Le groupe
Biographie :

Zaum est un groupe de doom metal psychédélique canadien formé en 2013 et actuellement composé de : Kyle Alexander McDonald (basse, sitar, synthé, chant / Shevil, John Jerome & The Congregation, ex-Cop Shades, ex-Pervert, ex-The Woods), Christopher Lewis (batterie / Iron Giant, ex-Manlord, ex-Skinkeeper, Konjurer, ex-Hope, ex-Mighty Trust Crusher, ex-Mood Cadillac) et Nawal Doucette (clavier). Zaum sort son premier album, "Oracles", en Juin 2014 sur le label I Hate Records, suivi de "Eidolon" en Octobre 2016, et de "Divination" en Avril 2019 chez Listenable Records.

Discographie :

2014 : "Oracles"
2016 : "Eidolon"
2019 : "Divination"


Les chroniques


"Divination"
Note : 17/20

Plus étrange que l’histoire du nain au moignon qui me propose des Chocapics à minuit vingt-huit dans l’une des artères principales de cette capitale nocturne qu’est Tourcoing, voici le nouvel album de Zaum. Déjà, soulignons que rien que l’évocation du blase, "Zaum" nous promet tout un alliage d’aventures et de mésaventures. Le titre de l’album, quant à lui, ne pouvait invoquer qu’un melon improbable et un penchant non dissimulé pour l’amour de soi. L’artwork, de son côté, nous fait doucement redescendre sur terre avec l’appel à l’ermitage du personnage descendant de la montagne (sans cheval).

Psychédéliquement lent et doomesquement rituel, Zaum est au sludge ce que l’encens est à la messe : la touche ambiante. Le trio canadien, explorant toujours les cultures ancestrales, évoque par ce troisième album ses penchants les plus affirmés pour l’occulte, le sacrifice et les pyramides carrées. Si la longueur des titres peut rebouter un tantinet, notamment "Relic" qui ouvre l’album et entame un périple de plus de vingt minutes, l’écoute ne s’avère pas si longuette que cela. Zaum traçant un univers intriguant et complet. Si bien que l’oreille assiste à un remake sonore de ce qu’une épopée de Lara Croft nous réserve de mieux (les seins en moins). Par de rares éclaircies agressives, Zaum fait d’ailleurs tonner ses cieux musicaux et par là le confort que les trois historiens s’étaient acharnés à construire ("Pantheon"). Bien au-delà, "Divination" se mue, comme son ultime piste, en "Procession". "Divination" se lisant (et s’écoutant) comme une ode aux anciens et à leurs civilisations pourtant si mystérieuses mais essentielles quant à ce que nous sommes aujourd’hui.

Alors Zaum (à tes souhaits !), regarde ce que trois Canadiens presque aussi inspirés qu’un pancake au sirop d’érable peuvent pondre lorsque de vieux mayas leur racontent leurs histoires de famille. Et, d’ailleurs, nous finirons avec la blague zoophile (qui a déjà trop tourné d’ailleurs) la plus courte de l’histoire : c’est l’histoire d’un Canadien qui prend son élan.


Rm.RCZ
Juillet 2019




"Oracles"
Note : 16/20

Si "Oracles" est le premier album de ce duo canadien, c'est pas pour autant qu'ils sont des novices en matière de stoner / doom / rock puisque l'un et l'autre évolue au sein de Shevil et Iron Giant. Alors pourquoi faire un projet, à priori du même acabit et décider d'un tel patronyme ?... Si la scène actuelle pullule de groupes de cette trempe jusqu'à l'overdose, Zaum s'inscrit dans une démarche plus expérimentale, psychédélique. En fait, rien de vraiment neuf à l'horizon me direz-vous, si l'on pense aux albums de YOB, Sleep ou encore OM. Pourtant, cet "Oracles" arrive à se démarquer par la qualité de son concept et l'esprit "shamanique" qu'il évoque.

Dès les premières secondes du premier titre "Zealot", nous sommes plongés dans un univers de hippie, à grand renfort de didgeridoo, de sitar, d'un orgue plutôt sinistre et d'une rythmique (pas de guitare ici, seulement une basse saturée) hypnotisante. Le texte quant à lui est déclamé en voix claire comme une psalmodie. Il y a quelque chose de très religieux là-dedans, mais une religion nomade qui prend tout son sens dans un no man's land et particulièrement dans le désert, comme nous l'indique la pochette. "The Red Sea" enfonce le clou avec son esprit Moyen-Orient, ses terres arides et ses mystères originels. Zaum n'est pas avare d'effets sur les voix comme pour mieux renforcer l'aspect incantatoire et perdre l'auditeur dans une transe psychédélique en jouant sur les boucles rythmiques. C'est l'abolition des frontières, qu'elles soient sonores, temporelles, géographiques ou spirituelles. Avec "Peasant Of Pathia" qu'il est possible d'imaginer comme un récit décadent d'avant la chute de Babylone, ou encore comme la bande son favorite des soirées orgiaques de la secte Thulsa Doom dans Conan Le Barbare. Enfin, c'est un "Omen" lancinant et proche d'un Godflesh organique, enfumé, les poches pleines de sable qui clôt cet album énigmatique et passionnant.

Les plus aventureux d'entre vous ne peuvent décliner l'invitation à cette musique crépusculaire en mode Touareg. Dépaysement total pour un retour à la gloire des années 70 également dans sa quête la plus radicale des paradis perdus, artificiels, allant jusqu'au mysticisme. Encore une fois, le label I Hate Records a fait fort avec Zaum !


Boris
Décembre 2014


Conclusion
Le site officiel : www.zaum.ca