Le groupe
Biographie :

YucK est une formation de "metal’n’roooll" de Rouen composé des individus suivants : Jérémie Augé au chant, Sebastien Fercoq à la batterie, Stephane Gouby à la basse et enfin Julien Payan à la guitare. "YucK" est le nom qu’avaient adopté Jérémie et Julien il y a bien longtemps pour désigner l’activité qui consistait à se réunir pour essayer de faire de la musique ensemble. Les nombreux changements de line up et l’évolution du style pratiqué auraient peut-être nécessité de changer de nom, mais très attaché à celui-ci, les deux musiciens ont préféré le conserver. Considérons donc qu’un historique détaillé des frasques et galères du groupe depuis ses débuts serait inutile et ennuyeux, et que YucK n’est qu’une entité cohérente et efficace que depuis la constitution de son line up actuel, c'est-à-dire depuis début 2006. Le groupe trouve alors une stabilité et une homogénéité qu’il n’avait jamais eu. Le style, le son et l’image du groupe évoluent alors à la croisée d’influences plus ou moins éloignées, en marge de la tendance actuelle qu’a le metal Français à se ranger dans la boîte "brutal" et paradoxalement à aseptiser de nombreux aspects musicaux (le son, la forme, les contrastes, la prod, etc…). YucK peut donc être aventureusement défini comme un groupe de metal’n’roll piochant dans le black, le thrash, et le rock des 70’s-90’s pour proposer une musique originale, spontanée et sincère. En Juillet 2008, le groupe fait appel à la structure Postghost Recordings pour enregistrer son premier album. La collaboration est si fructueuse tant sur le plan musical qu’humain que les deux parties décident de sortir l’album en "partenariat", dans une démarche d’indépendance artistique et idéologique qui leur est chère. Le travail actuel de YucK et de Postghost consiste donc à exploiter le potentiel du groupe à s’exprimer sur scène pour toucher de nouveaux publics et faire entendre cet album. Le deuxième album, "This One Is Good", voit le jour le 8 Octobre 2011, une fois de plus chez Postghost Recordings.

Discographie :

2002 : "Miscarriage"
2009 : "Do It Yourself"
2011 : "This One Is Good"


Les chroniques


"This One Is Good"
Note : 15/20

Ce qui est cool dans le "boulot" de chroniqueur, c’est la découverte… C’est de recevoir le CD d’un groupe au nom barbare, YucK en l’occurrence (à ne pas confondre avec le groupe d’indé Anglais du même nom), sans trop savoir à quoi tu auras affaire et de te prendre une méchante petite claque que tu n’avais pas senti venir… ça c’était en 2009 et ce premier album s’appelait "Do It Yourself" ! Alors forcément quand on m’a proposé de chroniquer le tout nouvel album des Normands j’ai répondu banco à l’idée de remettre le couvert ! Petit rappel nécessaire à ceux qui découvriraient le groupe avec cet album, YucK est une formation assez atypique qui pratique un hybride de black metal aux accents grunge pour ne pas dire bluesy, et c’est justement cette richesse aux niveaux des influences qui fait toute l’originalité du groupe !

Ceux qui comme moi apprécient le cocktail peuvent se réjouir car YucK fait toujours du YucK, et visiblement ce n’est pas demain la veille que le groupe changera son style… tant mieux ! Voici donc une nouvelle dose de black’n’roll furieusement groovy, le genre d’album qui sent à plein nez la graisse de moteur, l’alcool, la fumée, le sexe moite et enfiévré, la poésie… euh non là je m’égare ! Autant être franc dès le début, cette galette n’est sans doute pas exempte d’imperfections et sonne même roots au niveau de la prise de son, à mille lieues des productions bien propres, bien lisses et presque "trop" parfaites qui sont devenues monnaie courante mais qui sont aussi trop souvent dénuées d’âme, YucK c’est tout l’inverse. Au lieu de jouer la performance à outrance et de vouloir nous en mettre plein la vue, ces mecs là ont choisi d’écrire de vraies chansons, et je pèse mes mots, vous savez ces airs qui vous rentrent en tête avec couplets, refrains et que vous vous surprenez à chanter dans votre coin longtemps après l’écoute ? Et ouais, deux ans après "Mine Is Bigger" ils nous refont le coup !  J’ai aussi pour ma part remarqué que les envolées guitaristiques typées heavy metal, voire même un peu thrash à la Metallica étaient globalement plus présentes que sur l’opus précédent, et ce n’est sûrement pas la présence de ces diaboliques solos de guitare qui me donneront tort !!!

L’album s’ouvre sur le titre "Legacy" au tempo très élevé qui rappellera à l’auditeur, si besoin est, la présence de véritables racines black metal dans la musique de YucK. La voix du chanteur Jérémie Augé n’y est d’ailleurs pas étrangère car elle possède ce grain à la fois crade et froid qui n’est pas sans m’évoquer Immortal une fois de plus, car je me souviens m’être fait la remarque à l’époque du premier album. Arrive ensuite en seconde position l’énorme "I Will Not Close My Eyes", un titre furieusement heavy qui réveillera des envies d’headbanguer aux plus réfractaires d’entre vous. Sur ce titre la filiation avec les suédois d’Entombed semble évidente tant YucK nous délivre un titre death’n’roll d’excellente facture où pointe un génialissime riff black metal bien rapide… Nul doute qui si j’étais un biker Norvégien j’écouterais YucK… mais bon j’habite à Lille et j’ai pas de moto… qu’à cela ne tienne, j’écouterais quand même pour me consoler, d’autant plus que le titre 3 "Alone In Heaven" est sans conteste l’un des meilleurs et des plus intéressants morceaux de cet album. Avec au départ de faux airs de ballade presque bluesy et ce chant à la limite du parlé, il ne faut cependant pas longtemps pour qu’un refrain efficace n’entre en jeu au moyen d’une session rythmique irréprochable et d’une ligne de guitare implacable… Le genre de titre à la fois simple, efficace, diaboliquement bien fichu qui vous reste longtemps en tête ! Une fois n’est pas coutume, je ne vous ferai pas une analyse piste par piste du reste de l’album, d’autant plus que j’ai personnellement trouvé le milieu de celui-ci un peu moins convaincant. Attention il me faut toutefois relativiser, rien de mauvais au rendez vous non plus, toujours est-il que j’ai déjà trouvé le groupe plus inspiré et moins redondant dans son écriture peut être ? Force est d’admettre cependant que "We Search For Soul" en piste 5 est une très sympathique chanson à fredonner entre potes une bière à la main, ou encore que le riff tourbillonnant et le solo de guitare de "Nocturn" en piste 6 sont très bien trouvés…

Que les fans se rassurent donc car ça sent toujours autant la fumée, l’alcool et le sexe chez YucK, d’autant que les Normands n’ont rien perdu de leur précieuse verve imagée. Preuve en est avec la piste 7 "Gimme More" qui commence par un très poétique "I want to show you my cock" et qui se révèle comme sans doute l’un des meilleurs morceaux de cette galette avec ses nombreux breaks, son tempo effréné et son refrain fédérateur qui fait taper du pied à l’unisson de cette batterie qui tabasse… En 3’30 c’est plié mais c’est foutrement efficace et jubilatoire ! Le travail sur les grattes est toujours aussi costaud et admirable, d’autant plus quand on sait qu’elles sont assurées par Julien Payan, seul et unique guitariste de la formation ! Heureusement celui-ci peut s’appuyer sur une basse massive à la disto bien grasse pour étoffer le tout… Une fois de plus l’enregistrement réalisé au studio maison du label Postghost Recordings confère au groupe un son bien puissant et crade, propice à sa musique. Enfin, pour conclure cet album, le groupe nous fait la surprise de reprendre leur titre "To Redemption", déjà présent sur leur premier opus mais dans une version différente, exit la voix féminine, il s’agit ici d’une "plugged" version comme ils le disent eux même, et également pour moi sans conteste l’un des sommets de ce deuxième album. Voici donc un titre un peu plus mid tempo certes mais qui d’un autre côté gagne en conviction car le moins que l’on puisse dire c’est que la musique illustre bien son propos avec ces airs de ballade désabusée aux accents rageurs… Une pure réussite donc, qui nous démontre au passage une autre facette de ce groupe tout à fait capable et à l’aise quand il s’agit de nous proposer de jolies mélodies.

La boucle est bouclée et YucK ne nous a pas menti en choisissant le titre de son album… "This One Is Good" assurément, il est même très bon parfois. Certes on pourra regretter la disparition de l’effet de surprise propre au premier album mais d’un autre côté on se félicitera d’être les témoins privilégiés d’un groupe qui a su trouver une expression musicale bien personnelle et qui nous offre une fois encore un disque typé et atypique dans le paysage musical environnant. Mine de rien, y parvenir relève presque de la gageure et rien que pour ça respect leur soit rendu… Une formation à soutenir assurément !!!


Ihsahn62
Mars 2012




"Do It Yourself"
Note : 17/20

Je sais pas vous mais perso j’ai toujours aimé les surprises, et là je dois avouer que pour la peine j’ai été gâté ! Je ne connaissais rien de cette formation nommé "YucK", j’ai donc reçu par la poste leur album et j’avoue que déjà l’artwork m’a intrigué. Une petite galette toute blanche, une lettre de présentation et un sticker montrant un "guignol" menaçant armé d’un couteau et juste cette petite phrase d’accompagnement "Do It Yourself"... Autant vous dire que je pensais presque avoir affaire à du "funeral black" bien suicidaire mais il n’en était rien. La curiosité était grande quand j’ai enfourné le CD dans mon lecteur… 1, 2, plusieurs écoutes dans les semaines qui ont suivi, et j’avoue le constat est sans appel : YucK ça le fait grave ! En fait, pour vous donner une petite idée ce groupe ose le défi d’un mariage des genres assez atypique, et le résultat contre toute attente s’avère excellent ! Un "trip" musical aux relents de black metal, un peu grunge, un peu sludge, un peu stoner, un peu punk, un peu tout ça à la fois, et définitivement rock’n’roll ! YucK ose et surprend, les breaks sont nombreux, ainsi on passe allégrement d’une partie "bluesy" à un riff black épique presque "nordique", le tout avec une surprenant cohésion, c’est vous dire le parti pris de ce groupe de surgir là où on ne l’attend pas… et force est d’admettre que c’est fait avec un certain talent et même un talent certain ! Le groove n’est jamais loin, on pense de temps à autre, au "death’n’roll" que pratique les Suédois d’Entombed, des parties accrocheuses, qui nul doute doivent prendre toute leur intensité en live lors de shows qui promettent d’être explosifs car y a pas a dire ces titres sont taillés pour la scène ! S'ils passaient prés de chez moi, j’aimerais volontiers assister à ça ! La production confiée au studio Rouennais Postghost Recordings  est excellente, rien à redire, à la fois claire et puissante. Il en résulte un son assez poisseux, ça sent le whisky, la moiteur, l’ambiance enfiévrée des bars… Bref idéal pour ce style musical ! Niveau mise en place, chaque instrument à le loisir de se faire entendre (et notamment la basse, ça fait plaisir) même si il est clair que l’un des gros points forts de ce groupe réside en la guitare d’un certain Julien Payan ! La batterie aussi est assez impressionnante et surprenante, tantôt rock’n’roll, tantôt metal, tantôt punk, et même militaire sur la fin du premier morceau ! La voix est assez rugueuse, assez crade, typé rock’n’roll voire stoner, là encore l’ombre d’Entombed n’est pas loin même si de temps à autre des vocaux aigus typés blacks se font entendre…

Des tubes cette galette en regorge, et le début du disque se montre particulièrement riche, "The Smell Of Cold" est une pure tuerie, "Virus" est tout autant une bombe potentielle ! La piste 4 titrée "Hermit" nous offre un riff épique que n’aurait pas renié les Norvégiens d’Immortal. Mention spéciale pour la piste suivante "Mine Is Bigger", une petite perle de "blues metal" hyper efficace et qui comme son nom l’indique nous montre que les YucK ne sont pas dénués d’humour ! "Denying The Tree" nous envoie à la figure une intro et un riff typiquement "black metal", voix aigue à l’appui ! Même si à mon humble avis le reste de la galette n’est pas aussi bon il faut avouer que le niveau reste plus qu’acceptable ! C’est juste que l’effet de surprise se ressent forcément moins, maintenant qui sait ? Peut être mon avis serait il différent si j’avais écouté cette galette en mode "Shuffle" ? Enfin croyez moi, vous trouverez ici largement de quoi rassasier vos oreilles en mal de nouvelles sensations musicales… Ils osent même nous faire le coup de la fausse ballade en piste 8 avec le titre "Decline" mais bon on ne change pas aussi facilement sa nature, et à peine ont il réussi à le tenir éloigné 2 minutes, que leur naturel "groovy crado" revient au galop ! Petite remarque cependant, je leur dois des excuses car en piste finale, oh surprise, c’est effectivement à une vraie  ballade titrée "To Redemption" qu’on à droit, un morceau beau et triste à la fois, qui permet à Jérémie le chanteur (accompagné au passage d’une chanteuse) de nous montrer l’étendue de son talent (pfff, comme s'il en avait besoin ?), bref une très belle parenthèse musicale pour "redescendre" après les 10 brûlots qu’ils nous ont envoyés avant !

Ah que c’est sympa de tomber sans s’y attendre a un groupe avec une vraie identité musicale ! Ou alors quand bien même m’évoquerait-il des influences, voici un groupe qui parvient a en faire une vraie "purée musicale" si goûtue et appréciable ! Cool les mecs, vraiment cool ! En bref, enfin un groupe VRAIMENT original comme il est, soyons honnête, rare d’en trouver tant il devient parfois de nos jours difficile d’être surpris ! YucK nous offre ici une très jolie carte de visite et risque bien de remporter tous les suffrages des auditeurs tant cette œuvre est variée, inspirée et insuffle un vrai vent de fraîcheur par sa diversité. Pondre un 1er album marqué d’une identité aussi forte relève du vrai exploit et rien que pour ça je leur tire un grand cou de chapeau ! Il s’agit sans conteste d’un groupe à surveiller de très prés, tant ils ont le mérite de transgresser les genres mais surtout de s’en sortir avec autant de panache, gageons qu’avec autant de talent, l’avenir semble radieux pour eux… Frileux, conservateurs, "true", passez votre chemin, par contre si vous êtes un minimum ouverts d’esprit métalliquement parlant, ou tout simplement amateur de rock, jetez une oreille sur ce groupe, vous risqueriez fort, tout comme moi d’être très agréablement surpris !


Ihsahn62
Mai 2009


Conclusion
Le site officiel : www.myspace.com/yuckvork