La review

ALESTORM + BRAINSTORM + CRIMSON SHADOWS + TROLDHAUGEN
Le Divan Du Monde - Paris
18/09/2014


Review rédigée par E.L.P


Ahoy chers lecteurs ! Aujourd’hui se tenait, en l’omnipotente salle du Divan du Monde, le passage tant attendu de la tournée "Storming Across Europe Tour 2014" faisant parcourir plusieurs milliers de kilomètres aux fiers Écossais d’ALESTORM, soutenus par TROLDHAUGEN, CRIMSON SHADOWS et BRAINSTORM ! Mis en oeuvre pour soutenir le dernier né des valeureux pirates britanniques sous la coupe de Napalm Records, ce show passé la veille par Lyon affichait, pour l’occasion, complet ! Oui, complet !
Armés de patience, c’est donc une étoffée poignée d’amateurs de rhum et de pillages qui s’est donc vue ouvrir les portes de la salle au balcon, à l’heure et de bonne humeur, sous un maussade temps de toussaint (plutôt rare pour une fin d’été !...). Pour les accueillir, c’est finalement aux Australiens de TROLDHAUGEN qu’incombait la tâche d’ouvrir cette folle soirée !



Quelques minutes suffiront aux ouvreurs pour, une fois montés sur scène, proposer l’un des shows les plus déjantés jamais aperçus par les piliers de la salle puisque c’est sur une survitaminée base musicale alliant folk, heavy et death, que les fans de Finntroll, Trollfest ou Devin Townsend sauront reconnaître, que le groupe s’est appuyé pour créer un univers décalé à la folie expérimentale mais ô combien communicative. Parsemés de quelques sonorités latines (samples de cuivres notamment) et parfois swing sur certaines lignes mélodiques, le show sera, à défaut d’être rigoureux vocalement (bien que le frontman sache faire preuve d’une étonnante palette d’expression vocale), terriblement entraînant, festif et délirant, une fois passé l’étonnement des premiers titres. Une prestation axée sur le charisme d’un frontman à bretelles perché sur le plus haut des sommets et un duo rythmique aux onctueux grooves saccadés, qui saura captiver par son manque de sérieux apparent et l’habileté de ses lourdes structures mélodiques ! La reprise du fameux "Gimme Gimme" en sera l’un des plus vibrants exemples, apportant la chaleur nécessaire à faire démarrer cette soirée sous les plus beaux auspices... !



Ce n’est qu’une fois les samples electro / dubstep de TROLDHAUGEN éteints que le public maintenant lancé et réchauffé, se verra, après un léger retard technique monopolisant techniciens et musiciens sur la batterie de ces derniers, offert en pâture au quintette canadien de CRIMSON SHADOWS et à son incroyable son technique tirant sur 3 styles particulièrement expressifs : metalcore / melodeath / folk ! Forts de cette désormais franche ambiance dans le pit, c’est le plus naturellement du monde que le groupe apparaissant comme intimement lié par une superbe et heureuse cohésion se lancera, suivi par le public qui s’en donnera lui aussi à coeur joie avec les premiers pogos et slams, pour le plus grand plaisir des musiciens pouvant alors se déchaîner sans crainte ! La propreté du duo vocal Jimi Maltais / Greg Rounding trouvera d'ailleurs aisément le coeur des métalleux remplissant déjà une bonne partie du Divan tant les harmonies seront naturelles et bien amenées par l’ensemble. Seuls petits bémols à accrocher au plastron des cinq comparses, celui d’un son de basse assez peu audible, grevant parfois le dynamisme de l’ensemble de sa profondeur ainsi que des lignes de chant clair peut-être un rien trop redondantes... Carrés, puissants, reconnaissants, que demander de plus si ce n’est un plus importante durée de set ?!... Carton plein, donc, pour les Canadiens se retirant, des étoiles plein la tête après cette première date parisienne ponctuant leur premier tour européen !



Mais voici finalement venir le temps, après quelques minutes d’attente, de la suite des hostilités avec nos voisins teutons de BRAINSTORM qui font leur entrée dans la dernière antichambre séparant le public des très attendus Écossais ! Croire que la pression allait retomber n’était que vaine pensée puisque c’est là encore un nouveau pallier de chaleur et d’ambiance qui sera franchi avec le set des 5 Allemands. Une troisième scène parisienne à accrocher sur leur carte, et quelle date ! Le groupe sera quasi instantanément surpris par un public survolté qui n’hésitera pas déverser sur scène un flot de slammeurs de tous horizons, prêts à communier avec le groupe affichant pour l’occasion le plus sincère des sourires devant pareil parterre !... Que la chose soit entendue, le style choisi par la formation était par moments des plus convenus avec ses sonorités heavy / power plutôt 90’s / 2000’s, mais le public ne s’y est pas trompé, et l’incroyable connexion existant entre les planches et le parterre a bien vite mis les oreilles et le coeur sur un même pied d’égalité, à grands renforts de riffs puissants et d’un plus qu’habile sens de la rythmique retournant n’importe quelle fosse ! Aidées d’un puissant et communicatif jeu de scène de la part des 4 mobiles musiciens, les compositions prendront leur envol pour aboutir à une fin de set explosive, préparant divinement bien le terrain de la tête d’affiche.



Tricornes, gilets de cuir, cuissardes et mousquets sont finalement de sortie ! L’abordage est imminent, car voici enfin le détonnant assaut des pirates d’ALESTORM, fiers de pouvoir revenir, 2 années après leur dernier passage hexagonal, en terrain conquis avec leur nouvel opus "Sunset On The Golden Age", véritable pépite du genre et digne héritier de "Back Through Time". "Walk The Plank"... Ainsi sera initié le déferlement d’énergie entamant ce set s’annonçant d’ores et déjà comme incroyablement vivant ! Affublé de sa plus belle keytare, le délirant Chris Bowes (chant / claviers) secondé par son l’habituel duo Gareth Murdock (basse) / Dani Evans (guitare) n’aura qu’un refrain à entonner pour déchaîner davantage la foule chahutant alors à s’en plier les reins sur les retours, à ses pieds ! Ce spectacle ne sera en revanche, vécu par Peter Alcorn (batterie), que depuis les coulisses, une foulure le privant, quelques dates durant, de ses fûts... Une accablante chaleur allant jusqu’à embuer la salle toute entière de condensation humaine imposera une régulière hydratation du frontman qui trouvera ainsi toute la force nécessaire à ses roulements vocaux dans de nombreuses bouteilles de bières tandis que des morceaux aussi emblématiques que "Keelhauled", "Swashbuckled", "Shipwrecked", ou "The Sunk’n Norwegian" se fracasseront, pareils à des vagues sur une coque flottée, au creux d’un public que l’on peut difficilement faire plus réceptif et enjoué ! Reprenant en coeur les moindres paroles comme de vibrants hymnes à la fête, des titres du nouvel album fraîchement apparu dans nos bacs, tels que "Drink" ou encore "Magnetic North" finiront par faire trembler jusqu’aux fondations mêmes de la petite salle parisienne. Aidés par un son parmi les plus correct entendu ces derniers mois, les titres s’enchaîneront avec une infaillible puissance, une incroyable justesse d’ambiance rappelant la folie du pit du Graspop 2014 et toujours ce fameux "supplément d’âme" enrichissant parfaitement la moindre prestation, ici fatalement clôturée par "Rum", claquant une dernière fois la mâchoire des présents avec cet épique sens du folklore !...

Les dernières gouttes de rhum finissent d’être versées, la fosse rejette à la mer ses derniers flibustiers. Le vaisseau ALESTORM prend le large vers de plus rafraîchies contrées au Nord Est du Vieux Continent ! Le bilan de la soirée se fait finalement de la façon la plus simple qui soit avec une affiche composée d’électrons libres tous plus déjantés et expressifs les uns que les autres, mais ayant chacun cette même force de persuasion par l’ambiance, les rythmes et les sourires, à défaut d’offrir une cohérence scénique inutile devant pareil déferlement de motivation ! Le Divan du Monde gonflé à bloc aura ainsi su survire à ces 4 abordages successifs, offrant enfin à la scène parisienne un show qualitatif et quantitatif digne de ce nom ! Matelots, levez vos verres à Garmombozia, AFM Records et Napalm Records ! AHOY !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr