La review

ALREADY SALTED + HWI NOREE + FREEVOLT + QUARTIER ROUGE
L’Adresse - Paris
09/10/2010


Review rédigée par Stanaron


C’est après avoir bravé les transports Parisiens en ce Samedi 9 Octobre que j’arrive presque en retard à l’Adresse pour cette étrange soirée hétéroclite et bruyante dans la cave d’un restaurant pourtant des plus simples.



Je parviens cependant à débarquer à temps pour qu’on me serve une généreuse platée bien grasse et très salée d’un mélange de rock, de metal et de beaucoup de punk à l’ancienne ; j’ai nommé ALREADY SALTED. Nutritionnistes s’abstenir, c’est mauvais pour le cholestérol et ça sent la bière à plein nez. Je vais laisser là ma métaphore filée pour vous parler plus concrètement de ce groupe bien Français de chez nous. ALREADY SALTED c’est le rassemblement d’une guitare bien grasse, bien ronde et bien distordue (sur un malheureux Peavey Valve King, notons-le car cet ampli ne crache pas forcément le meilleur son), d’une basse pleine à t’en faire vibrer la bidoche et d'une batterie plutôt simpliste mais qui cogne fort, le tout pimenté par une voix bien grasse elle aussi (décidément, ce groupe n’aurait que du gras !) avec un chant en Français (!).

Petit topo sur la voix – car les rythmiques basiques et l’absence presque totale de solos font de la voix l’élément principal de la musique de SALTED, et elle le mérite plutôt bien. Car notre Martin au chant nous sort tantôt les beuglantes gutturales d’un Phil Anselmo au Jack Daniels, un chant clair parfois nasillard mais qui accomplit l’exploit de plus en plus rare de nos jours de sonner juste (!) tout en restant aussi imposant que le personnage lui-même, le tout sur des textes second degré à fond, qui parviennent à faire sourire par une vulgarité de base mais en gardant une subtilité digne d’un Bartrand Cantat d’humeur fêtarde. Bref, pour résumer ALREADY SALTED c’est du lourd, la prestation live est bonne et carrée - bien que fatiguée ce soir - et les morceaux sont entraînants bien que parfois très basiques.

Setlist : "Crève Et Marche", "Le Branleur Masqué", "Je Danserai Nu Sur Vos Cendres", "Rock’n’vitriol", "RAF", "Enculés", "Le Démon M’habite" (ou "ma bite" pour la petite pucelle effarouchée qui a besoin qu’on lui épèle tout), "Faith Is Death", "Scarface", "Vive La Police", "Blueberry Holocaust".



Changement de plateau, c’est FREEVOLT qui investit la scène, des "vieux de la vieille qui font du punk" comme on me les a décrits, et je ne trouverais pas de meilleurs mots. En effet, quand on s’attend à venir voir des jeunes de 18 à 25 ans – 30 tout au plus – à ce type de concerts, on est quelque peu surpris quand débarquent des pères de famille de 40 balais, mal rasés, avec la crête et le rangers. Cependant, les chansons se tiennent plutôt bien dans un esprit alternatif et calme avec un swing à l’ancienne malgré un jeu de scène minimaliste. Là où ça cloche c’est au niveau du bassiste chanteur Fredox dont l’accent Français pique très fort, et dont le chant est souvent faux. On me chuchote à l’oreille que c’est l’esprit punk, le "je ne sais pas chanter et j’en ai rien à foutre" propre à ce style. Très bien, dans ce cas, je retire ce que j’ai dit, c’est plutôt bien réussi !

Si je ne suis pas particulièrement séduit par la musique, je ne peux retenir un élan d’affection pour ces types à qui la simplicité donne un charme rock ’n’ roll… on aimerait tous avoir un oncle comme ça. Et quand j’apprends que le groupe joue ensemble depuis seulement deux ans je ne peux que les encourager à continuer, car j’ai beau avoir été dur avec eux, il y a du très bon dans FREEVOLT, en particulier dans la voix de Phil à la guitare qui rattrape parfois celle de Fredox.

Setlist : "Gun", "I Swear", "Booh Not", "Babylone", "Are You Sure" (dont le refrain m’aura sévèrement fait grincer les dents), "Smile", "Thanx", "I Hope An Island", "Call Me At Night", "Search on Web", "Countdown", "I Have A Dream", "Take A Toy", "Dead Fish".



Changement complet de registre, le trio HWI NOREE prend la scène avec du… "Rock’n Core" me dit le flyer de la soirée… Si je n’avais pas la moindre idée de ce qu’ils entendaient par "Rock’n Core" je suppose que vous non plus, donc allons y pour essayer de décrire ça ; HWI NOREE c’est un thrash très bordélique avec des rythmiques très rapides et complexes faisant souvent bouillasse, des accords saccadés et dissonants, bourrés de tritons, des influences mathcore et deux voix death metal très aigues. Ce côté indigeste est cependant bien contrebalancé par de longs passages post-rock instrumentaux lents, menés par une basse percutante, et un jeu intéressant sur le delay tant au niveau de la basse que de la guitare. Donc au final, HWI NOREE, j’ai envie de dire que c’est pas si mal !

Les morceaux sont plutôt bien maîtrisés quand on prend en compte la difficulté technique et les passages ambiants vous font entrer en transe, mais les deux voix se ressemblent beaucoup, ce qui casse un peu l’intérêt d’en avoir deux. Et si j’ai parlé plus tôt d’un coté indigeste à leur musique, c’est clairement que je n’avais pas la moindre idée de ce qui viendrait après.

Setlist : "Intro", "Ricochet", "Work and Holydays", "Eight Dreams", "Break Down", "Dance Under Gunfire", " Seven", "Sommersault Kick".



Car en matière d’indigeste – et là je te parle du gros indigeste, le vrai, le complètement déjanté qui entame sa journée avec trois cachets d’exta et un rail de coke en guise de petit déjeuner – cet indigeste là, c’est QUARTIER ROUGE.

Une batterie frénétique au rythme difficile à suivre, un clavier bruyant aux basses surchargées pour couvrir l’absence de bassiste, une voix pas assez forte criée par un chanteur qui transpire l’ego surdimensionné et semble vraiment prendre son public de haut (cela dit, c’est peut-être un personnage de scène, auquel cas je serais mauvaise langue), qui se balade sur scène le pantalon déboutonné, et prend des positions des plus bizarres pour chanter (penché en avant, la tête derrière un ampli, dos au public, par exemple). Points positifs, la guitare d'une part, fluide et maitrisée, qui à certains moments rattrape un peu le tout. Et d'autre part, les chansons passent très vite. C’est d’ailleurs après un quart d’heure / vingt minutes de scène qu’ils nous annoncent qu’il ne reste plus que deux morceaux… et il se trouve que ces deux derniers morceaux durent une demi heure, les dernières mesures à la batterie répétées à l’infini avant de terminer le concert.

Setlist : "Rodeo a gogo", "Jim Bim", "Impetto", "Main cramée", "On looker", "Douche dorée", "Piece of art", "Friend Sheep", "Backward", "Chef d’escadrille".

Malgré le fait d'avoir été franchement agacé par le dernier groupe dont je ne peux soutenir l’approche artistique, la soirée – organisée par "Speed Guitar", notons le, car ils le méritent – fut agréable, et tous les groupes (même QUARTIER ROUGE) ont fait preuve d’une certaine rigueur et d’une bonne maitrise de leurs morceaux. Des musiciens et membre du staff sympathiques et agréables, et une salle dont le son était correct pour une cave de restaurant, mais l'éclairage plutôt mauvais.