La review

ABORTED + CRYPTOPSY + BENIGHTED + CYTOTOXIN
Le Petit Bain - Paris
05/11/18


Review rédigée par Matthieu


Ce soir, le Petit Bain va encore en prendre pour son grade. ABORTED débarque pour retourner le bateau en très bonne compagnie, puisque ce sont CRYPTOPSY, BENIGHTED et CYTOTOXIN qui passent avant eux. Mon bateau parisien préféré survivra-t-il à ce massacre ? En tout cas, à quelques minutes de l’ouverture des portes, nous ne sommes même pas une dizaine. Mais il est tôt, et les artistes se baladent entre le stand de merch et les coulisses.



L’alarme retentit, et CYTOTOXIN monte sur la scène, décorée pour l’occasion. Grimo (chant), arborant son masque à gaz (tout comme l’un des spectateurs) et portant un bidon estampillé du signe radioactif progresse lentement entre ses musiciens, et l’assaut est lancé. Jason (guitare) commence alors un tapping endiablé pendant que Fonzo (guitare), V.T. (basse) et Stephan Stockburger (batterie) alignent une rythmique lourde qui souffle la salle, malheureusement vide. "Alright, thank you Paris" lâche calmement Grimo avant d’enchaîner sur un autre morceau de leur fameux "Chernobyl Death Metal". La fosse, qui peine à se remplir, commence à s’agiter un peu, tout en répondant au chanteur qui s’adresse à la fosse entre les morceaux, avant de sortir son panneau rond-point pour demander un circle pit. Lors de certains breaks, il n’hésite d’ailleurs pas à ouvrir les bras tout en tenant son micro directement dans sa bouche. "This next song is from our first album, it’s the title track so you should wear masks for the "Plutonium Heaven"… Oh he’s not ready" plaisante le colosse, désormais torse nu. Et encore une fois, CYTOTOXIN envoie un son à la fois lourd et d’une technicité remarquable, mais ce n’est visiblement pas assez pour le chanteur, qui descendra directement dans la fosse lancer le mosh pour le dernier morceau, avant d’achever ce (beaucoup trop court) set sous des applaudissements mérités, qui ont visiblement réveillé la salle.



Le changement de plateau est rapide, et les dernières balances sont effectuées en vitesse. "Bon, eh bien on commence !" lance Julien (chant). Pas besoin d’introduction, BENIGHTED commence avec du sale et du violent, mais le public est cette fois-ci au rendez vous dès les premières notes. Derrière ses fûts, Kévin Paradis (batterie) est totalement dans son élément et fait pleuvoir ses blasts pour le plus grand plaisir des amateurs du groupe. De chaque côté, Emmanuel Dalle et Fabien “Fack” Desgardins (guitares) martyrisent leurs cordes pendant que Pierre Arnoux (basse) tabasse littéralement son instrument en souriant, un pied sur le retour quand il ne hurle pas dans son micro en compagnie du frontman qui déambule, comme à son habitude, pieds nus sur la scène. "On est partis pour une minute vingt-huit de violence, et je les dédie à mes amis américains qui sont venus spécialement pour nous ! It’s for you my friends !" hurle Julien avant de lancer à nouveau l’assaut. Encore une fois, la fosse se déchaîne sur les rythmiques des Stéphanois, pendant que quelques slammeurs commencent leur manège. "Paris, vous êtes putain de monstrueux !" lance le chanteur. "On a un nouvel EP, "Dogs Always Bite Harder Than Their Master" ! Non mais quelle idée de mettre un titre aussi long... en tout cas, on voudrait le dédier aux trois groupes avec qui on fait la tournée ! Faites du bruit !". Les membres n’hésitent pas à se mettre en avant en jouant pour haranguer la foule, et le show se poursuit dans la violence. "Putain ce bordel... eh vous allez nous tuer ! On arrive au dernier morceau, on revient bientôt !" déclare le frontman avant de mettre définitivement tout le monde d’accord avec le dernier titre de leur setlist, avant d’être applaudis.



La scène est à nouveau déménagée, et les musiciens montent pour effectuer leurs derniers réglages. J’ai toujours eu le malheur de rater les performances de CRYPTOPSY, mais la mandale spectaculaire que je me suis prise dès les premières secondes du show. Au centre, Matt McGachy (chant) hurle à pleins poumons, pendant qu’Olivier Pinard (basse) enchaîne à peu près toutes les techniques de basse connues en ce bas monde, me bluffant littéralement. De l’autre côté, Christian Donaldson (guitare) n’a pas à rougir de sa performance, car il est tout aussi doué techniquement que son collègue à cinq cordes. Derrière tout ce petit monde, Flo Mounier (batterie) fait preuve d’une rapidité hors norme, alors que les lumières sont plutôt clémentes. Le groupe alignera les trois premiers morceaux sans même une pause, puis le chanteur reprendra son souffle avec un "Fucking right !" qui suscite des réactions dans la fosse, qui se contentait de se mettre sur la tronche auparavant. Après une avalanche de slammeurs qui, une fois récupérés par le chanteur, repartent de la même façon qu’ils sont arrivés, les Québécois font une nouvelle pause. "At the end of the show, allez tous au merch, on va être là, je veux tous vous rencontrer !" déclare Matt. Les musiciens reprennent alors de plus belle leurs rythmiques démentielles et qui sont toutes plus techniques les unes que les autres. L’excellent son de la salle permet, comme depuis le début de la soirée, de distinguer chaque harmonique, chaque frappe, chaque claquement et chaque hurlement, dont certains profitent quelques secondes depuis la scène en headbanguant quelques secondes auprès des musiciens. "Your last fucking chance Paris !" hurle le chanteur avant de débuter ce dernier morceau, qui sonne à mes oreilles comme le point final d’un passage à tabac par dix body-builders. Il va sans dire que les cousins sont acclamés comme il se doit !



Le dernier show de ce soir arrive alors, et la salle est bouillante comme jamais pour la soufflante d’ABORTED. Et c’est dans un décor horrifique que le sample introductif débute, alors que Ken Bedene (batterie) s’installe à son kit. Mendel bij de Leij (guitare) et Stefano Franceschini (basse) investissent le côté gauche de la scène tandis que Ian Jekelis (guitare) se positionne à droite, mais c’est l’arrivée de Sven “Svencho” de Caluwé (chant) qui marque le début de ce pilonnage massif.
Et c’est parti pour plus d’une heure de blast effréné pour accompagner des rythmiques parfois dansantes, parfois plus rapides, mais toujours dans le plus grand respect de la tradition d’ABORTED : la violence et la technicité. Les lumières, bien que trop puissantes parfois, reflètent à merveille le côté gore / horreur du décor, et quelques jets de fumée accompagnent les riffs du groupe. Après quelques titres enchaînés à toute allure, Sven lance "Pas mal pour un lundi Paris ! On voit que le metal extrême est bien ici aussi !". Le groupe reprend tranquillement son show, et les slammeurs reprennent leur manège pendant que les musiciens headbanguent en quasi-permanence, s’avançant parfois près des retours ou montant sur les marchepieds plus en retrait. Mendel est plus calme lors de ses solos tandis que Stefano lève sa basse ou saute pour les breaks, mais un slammeur s’attarde un peu sur scène. "Je crois qu'il veut montrer son cul ou sa bite…" plaisante le chanteur, qui assiste alors au défrocage dudit slammeur. "Ah il a montré sa bite ! J'voulais pas voir ça, elle était pas très grosse…" continue-t-il. Alors qu’il tente de repartir tant bien que mal, marchant au passage sur les lumières au sol, le chanteur semble s’impatienter. "Y a de la bière au bar ? Elle est bonne ? Non ? Bon, on va reprendre alors !". La fosse s’active à la moindre note, et le groupe accueille par la suite Julien de BENIGHTED (en chaussures s’il vous plaît !), pour une nouvelle tranche de déferlante. Headbanguant ou levant leurs instruments tout en jouant, les musiciens ne semblent absolument pas fatigués de cet exercice, et Sven n’hésite pas à se placer au plus près de la fosse pour poser sa main sur la tête des premiers rangs tout en hurlant. Il fait de plus en plus chaud dans la salle, et Sven est d’humeur taquine, alors c’est avec un naturel qu’il lance "Eh bien tu me feras 20 pages pour demain !" au spectateur qui hurlait "la punition !" depuis le début de la soirée, dans l’hilarité générale, avant de faire venir Grimo de CYTOTOXIN pour un titre “anti putes-à-selfies”. Le groupe continue alors sa leçon en explorant sa discographie, puis part de scène, pour revenir quelques secondes après pour un titre “plus old school”. C’est alors que Grimo grimpe à nouveau sur scène pour partir en slam avant de lancer lui-même le circle pit. Le concert s’achève après une nuée d’applaudissements et une photo finale.

Je pense que vous l’avez compris, la soirée était excellente. Entre la mandale d’entrée de CYTOTOXIN, la déferlante BENIGHTED qui est partie en quelques secondes, l’uppercut de CRYPTOPSY et le final rageur d’ABORTED, il y a autre chose qu’il faut souligner, c’est la cohésion qui règne entre les groupes eux-mêmes, mais également avec le public. Car quelques minutes à peine après la fin du concert, il est facile de trouver tous les musiciens vers le stand de merchandising, prêts à discuter ou à signer des albums. Ce que j’ai vu ce soir, c’est une grande bande de potes qui s’éclatent sur scène à tour de rôle, et qui nous en mettent plein la face. Le réveil va être difficile demain.