Le groupe
Biographie :

Wrvth (parfois aussi connu sous le nom de The Wrath Of Vesuvius) est un groupe de death metal technique / deathcore américain formé en 2007 et actuellement composé de : Taylor Preston (basse), Joseph Serrano (batterie), Jeremy Larsen (guitare), Marcus Vasquez (guitare) et Thomas Vasquez (chant). Wrvth sort son premier album, "Portals Through Ophiuchus", en Novembre 2010 en autoproduction, suivi de "Revelation" en Juillet 2013 chez Rite Of Passage Records, de "Wrvth" en Juin 2015 chez Unique Leader Records, et de "No Rising Sun" en Août 2019.

Discographie :

2010 : "A World In Peril" (EP)
2012 : "Portals Through Ophiuchus"
2013 : "Revelation"
2015 : "Wrvth"
2019 : "No Rising Sun"


Les chroniques


"No Rising Sun"
Note : 20/20

A l’heure où je rédige ces quelques lignes, Wrvth n’est plus, ça m’apprendra à prendre quelquefois du retard sur la rédaction de mes chroniques. Soit, ces mecs nous laissent en héritage "No Rising Sun", un album intense, mélodique et écorché vif, un concentré de puissance pos-trock mêlé à du progressif avec des tonalités ultra sombres très prisées dans le genre deathcore. C’est un peu une production alien au sein de la myriade de sorties de son label, Unique Leader Records. Wrvth partage l’aspect technique, mélancolique et audacieux de certaines signatures du monstre américain, comme Osiah ou Krosis, mais avec un son résolument garage, largement moins aseptisé que les autres formations citées.

Dès les premières notes, ce qui frappe, c’est le chant, écorché, véritable témoignage d’une aliénation poussée à ses derniers retranchements. Ajoutez à cela le fait que celui-ci soit anormalement en retrait dans le mix, cela augmente le sentiment dramatique et misanthropique de la musique, comme si le chanteur essayait de percer le chaos sonore sans réellement pouvoir y parvenir, et ça sonne de manière réellement poignante. En élaborant un climat qui partage des guitares noisy mais à l’interprétation tracée au cordeau, avec des passages en sons clairs magnifiques, Wrvth propose un mix original de nombreuses influences, genre, un croisement haut de gamme entre The Deftones, Converge et Periphery, avec un drumming qui serait le parfait alliage entre Mastodon et Ulcerate, rien que ça ! Les parties instrumentales sont aussi prenantes que les moments chantés, les deux éléments s’harmonisent dans le contraste, le groupe agissant avec une extrême aisance pour surenchérir constamment en puissance et en intensité, comme sur "House Of The Centenary", qui arrive à un paroxysme intentionnel marquant, succédant à un pont en sons clairs magnifiques posés sur une batterie jazzy. Le titre qui succède à ce magma de puissance, "Undertow", est un track planant avec une intro qui semble vouloir rentrer dans le lard sans jamais vraiment se décider, laissant l’auditeur dans une attente insoutenable. Très aéré et aérien, avec du piano et des chants féminins qui ne font absolument pas tache, le morceau bascule sans prévenir dans le chaos, pile au moment où on se résigne à abandonner l’idée que cela va vraiment se produire, quel génie !

Difficile d’anticiper la direction que va prendre Wrvth, un morceau comme "Enshrined", par exemple, flirte sans complexes avec le black metal, pour retomber dans des phases d’arpèges cristallins, et l’alliance stylistique fonctionne à merveille. Tout au long de l’album, les chemins se croisent et s’entremêlent, "No Rising Sun" est la preuve de la grande schizophrénie dont souffre Wrvth, qui n’hésite pas à basculer parfois vers des sons mêlés à des agencements structurels guitare et basse très proches des délires d’un Robert Smith, en atteste la compo "Dust And Moonlight", ou comment transcender les delays et la réverbe pour créer de l’espace, puis tout condenser soudainement à grands coups de sons distordus, manière de briser l’auditeur en deux, encore une fois ?

Voici ici un album qui illustre à merveille la notion de contrastes, mais attention, ici ce n’est pas du petit contraste, ce sont des pics abrupts qui jonchent un terrain déjà sinueux. Le son lui-même est tout en contradiction, on y perçoit une forme de pureté alors que celui-ci est rugueux, presque sale parfois. Techniquement, on en prend plein la tronche également, mais l’intelligence avec laquelle ces Américains abordent le schmilblick démontre que technique et musicalité ne sont pas incompatibles. Wrvth prouve que l’intention musicale n’a pas besoin d’être intellectuelle pour sonner intelligente, il est la preuve d’une démarche intuitive d’atteinte vers la perfection, c’est suffisamment rare pour être souligné. "No Rising Sun" est complexe tout en étant simple, dur à écouter tout en étant accessible, moderne sans être trendy, ce disque représente la quintessence de tout le mouvement post-metal, post-rock, post-black ou tout ce que vous voulez, tout simplement parce que l’on entend au travers de ce skeud que les musiciens ne cherchent pas à dépasser quelque chose, ils ne s’inscrivent pas volontairement dans une démarche de modernité ou de dépassement des codes actuels, ils font leur musique, de manière innée, et c’est tout ce qui compte.


Trrha'l
Novembre 2020




"Wrvth"
Note : 18/20

La Californie m’a l’air d’être un terrain privilégie par Unique Leader Records car la plupart des groupes qui sont signés chez eux proviennent de cet état, et ce qui est génial, c’est que le label arrive à dénicher des groupes avec un réel potentiel dans le death metal, la preuve avec Fallujah qui a débuté chez eux et qui est désormais chez Nuclear Blast. Tout jeune mais pas non plus inexpérimenté, est-ce que Wrvth fait partie de cette catégorie de groupes ? L’album éponyme va donc nous montrer ce que la formation vaut réellement.

On commence ainsi avec le titre "Harrowing Years" qui va définir clairement le parti pris de la formation, combinant avec brio des passages très calmes et mélodiques avec par la suite une rythmique très nerveuse et technique, la voix variant de ton selon les passages joués. "Malaise" est dans la continuité du morceau précédent et se montre un peu plus nerveux, surtout au niveau des blasts avec en plus quelques passages typés deathcore, des breaks, et un rythme à la batterie qui peut faire penser à des parties 2-step. On se laisse emporter ensuite par l’instrumental "Looming Sigils" qui laisse un petit temps de répit avant de se prendre en plein dans la figure le morceau "Ongoing Dissension" qui se montre très agressif d'entrée de jeu et qui se révèle être assez technique et progressif, tout comme "Endless Haze". A partir de là, on sent une réelle progression dans l’album qui vogue dans plusieurs registres autres que le metal, et "Lured By Knaves" va confirmer cette impression avec le saxophone rajouté en plein milieu donnant un cachet très jazz et qui donne un véritable intérêt à ce titre.

On a aussi des ambiances typiques black ambiant qui vont se manifester sur "Forlorn" et "Larkspur" où l’on trouve de très beaux passages bien dynamiques et, étonnament, reposants, avec des solos dantesques mais c’est toujours le côté death prog qui prend le dessus. On a aussi le retour du saxophone, cette fois-ci accompagné d’un piano sur l’instrumental "Amber Glow" qui sonne de façon bien mélancolique et "Into Bloom" qui va confirmer cette direction où la voix va jouer un rôle primordial en donnant plus de puissance à ce titre. Enfin, "Cease To Exist" termine l’album avec cette sensation de sombrer lentement vers un sentiment de tristesse et de solitude qui se caractérise par l’accompagnement ambiant qui est encore plus sombre que dans les titres précédents.

Très singulier et captivant, l’éponyme de Wrvth nous montre bien que ce label sait dénicher les talents de demain dans le death metal moderne. Très loin de faire du djent ou du deathcore prog comme les débuts de Veil Of Maya, Wrvth nous offre une vision plus jeune et renouvelée du death metal progressif à la sauce californienne qui nous promet de sacrées claques à venir.


Herizo
Septembre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/wrvth