombre et pesante d'où sortent des hurlements de désespoir, avant un final planant.

Un album de Woods Of Desolation est toujours une expérience hors du temps, et celui-ci ne fait pas exception à la règle. En à peine plus d’une demi-heure, "The Falling Tide" nous emporte dans sa noirceur aérienne et ses sonorités lancinantes pour nous émerveiller et nous transcender.


Matthieu
Décembre 2022




"As The Stars"
Note : 15/20

Le groupe australien, ou plutôt le one-man band, Woods Of Desolation, est de retour trois ans après "Torn Beyond Reason", qui avait été une bonne surprise pour moi. Cette fois c'est "As The Stars" qui va passer au crible, et apparemment le projet n'a pas dévié de sa voie.

Woods Of Desolation donne toujours dans un black metal dépressif et paradoxalement lumineux, dans lequel les trémolos et les hurlements typiques du black se mélangent à des mélodies plus accueillantes et qui laissent transparaître un minimum de clarté et d'espoir dans cette triste musique. Parce que non, ce groupe ne pratique pas un black metal plombé et glauque, comme sur le précédent album, c'est plus de mélancolie dont il est question ici et on pourrait rapprocher la musique de Woods Of Desolation de celle qu'Alcest pratiquait à ses débuts, sur "Le Secret" par exemple. Ce sera sûrement trop gentillet pour les amateurs de black metal pur et dur, mais ceux que la beauté ne dérange pas devraient trouver leur compte ici puisque ce "As The Stars" réussit à être très beau et mélodique sans jamais tomber dans la mièvrerie. On retrouve même un peu la patte du vieux Katatonia sur l'instrumental "Anamnesis", pas étonnant vu le style pratiqué mais c'est toujours une preuve de bon goût. On retrouve toujours ces guitares au son tranchant, sale mais pas trop histoire de pouvoir distinguer les mélodies tout en collant un minimum au son crade du black metal.

Ceux qui ont apprécié les deux premiers albums ne devraient pas tomber des nues, le style est resté le même et le talent du groupe à construire des morceaux envoûtants est resté le même lui aussi. Vu qu'Alcest a quelque peu déserté ce style de musique, Woods Of Desolation reste un des seuls à encore le pratiquer. Par conséquent, on lui pardonnera allègrement un certain manque d'évolution depuis le précédent album, la qualité des morceaux suffit à prendre du plaisir à l'écoute de ce nouvel album. D'autant que le fait de garder une durée globale relativement courte permet de ne pas perdre l'auditeur en route, les morceaux vont à l'essentiel et l'écoute se fait sans accroc, les 35 minutes passent toutes seules et sont un bon prétexte pour le relancer une deuxième fois. Je tiens quand même à préciser en passant que contrairement à Alcest avec qui j'ai comparé le groupe, le chant clair est totalement absent ici, il n'y a que le chant écorché typique du black présent du début à la fin. Choix cohérent puisque même si les deux groupes ont quelques atomes crochus, la musique de Woods Of Desolation reste globalement plus froide.

Une fois de plus, le groupe a donc privilégié l'efficacité au lieu de se répandre dans des morceaux longs et chiants, en ne proposant que 35 petites minutes qui permettent une fois encore de se plonger corps et âme dans ce nouvel opus. A recommander à ceux que l'évolution récente d'Alcest a déçu et qui voudraient retrouver un groupe plus ou moins dans le même genre.


Murderworks
Mai 2014




"Torn Beyond Reason"
Note : 16/20

Les groupes australiens dans le metal produisent souvent une musique totalement cinglée qu’on en peut trouver que dans ce pays, en témoignent par exemple les inénarrables Sadistik Exekution. Et bien cette fois l’Australie nous livre un groupe un peu plus conventionnel, Woods Of Desolation qui officie dans un genre un peu plus visité à savoir le black metal à tendance dépressif.

Mais comme je le disais on est habitué à des groupes totalement fous ou malsains avec l’Australie, or Woods Of Desolation fait partie de ses rejetons les plus "doux" dira-t-on. Contrairement à d’autres groupes de black dépressif qui mettent l’accent sur un climat malsain et qui cherchent à susciter un sentiment de malaise, Woods Of Desolation a choisi de montrer la beauté que peut cacher toute cette tristesse refoulée. On retrouve le chant black arraché qu’on connaît déjà bien, le son un peu sec des guitares qui sont bien tranchantes comme le veux la tradition mais au niveau des ambiances on est dans quelque chose de plus lumineux que le reste de la scène black.

C’est plus mélancolique que réellement déprimant, et je serais tenté de dire que ça change pour une fois. Alors bien entendu les puristes qui veulent du crade et du malsain vont hurler au blasphème, les autres vont pouvoir profiter d’un très bon album. Ben oui je balance le verdict tout de suite, le groupe sait clairement y faire dans le domaine et nous livre plusieurs passages de toute beauté. C’est pas avec cet album que vous allez pouvoir animer votre prochaine fiesta je vous le dis tout de suite, non là c’est plutôt le genre de galette à écouter un jour d’automne en regardant par la fenêtre la pluie qui tombe depuis des heures.

En plus le groupe évite soigneusement le piège inhérent au genre qui veut qu’on fasse un album qui dure 10 plombes et qui peut se révéler chiant au bout d’un moment. Là ce "Torn Beyond Reason" ne dure que 38 minutes mais a au moins le mérite d’être parfaitement équilibré du coup, et puis si vous le trouvez trop court vous pouvez toujours le relancer. Les morceaux ne sont ni trop courts ni trop longs, par conséquent on ne regarde jamais sa montre et on se laisse emporter par la musique tout du long.

J’avoue que je ne connaissais pas le groupe jusqu’à maintenant, ils ont quand même sorti un album avant celui-ci auquel "Torn Beyond Reason" ne pourra par conséquent pas être comparé par mes soins. Inutile de dire que je vais partir à la chasse et voir si je peux mettre la main dessus, pour une fois qu’un groupe varie un peu la recette du genre ce serait dommage de faire l’impasse. Alors bien sûr d’autres l’ont fait déjà fait avant eux, mais ça se fait assez rare et si les mélodies un peu plus gentillettes ne vous posent aucun problème c’est du tout bon.

Donc voilà, il faut croire que c’est une période de bonnes découvertes pour moi en ce moment, encore un groupe à côté duquel j’étais passé et qui m’a agréablement surpris. Je le redis si vous aimez le black dépressif et mélodique vous avez là un très bon album, pas de longueurs, une bon niveau de composition, un son qui colle parfaitement au genre (ni trop propre, ni trop sale et parfaitement clair) et aucun morceau n’est plus faible que l’autre. En espérant que Woods Of Desolation nous gâte encore pendant un long moment, même si la scène black en général est quelque peu saturée ces dernières années les bons groupes devraient rester. Et mon petit doigt me dit que si ce groupe continue sur sa lancée, il a toutes les chances d’en faire partie.


Murderworks
Août 2011


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/woodsofdesolationofficial