La review

6:33 + ACYL + MALEMORT
Le Divan Du Monde - Paris
20/04/2017


Review rédigée par Candice


C’est une soirée plutôt sympathique qui s’annonce en ce jeudi à Paris, qui mêlera le rock bourrin de MALEMORT, le metal ethnique de ACYL à la folie spectaculaire des rois de la soirée 6:33. Le public ne tarde pas à arriver bien avant l’ouverture des portes, l’excitation est grandissante.



MALEMORT ouvre les hostilités, et ce sans prendre de gants ! Il nous jouera ce soir une grande partie de son dernier album en date – qui est soit dit en passant très bon -, "Ball Trap" (2016), et démarre avec le titre éponyme, dans une envolée de riffs et de phrasés hyper efficaces. Impossible de mettre une étiquette sur leur style. C’est un mélange de thrash mélodique, de rock rentre-dedans, le tout teinté d’une influence speed chanté en français. Xavier, en très bon frontman qu’il est, chauffe le public qui ne se fait pas prier. "Madame" et "Brûle", toujours du même album, sont une vraie bouffée d’air frais. Bourrés d’une énergie très bien maîtrisée, ils dégagent une puissance groovy qui met tout le monde d’accord. Le groupe, tout sourire du début à la fin est également très communicatif, c’est un bonheur de le voir sur scène. La tempête se calme néanmoins pour faire place à un morceau plus lent et mélancolique, "Le Domaine". Le refrain très catchy appuie la magnificence de ce titre plein de feeling, je suis charmée. La soirée se poursuit sous le signe de la bonne humeur et de la fête, notamment avec "Mille Regards", titre au son speed / thrash old school qui lui aussi nous balance en pleine tête un refrain tout simple mais du tonnerre, qui m’est d’ailleurs resté en tête pendant plusieurs heures ! Hélas, nous arrivons trop rapidement au dernier morceau "Cabaret Voltaire", et je crois bien que c’est le titre que j’ai préféré. Construit comme un titre à l’ambiance et au style rétro, sa rythmique à la guitare est irrésistible, ça se bouge dans le pit ! C’est sur cette note joyeuse et dansante que MALEMORT quitte la scène, sous une salve d’applaudissements. Super boulot qui ne fait qu’accroître notre impatience de voir ACYL et 6:33 !



ACYL est donc le deuxième groupe à illuminer notre soirée, et la scène, surmontée de quelques instruments traditionnels, est envahie de couleurs chaudes et tamisées. Le groupe entame son set avec un morceau du dernier album ("Aftermath", 2016), "Finga". Nous entrons dès les premières secondes dans leur univers metal progressif, teinté de musiques et chants traditionnels algériens. Ce morceau est magnifiquement interprété par tous les musiciens, et la voix de Amine est belle et puissante. Impossible de résister aux rythmiques très entraînantes, ou encore aux chœurs fièrement portés par Reda et Abder'Rahman (guitares). "The Battle Of Constantine" poursuit dans l’équilibre parfait de ces deux forces. Le morceau commence par des chants traditionnels, pour enchaîner sur du death aux riffs lourds et saccadés, à la sonorité très moderne. ACYL, lui aussi très communicatif, fait régulièrement des pauses entre les titres pour nous présenter leurs nombreux instruments folkloriques – hélas j’ai oublié les noms de la plupart, honte à moi ! -. Chaque membre joue entre deux et trois instruments, je dois avouer que je suis soufflée par leur talent. Je ne suis évidemment pas la seule, un coup d’œil autour de moi me suffit à constater que tout le public est conquis. Le groupe nous entraînera d’ailleurs à danser avec lui, et c’est de bon cœur que nous nous prêtons au jeu, nous sommes avant tout ici pour nous amuser et passer un bon moment ! Après un court passage au guembri joué par Amine, "Gibraltar" retentit. Il est davantage axé metal, entre le chant criard et les guitares typiquement death. Sa structure progressive laisse tout de même place à des bridges lents en voix et instrus clairs. Nous faisons un voyage dans le passé en déterrant quelques titres de "Algebra", dont l’excellent "Head On Crash" qui enchaîne sur "Ungratefulness", l’immersion est totale. Mais l’heure tourne, et nous arrivons déjà à la fin du show… c’est "Creation Chapter 3 : Autonomy" qui se charge de nous en mettre plein les oreilles une dernière fois. Nous sommes toujours autant conquis par les chants aussi justes que bouleversants, et cette rythmique du tonnerre propre au groupe. Cette performance magique et dépaysante me fait simplement regretter de ne pas le voir en tête d’affiche, car c’est là qu’ACYL a sa place.



C’est au tour des excentriques de 6:33 de faire le show. La scène, cachée par les rideaux latéraux, mettra d’ailleurs une bonne quarantaine de minutes à être installée. Les rideaux s’ouvrent, et là, c’est la surprise. Entre freak show, bizarreries et projections animées, le spectacle promet d’être grandiose !
Les membres de 6:33 déboulent costumés de la tête aux pieds, comme à leur habitude. Nous sommes à la croisée des univers de Tim Burton et Slipknot, ce qui donnera naissance à "Hellalujah", premier titre à être interprété. Je vous avais prévenus, c’est assez dingue. On commence par quelques secondes de gospel, pour enchaîner sur du rock / pop pétillant et groovy. En revanche le mixage entre les différents instruments ne nous permet pas de bien les percevoir, et la voix de Rorschach est hélas un peu faiblarde. Cependant celui-ci a un tel jeu de scène que l’on se laisse tout de même emporter dans son monde fou et pervers. 6:33 nous jouera ce soir quelques titres parlants même pour les non-connaisseurs du groupe – moi y compris !-, notamment "I Like It", qui fait immédiatement réagir la foule. Ce petit titre relativement calme et posé a une saveur très rétro et 50’s, Rorschach entame le refrain voluptueux d’une voix charmeuse qui va bien. On enchaîne les hits du groupe avec "Black Widow" qui, elle, est déjà bien plus barrée et représente à la perfection la patte 6:33. On retrouve toujours ces sonorités oldies profondément groovy, qui s’ajoutent à des rythmiques et phrasés entraînants. Visuellement on ne s’éloigne pas du sujet non plus, avec des projections adéquates et parfaitement synchronisées avec la musique live. Les lumières vives et chatoyantes couronnent ce beau plateau, qui est le véritable plus de ce concert. Malgré tout cela je dois avouer qu’il manque un petit quelque chose dans la performance de 6:33, et mon attention a fini par se relâcher. Comme pour me contredire, l’ambiance change soudainement, des percussions à sonorités tribales retentissent dans toute la salle et la scène se vêt d’une lumière verte, j’attends la suite avec curiosité. C’est parti pour "The Walking Fed" ! Décalé et musicalement plus sombre que ses confrères, cet OVNI apporte une certaine fraîcheur au set. La soirée se poursuit dans ce tourbillon de couleurs et d’expérimentations musicales, Rorschach est très joueur et proche de ses fans, amour qu’ils le lui rendent bien.
Après l’incontournable "I’m A Nerd" que l’on imagine très bien être dans un film d’animation à la Tim Burton, 6:33 termine sa prestation par "Giggles, Garland & Gallows, Pt. 2 (M.I.D.G.E.T.S.)", morceau sympathique qui fait déchaîner la foule une dernière fois. Concert réussi donc pour 6:33, "L’Asylum picture show 2.0" a fait sensation. La différence entre leurs prestations en studio et en live est certes un peu visible, mais cela ne m’a pas empêché de passer une bonne soirée dans leur univers riche et varié.