La review

ALESTORM + TROLDHAUGEN + AETHER REALM
Le 106 - Rouen (76)
11/10/17


Review rédigée par Antoine


C’est l’abordage des pirates écossais en terres normandes ! Pour ce "The No Grave But The Sea European Tour 2017", on peut dire qu’ils ont mis le paquet et sont en plus bien entourés de par la présence d’AETHER REALM et TROLDHAUGEN pour créer une affiche puissante mais complètement décalée, ça en surprendra plus d’un en tous cas, on aime !



Déjà top ce premier groupe qui monte sur scène ! AETHER REALM nous balance un thrash / death surpuissant ! C’est bien dosé avec un petit côté folk metal et un état d’esprit qui colle bien avec ALESTORM. Avec un EP et deux LPs, il y a matière à balancer du gros son et pour ça, ces Américains n’ont pas fait dans la dentelle ! Leur album fraîchement sorti, "Tarot", est au centre de l’attention de la setlist courte et sans grande surprise mais efficace et allant droit au but. On pense tout de suite à Ensiferum avec une touche plus mélodique en entendant leur musique donc on ne va pas s'en plaindre, enfin moi j’adore et c’est un groupe qui a su convaincre et embraser le public. Ils ont beau eu dire qu’on était le meilleur public de la tournée, en tout cas ce dernier était plus que motivé ! C’est assez rare de voir une première partie d’aussi bonne qualité et qui booste autant le public, tout le monde l’a bien compris et c’est bien parti pour être un gros défouloir cette soirée. Le temps passe bien vite quand on s’aperçoit qu’il est déjà venu le temps du dernier morceau avec "The Sun, The Moon, The Star" bien qu’écourté faute de temps (19min10 en version studio !), ça n’en donne que plus envie d’écouter plus en profondeur.



TROLDHAUGEN arrive ensuite sur scène alors qu’on se demande ce qui se passe, à voir une bande de fous furieux bloqués en mode disco / metal sur "YMCA" des Village People. A voir le nom, on aurait pu croire que l’on tomberait sur un groupe à la Fintroll ou un groupe de folk metal de manière générale, mais on se retrouve avec des gars qui dansent dans des tenues bien éloignées des standards du genre mais bon, après tout, pourquoi pas, l’habit ne fait pas le moine comme on dit ! Ce qui est sûr, c’est que ces Australiens sont complètement barges, musicalement aussi c’est un peu WTF. Quoi qu’on puisse en dire ça avoine, on mélange les registres, du metal, dubstep, rock, electro, tout y passe sans que ce soit cohérent mais c’est plutôt bien foutu et même si je n’écouterais pas forcément sur disque, je dois avouer qu’en live on se fend bien la poire. Enfin tout le monde n’est pas du même avis, beaucoup restent imperméables à tout ce je ne sais quoi musical. A force, ça peut paraître un peu long mais il faut avouer qu’on passe un bon moment avec notamment un morceau en clin d’œil à Lou Bega et à son fameux "Mambo N°5" ! Le tout avec ce côté metal, un chant parfois très aigu, des riffs déchaînés non sans pointes d’humour. Bref, le mieux c’est encore de se donner une idée en les voyant sur scène pour voir ces tenues lycra, cette banane fluo, voilà un groupe dont on se souviendra !



ALESTORM se fait attendre, le public s’impatiente car l’attente est énorme, le public est comme électrisé, ça pogotte, ça slamme alors que rien n’a démarré. On entend beaucoup de morceaux de Queen, du hard rock des années 80 comme "The Eye Of The Tiger", puis ils partent à l’abordage avec "Keelhauled" et là c’est parti pour un festival de la piraterie et du metal folklorique !
S’ensuit le bien nommé "Alestorm" issu du dernier album en date "No Grave But The Sea" qui résume à merveille ce groupe ! Le public est très jeune pour la majorité, ce qui ajoute une bonne dose d’énergie, à faire un paquito géant ou une séance de rameur si certains préfèrent ! La sécu n’a qu’à bien se tenir car il y a du boulot ! Dans la salle il commence à faire chaud, même si on n’attend pas la chaleur des Caraïbes, ça n’empêche pas le capitaine de nous lancer "You smell like shit ! Take a shower ! This is called the famous ol spiced !", de toute façon il multiplie les interventions à coup de bières, de "fuck" et de tout plein de conneries. C’est clairement bon enfant cette soirée durant laquelle la musique a autant sa place que la bonne humeur et la débilité, sans oublier l’alcool ("Who here like drinking beer ? Of course you do !"). Depuis plus d’une douzaine d’années, ces pirates écossais nous distillent un metal festif qui ne surprend plus, on doit bien se l’avouer, mais qui fait toujours mouche, les derniers disques sont plus ou moins réussis mais il y a toujours ce petit trésor sur chaque album qui donne lieu au final à une setlist ultra efficace, maîtrisée d’un bout à l’autre selon les critères propres à ALESTORM, avec des échanges multiples avec le public, des aboiements, un canard géant sur scène (les gars d’Ultra Vomit doivent être jaloux !), un croco sur le backdrop, des levers de jambes de Chris Bowes dévoilant non pas ce qui se cache sous le kilt mais ses belles sandales, bref encore loin des standards du genre ! La cérémonie continue avec cette belle formule de politesse : " Fuck you and you and you and you and all of you", ce qui ne donne pas d’autres choix au public que de scander le nom du groupe et qui se fait rembarrer ("I don’t want to embarass you but that’s pronounced ALESTORM…"). On continue avec cette débauche scénique, on sait bien que les pirates montent sur le pont pour s’amuser, qu’il n’y a rien de sérieux dans tout ça et ça se voit très vite de par l’attitude des membres du groupe et la bonne ambiance qu’ils transmettent. Avec "1741 (The Battle Of Cartagena)", ses samples et ses growls, on se met bien en chauffe pour le moment tant attendu : la reprise de "Hangover" et là, ça devient fou, ils vont nous faire aimer Taïo Cruz ces cons ! Ou pas… Mais il faut bien avouer que cette reprise est géniale, le groupe a pris le large avec cette reprise bien arrangée à sa façon et qui lui va comme un gant, c’est d'ailleurs assez marrant de voir que le point culminant de ce set sera une reprise et pas une compo qui leur est propre ! Et pour cette reprise, ils sont accompagnés par le guitar tech et "Beef Man" applaudi comme un héros lorsqu’il nous montre comment faire un double cul-sec simultané avant de prendre le micro et de balancer quelques lignes rapées. Encore un gag comme ils le font si bien !
Le voyage continue ensuite avec un nouveau port d’attache qu’est l’Allemagne et "Bar Ünd Imbiss" où tout le monde était bien beurré, ils ont mangé des saucisses et fait un massacre (au sens littéral évidemment, les pirates ne sont pas connus pour faire des câlins aux dauphins, sauf le capitaine…). Le capitaine en profite pour demander au public de crier "SAUSAGES", le public s’exécute sans la moindre résistance. C’est vraiment un groupe de scène, un groupe que tu peux écouter sur disque sans le moindre souci mais tu prendras toute sa mesure avec l’épreuve du live et le dernier album "No Grave But The Sea" ne déroge pas à la règle, mais bon, le public étant déjà médusé par ce groupe et par sa musique, ce n’était donc pas une grosse surprise, mais ça n’empêche pas de prendre son pied !
On sent venir la fin de cette débauche mais il reste encore la revanche d’un capitaine naufragé en buvant de l’hydromel avec de jolies jeunes femmes avant d’aller se faire voir, lui et sa putain d’ancre ! La phrase précédente n’a ni queue ni tête mais elle annonce les 5 derniers titres joués par le groupe et c’est aussi débile que ce dernier titre : "Fucked With An Anchor", joué les majeurs levés. Voilà bien résumé l’état d’esprit de cette belle troupe écossaise ! Ils ont trouvé leurs univers qui n’est clairement pas le plus intelligent mais un des plus fun, ça c’est clair, et ils n’en sont pas pour autant de mauvais zicos, espérons que le trésor ne s’estompe pas avec le temps car l’océan est vaste et on peut vite tourner en rond, pour le moment on est dans une ligne droite qui ne doit son côté sinusoïdal uniquement au rhum et à la bière ! ALESTORM, you’re a fucking wanker but we love you ! A quand le prochain abordage ? On est nombreux à vouloir remettre ça dès que possible !