Profitons de la sortie du deuxième album de Xenobiotic pour faire le point sur un phénomène persistant, autant positif que négatif : l’essor exponentiel des groupes de technical deathcore. Il est de plus en plus difficile d’avoir un avis objectif sur ce genre de formations car pour la plupart d’entres elles, elles bénéficient d’un niveau technique extrêmement élevé et d’un son particulièrement travaillé. De ce fait, la majorité des sorties sont des bombes, ça c’est le point positif. Le point négatif maintenant, c’est qu’il y a tellement de groupes de ce genre sur le marché qu’on étouffe sous le poids de l’offre. Que faire, quel disque privilégier ? On a le même problème avec le brutal death ou le slam, ce sont des genres à la base dissidents par rapport à toute une partie du metal qui tend vers la popularité et l’accessibilité mais qui, au fil du temps, grâce notamment à des sorties de qualité, ont drainé de plus en plus de fans. Ainsi, ces genres marginaux deviennent des micros phénomènes de hype, avec ses propres tendances vestimentaires, sonores, etc. Un des principaux fautifs, le label Unique Leader qui inonde le marché avec des formations aux répertoires interchangeables, responsable donc de la sortie de ce "Mordrake", deux ans à peine après "Prometheus", disque déjà prometteur, sans mauvais jeu de mots (prometteur, prometheus...).

Vous l’aurez compris, vous êtes ici face à un véritable joyau métallique. Les Australiens nous gratifient d’un disque quasiment sans faiblesses. Le son est énorme, les compositions alternent des phases de violence inouïe, de passages planants, de riffs bien lourds, et puisent dans des formations aussi diverses que Meshuggah, The Black Dahlia Murder, les rapprochant ainsi de Rivers Of Nihil, Krosis ou Osiah dans la capacité à associer des riffs syncopés et des moments plus heavy. L’équilibre entre mélodie et agressivité est parfait, on a même droit à du chant clair, comme sur le titre "Saphris". Quelques touches de claviers viennent également parfois arrondir les angles, sans forcément jurer avec l’ensemble qui reste toutefois bien massif et prenant. Les solos de guitares ont aussi leur responsabilité en ce qui concerne la plus value mélodique, et possèdent cette saveur "djenty" bien actuelle du genre Periphery. Les riffs sont suffisamment techniques sans toutefois sombrer dans l’excès, et préservent une intensité majestueusement assumée tout au long des 11 titres. Tout n’est que puissance, le chant deathcore est juste parfait, le drumming respecte une interprétation tracée au cordeau, la basse remplit le bas du spectre avec détermination et les guitares possèdent ce son tranchant moderne, qui colle parfaitement avec le style. Quelques passages s’inspirent des formations comme Psycroptic ou Spawn Of Possession ("Grieving The Loss Of Self"), et d’autres moments rappellent les matheux de Meshuggah ou Ulcerate ("Acedia"), alors qu’une composition comme "Thalamus" positionne en avant le travail incroyable du batteur et met la violence en suspens pendant un poil plus d’une minute, la cohérence du tracklisting est remarquable.

Xenobiotic se montre non seulement capable techniquement de développer une musique complexe mais accessible, en respectant l’idiome du genre deathcore. Résolument actuel dans son approche musicale, "Mordrake" est un album qui alterne des phases intenses, et d’autres plus planantes, sans toutefois briser l’élan global. Le label Unique Leader balance une fois de plus une bombe atomique sur le vaste univers métallique, c’est incroyable le nombre d’armes de destruction massive à portée de main de ce découvreur de talents. Ce qui est malheureux, c’est que je sais pertinemment que mes prochaines chroniques concernant les futures productions du label ne seront qu’un pâle copier-coller de celle-ci tant le genre technical deathcore tourne en rond…