La review

AHAB + MAMMOTH STORM + HIGH FIGHTER
Le Ferrailleur - Nantes (44)
03/11/2015


Review rédigée par Braindead


Une soirée doom / stoner qui fait assurément du bien, surtout en qualité musicale, avec trois membres de la famille Napalm Records. Un événement sous l’égide de Garmonbozia, à l’opposé des multiples concerts thrash / death bas du front qui pullulent actuellement.



L’affluence est plutôt convenable pour un genre qui a parfois du mal à trouver son public. HIGH FIGHTER ouvre les hostilités et le moins que l’on puisse dire, c’est qu'on a rarement vu une première partie de cette qualité, au point d’être subjugué tout comme la majeur partie du public, par Mona Miluski, microscopique frontgirl à mi-chemin entre Candace Kucsulain et Amy Winehouse. Œuvrant dans un étonnant heavy / stoner aux vocaux très bluescore, le combo allemand revendique une prestance scénique pleine de charisme et d’explosivité à la limite du grunge. Mais l’intérêt du quintette ne se limite pas à ce simple constat, un ami jazzman également présent me faisant remarquer que le style rapprochait autant les mélomanes que les pogoteux pur jus. Productifs comme personne avec un premier EP réalisé quelques mois après leur formation, au sein même du studio de répétition, les Allemands impressionnent au point que même John Garcia y est allé de son compliment. Un son primaire, brut, nous ramène aux origines même du rock. La voix rauque de Mona est servie par des riffs aux variations pleines de fougues et d’envolées sludge, une fraîcheur empreinte d’une liberté que l’on ne retrouve paradoxalement guère dans la nouvelle scène. Quand tu passes tes journées à écouter du death copié-collé, HIGH FIGHTER est un bain de jouvence que l’on ne peut limiter à la scène metal ou rock tant l’identité du groupe est reconnaissable. Une qualité de plus en plus rare, que l’on doit à la maturité de musiciens issus de groupe reconnus tels Buffalo Hump, Pyogenesis ou encore A Million Miles. Assurément une révélation qu’il faudra suivre de près.



Soundcheck assez court, ce qui permet d’entretenir l’ambiance et MAMMOTH STORM prend possession des lieux. L’engouement pour les Suédois est tel que la plus grosse partie du public semble être venue pour eux. Réellement impressionnant après seulement trois années d’existence, d’autant que le trio n’a sorti qu’un EP. MAMMOTH STORM c'est du doom moderne à base de compos en mid-tempo pouvant durer jusqu’à douze minutes. Daniel Arvidsson impressionne surtout pour la qualité de sa voix qui n’est pas sans rappeler un Joe Cocker jeune, mais en plus rocailleux. Christer Ström offre des solos électriques tandis que les fûts d’Emil contribuent au sentiment de gouffre qui émane des compos. A découvrir urgemment si ce n’est déjà fait et même si tu es allergique au doom, MAMMOTH STORM proposant une relecture moderne du genre.



Tout le contraire de la tête d’affiche qui propose un funeral doom sans concession. AHAB aura tout de même mis dix ans avant de donner son premier concert en France, c’est dire s’ils étaient attendus après leur prestation remarquée au dernier Hellfest. De par leurs thématiques et le chant très "mise en abyme" de Daniel, les Allemands me font penser à un Gojira doomesque. Mêmes compos solennelles, chiadées, mais sans artifices, entrecoupées de solos mélodiques lents et pesants. La fosse est comme hypnotisée, battant la cadence comme un seul homme, avec l’impression d’assister à une grand-messe. AHAB est à l’image d’un film d’auteur, et développe une histoire en prenant son temps. Si tu rates le début, pas sûr que tu arrives à suivre et à rentrer dans l’ambiance.

Le doom est un genre à part, mais lorsque la nouvelle garde propose sa vision du genre, il est vivement conseillé d’y jeter un œil.