Le groupe
Biographie :

Yeruselem est le projet de deux membres de Blut Aus Nord : Vindsval (guitare, basse, chant, synthé) W.D. Feld (synthé). Yeruselem sort son premier album, "The Sublime", en Février 2019 chez Debemur Morti Productions.

Discographie :

2019 : "The Sublime"


La chronique


Nouvelle signature de chez Debemur Morti, Yeruselem n'en est pas un groupe d'inconnus pour autant puisque c'est le nouveau projet de Vindsval et W.D. Feld, tous deux membres de Blut Aus Nord. On entend d'ailleurs la filiation mais si les deux bougres se sont exprimés sous un autre nom ce n'est pas pour rien et ce premier album nommé "The Sublime" a quelque chose de plus à proposer.

Je pourrais caricaturer en disant que sur "The Sublime" on peut entendre Blut Aus Nord copuler avec Godflesh mais ce serait un poil réducteur et ne rendrait pas justice à ce premier album. Cette simplification a toutefois le mérite de situer grosso merdo la bête et l'univers qu'elle nous a créé sur ces neuf morceaux. Le titre éponyme qui ouvre l'album annonce de toute façon la couleur après quelques secondes d'ambiant avec l'arrivée de ce chant clair habité que l'on connaît bien chez Blut Aus Nord, le tout sur fond de beat electro assez posé. La filiation avec Blut Aus Nord se fait surtout au niveau des mélodies puisque l'on reconnaît évidemment la patte des compositeurs communs. Thématiquement, on retrouve tout de même un lien avec Blut Aus Nord, ne serait-ce que par ce morceau "Triiiunity" qui rappelle le split du même nom avec P.H.O.B.O.S. Mais comme je le disais, Yeruselem propose un univers bien à lui et les ambiances sont bien différentes de celles que l'on peut entendre chez Blut Aus Nord. On retrouve quelque chose de glauque certes, de sale même, mais d'une façon plus contemplative et solennelle même si les ambiances malsaines sont toujours de la partie. Ce premier album a tout du voyage initiatique ou de l'introspection musicale et si la musique proposée ici est suffisamment barrée pour faire fuire les frileux, il n'empêche qu'elle présente un visage peut-être plus humain que ce à quoi ces deux alchimistes du son nous ont habitués. Et pourtant, il y a encore largement de quoi se perdre sur "The Sublime" tant chaque morceau arrive à nous montrer une facette particulière. La personnalité est marquée mais derrière l'homogénéité apparente se cache une multitude de miroirs qui envoient un reflet différent à chaque fois. Certains compareront "The Sublime" aux moments les plus ambiants ou electro de la trilogie "777" de qui on sait mais là encore c'est trop facile et en dehors des sonorités electro ou indus, le parallèle est trop réducteur.

Toujours est-il que "The Sublime" est le genre d'album qui va vous demander de vous abandonner à son univers, de vous plonger pleinement dans ces morceaux tortueux qui ont tout du sable mouvant musical. Comme d'habitude quand vous croyez avoir saisi un point d'accroche, l'album vous glisse entre les doigts et vous montre un autre visage. Et pourtant, comme je le disais, on sent une homogénéité indéniable mais le groupe ne s'attarde pas deux fois sur la même ambiance et vous prend à contre-pied d'un titre à l'autre. Tantôt belle et contemplative, tantôt torturée et vicieuse, la musique de Yeruselem ne se laissera pas saisir si facilement, mais si vous connaissez les responsables de la chose, vous savez pertinemment que vous n'allez pas tomber sur de la musique fast food. On sent ici une forme de résignation, de contemplation, d'abandon. Même dans ses moments les plus durs, sur "Joyless" par exemple là où la fusion avec Godflesh s'entend vraiment, la musique de Yeruselem arrive à conserver une certaine forme de beauté. La musique de ce groupe est une musique de paradoxe, de contradictions. "The Sublime" prouve en tout cas s'il en était encore besoin que ces gars-là ont une vision artistique nette, vision que je ne suis pas sûr de saisir ne serait-ce que thématiquement. Mais ce flou et cette difficulté à saisir pleinement de quoi il en retourne est volontairement. Que ce soit avec Yeruselem, Blut Aus Nord ou n'importe quel projet auquel ils ont pris part, les maîtres d'œuvres ont toujours pris soin de laisser un flou sur leurs intentions. A nous de nous plonger dans leur univers, de fouiller, de ressentir et d'interpréter ce que l'on peut. Si c'est bien l'illumination qui est contenue par ce sublime alors il est évident que les clefs ne nous seront pas données en main, il va falloir trouver le chemin et faire nous-mêmes les questions et les réponses.

Un premier album habité qui ressemble à une démarche initiatique ou introspective et qui va vous happer pendant trente-six minutes éprouvantes. Une épreuve émotionnelle plus que sonore, car "The Sublime" n'est pas un album qui cherche à agresser vos tympans. C'est votre âme qu'il vise et je vous préviens tout de suite l'expérience va être mouvementée.


Murderworks
Mars 2019


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/yeruselemprojekt