La review

AMORPHIS + SOILWORK + JINJER + NAILED TO OBSCURITY
Le Cabaret Sauvage - Paris
06/02/2019


Review rédigée par Matthieu


Le Cabaret Sauvage est probablement la salle parisienne la plus compliquée à atteindre lorsque l’on ne connaît pas le quartier. Mais qu’importe, ce soir AMORPHIS et SOILWORK se partagent la tête d’affiche, avec en ouverture JINJER et NAILED TO OBSCURITY ! Et le public parisien ne semble pas au rendez-vous, puisque les portes ouvrent à 17h… Le temps de savourer un délicieux breuvage houblonné avant de s’installer tranquillement dans la fosse, puisque le pit photo nous est inaccessible.



Les lumières de la salle s’éteignent pour laisser place à celles de la scène. L’entrée des musiciens est très sobre, et colle parfaitement à la musique lente et à la mélodicité de NAILED TO OBSCURITY. C’est donc la batterie de Jann Hillrichs qui débute ce set qui s’annonce très planant, suivi de la basse vrombissante de Carsten Schorn ainsi que des guitares de Volker Dieken et Jan-Ole Lamberti. Rapidement rejoints par le doux chant de Raimund Ennega, la composition prend vie au rythme des harmoniques et des lumières qui subliment parfaitement les musiciens. Malgré l’intensité du premier titre de ce court set, la fosse peine à se remplir, et une bonne partie des spectateurs préfèrent rester sur le côté. Plus le morceau avance, plus les musiciens semblent à l’aise sur leur espace de jeu. "Bonjour Paris, nous sommes Nailed To Obscurity d’Allemagne !" lance le chanteur, alors que la performance est applaudie. Et le groupe enchaîne directement avec le deuxième morceau, qui est tout aussi mélancolique et planant que le premier. Très théâtral, le frontman donne un relief particulier à la musique, pendant que les musiciens alignent sans broncher harmoniques et rythmique. "It’s our very first time in Paris and also in France...", nous dira alors Raimund à l’issue de ce morceau. "Thank you for coming early ! We have a new album called "Black Frost", it’s a song from this album.". Mais malheureusement, les choses ne se passeront pas tout à fait comme l’entendent les albums, puisque la musique ne reprend pas. "Technical issues, shit happens". Alors sollicité pour une blague, le chanteur essaye de nous faire patienter comme il le peut. "The very important thing is that you enjoy the show ! I'm from Germany, I don't know any joke ! That's the best part of it !". Mais nous ne leur en tiendront absolument pas rigueur, puisqu’à la seconde où le son revient, nous sommes à nouveau transportés par la magie de leurs riffs enchanteurs. profitant d’un break atmosphérique pour reprendre son souffle, le frontman part quelques instants avant de revenir nous faire profiter de son chant saturé, alterné avec sa sublime voix claire, chaude et rassurante. "It’s the last song for us tonight, thank you for showing up !" nous dit-il avant que les ténèbres ne nous enveloppent une dernière fois. Les deux guitaristes se rejoignent au centre de la scène pour les harmonies finales de "Desolate Ruin", et le groupe entier nous remercie devant une fosse finalement assez remplie. On ne pouvait rêver mieux pour débuter la soirée.

Setlist : "Black Frost", "Feardom", "The Aberrant Host", "Desolate Ruin".



La scène est réaménagée pour l’arrivée de JINJER, avec notamment une batterie aux cymbales assez basses par rapport aux kits habituels, mais peu importe, les musiciens sont prêts à en découdre. C’est donc Vladislav Ulasevich qui prend place derrière la batterie pendant qu’Eugene Abdiukhanov (basse) et Roman Ibramkhalilov (guitare) terminent leurs réglages. D’un commun accord, le groupe commence le premier titre avec une violence qui ameutera alors les spectateurs les plus remuants de la fosse, surtout lors de l’arrivée de Tatiana Shmailyuk (chant) au centre de la scène. La demoiselle commence alors à hurler, et le show démarre réellement. Les Ukrainiens prennent à peine le temps de sourire entre deux titres, puisqu’ils commencent déjà l’introduction du second morceau alors que le premier vient juste de s’achever. Si Roman est plutôt concentré sur ses harmoniques, qu’il débite à un rythme effréné, Eugene headbangue et se place sur le devant de la scène dès qu’il le peut. Mais celle qui monopolise évidemment l’attention, c’est Tatiana, dont le scream perçant incitera un slammeur à la rejoindre pour les dernières notes du dernier morceau. "Thank you…" lui dira-t-elle, alors que le morceau suivant part déjà. Après le quatrième morceau, que le groupe nous a envoyé avec la rapidité d’un blast féroce surmonté d’une rythmique groovy à souhaits, une petite pause sera de rigueur. Le temps pour la fosse de s’étirer un peu, et on reprend avec un morceau issu du nouvel EP du groupe, sur lequel la chanteuse headbanguera abondamment, avant de fédérer toute l’assistance en nous faisant frapper dans nos mains. Les hurlement aigus de la jeune femme sont très puissants, mais son growl semble faiblir un peu, ce qui sera assez rapidement rectifié. "This is the time for some old stuff !" lance la meneuse du groupe pour introduire "Pisces", que toute la foule attendait avec impatience, et surtout ce slammeur, qui passera trop de temps sur la scène au goût du photographe du groupe. Tatiana pose sur son retour et hurle de plus belle alors que la foule devant elle remue de plus en plus, mais le public en veut encore. "Come on Paris, are you having fun ?" lance la jeune femme avant de débuter le morceau suivant. "Ok Paris, the next song is the last song ! Be sure to try your best !" nous prévient la chanteuse, alors qu’un blast furieux sévit déjà. Les musiciens nous font une démonstration de leurs talents sur ce dernier morceau. Tendant son micro au dessus de nous, la frontwoman nous incite à chanter avec elle avant de demander un wall of death, qui ouvrira la fosse du Cabaret Sauvage en deux. Profitant d’une ovation, Tatiana remercie les groupes avec lesquels ils tournent et partent en promettant de revenir.

Setlist : "Words Of Wisdom", "Ape", "I Speak Astronomy", "Dreadful Moments", "Teacher, Teacher", "Who's Gonna Be The One", "Pisces", "Perennial", "Sit Stay Roll Over", "Beggars' Dance".



A nouveau, la scène change, car ce sont les monstres du death mélodique suédois SOILWORK qui s’apprêtent à grimper sur scène. Alors que je me rue vers le pit photo qui ouvre finalement ses portes, le groupe arrive sur les planches parisiennes accompagnés du titre instrumental de leur dernier album, "Verkligheten".
Et il n’a pas fallu trois secondes au combo suédois pour enchaîner avec l’introduction rapide et violente d’"Arrival". Et c’est donc le début d’un set qui allie rapidité, précision et mélodies tranchantes, le tout surmonté de la voix d’un Björn “Speed” Strid (chant) très en forme. A l’arrière de la scène, Sven Karlsson (claviers) et Bastian Thusgaard (batterie) sont malheureusement très souvent cachés par des rideaux de lumières, mais le chanteur, accompagné de Sylvain Coudret (guitare), Rasmus Ehrnborn (basse) et David Andersson (guitare) assurent clairement le show avec un jeu de scène tout aussi énergique que la musique du combo. Le bassiste joue avec les guitaristes, les guitaristes se placent devant le claviériste, Björn joue avec eux quand il n’est pas devant à hurler ou haranguer la fosse… Aucun temps mort n’est toléré chez les Suédois. "Alright Paris, it's good to be back !" nous hurle le frontman avant de présenter ses musiciens. Le concert reprend, avec des lumières violentes qui motivent la fosse à mosher un peu, bien que la salle se soit quelque peu vidée. Très communicatif, Björn n’hésite pas une seule seconde à haranguer la foule et à interagir avec eux. "Paris, if you know this one, sing with us !" lance-t-il par exemple pour introduire "Death In General". L’enchaînement entre chant clair et hurlements puissants ne lui pose absolument aucun souci, et sa maîtrise motive encore plus les musiciens, qui se démènent sur les nouveaux titres comme sur les anciens. Parfois aidé au chant par son bassiste, le meneur du groupe fait parfois frapper la foule dans leurs mains, ce qui arrête le mosh quelques temps, avant qu’il ne reprenne de plus belle. "Are you still with us Paris ?" hurle-t-il pour s’assurer de la réactivité de son public lors de "The Nuturing Glance", qui déclenche même un circle pit, ce qui semble plaire au chanteur. "Keep that circle pit going, this is "Bastard Chain" !" leur ordonne-t-il. Et le mosh reprend de plus belle sur ce morceau très old school et violent aux riffs rapides et tranchants. Et les fans en sont visiblement très heureux, puisqu’ils ne s’arrêtent pas, même pendant le solo. "Paris I'm watching you, throw those horns !" motive le frontman.
Et le show continue, avec une petite intervention de Sylvain en français, puis le groupe annonce "The Living Infinite II" et "Witan", avant d’arriver sur la fin de leur setlist, avec la merveilleuse "Stabbing The Drama", introduite par un "You know those words, sing with us !". Ce titre très impulsif ravagera la fosse entière à grands coups de mosh spontané avant le dernier morceau. Et c’est sur un "We shall return Paris, enjoy Amorphis !" que les Suédois quittent la scène.

Setlist : "Verkligheten", "Arrival", "The Crestfallen", "Nerve", "Full Moon Shoals", "Death In General", "Like The Average Stalker", "The Akuma Afterglow", "Drowning With Silence", "The Phantom", "The Nurturing Glance", "Bastard Chain", "As We Speak", "The Living Infinite II", "Witan", "Stabbing The Drama", "Stålfågel".



Et pour la dernière fois de la soirée, la scène est réarrangée. La foule s’avance et se massent devant les techniciens qui préparent la scène pour AMORPHIS. Les lumières s’éteignent pour la dernière fois de la soirée, et le sample introductif de "The Bee" retentit alors que les musiciens rentrent un par un sur la scène dans une lumière violente. Ils commencent alors à jouer, mais le réel coup d’envoi, c’est le charismatique Tomi Joutsen (chant) qui le donne lorsqu’il s’élance devant nous. "Come on Paris !" lance-t-il entre deux phrases, toujours planté sur l’estrade au devant de la scène. Et les musiciens ne sont pas non plus en reste, car si Olli-Pekka Laine (basse) reste en retrait près de Jan Rechberger (batterie), Esa Holopainen et Tomi Koivusaari (guitares) n’hésitent pas à se mettre en avant pour jouer au plus près du public.
"Merci Paris !" lance le chanteur à la fin du premier morceau. "This one is called "The Golden Elk" !". Comme vous l’avez deviné, l’accent est mis sur le dernier album du combo finlandais, mais le groupe enchaîne avec un titre plus vieux, et qui permet à Santeri Kallio (claviers) de grimacer tout en jouant. Comme son homologue suédois quelques minutes auparavant, le chanteur passe d’une voix saturée surpuissante à un chant clair doux et mélodieux avec une facilité déconcertante, soutenu par son bassiste qui participe aux choeurs. Quand il ne headbangue pas, le frontman harangue la fosse, qui commence à remuer significativement. Les puissantes lumières du début du set s’adoucissent, et on remarque mieux l’énorme sourire qui fend le visage des musiciens lorsqu’ils alignent un par un les riffs qu’ils connaissent littéralement sur le bout des doigts en levant leurs instruments. "Paris, do you like Amorphis ?" nous demande Tomi Joutsen. Suite à la réponse plus que positive de la fosse, il se retourne et lance "Amorphis, do you like Paris ?", mais qui fera rire les musiciens. Mais le groupe n’a visiblement pas le temps de plaisanter et enchaîne avec des titres déjà connus de la foule entière, comme la divine "Silver Bride", reprise en choeur par l’intégralité de l’assistance. Et c’est en jouant avec son pied de micro que le frontman annonce "Wrong Direction", qui est pour moi l’un des meilleurs morceaux du nouvel album. L’homme tient le Cabaret Sauvage dans le creux de sa main, et chacun de ses ordres est suivi à la lettre : chanter, frapper dans ses mains… Un slammeur tentera d’ailleurs sa chance mais n’arrivera pas jusqu’à la scène. Le titre suivant sera tout aussi intense et puissant, et c’est vraiment un groupe souriant et proche du public qui joue devant nous ce soir. "Heart Of A Giant", sur lequel le groupe se montrera plus froid, sera enchaînée directement avec "Hopeless Days", plus puissante et sur laquelle le chanteur remotivera les plus fatigués avec un "Come on Paris ! Scream with me !" énergique. Marquant une petite pause dans leur prestation, Tomi Joutsen s’adresse à nouveau à nous. "Now we gonna play a song from the nineties" commence alors le frontman. "It is called "Black Winter Day" !". Et c’est un clavier au son old school qui accompagne cette composition qui ne vieillit définitivement pas. Toujours aussi motivés, les spectateurs se donnent au moins autant que les musiciens sur ce morceau, dont le final sera vraiment très intense.
"Do you want more ?" demande le chanteur après être revenu sur scène. Bien évidemment, la réponse ne se fait pas attendre, et le groupe démarre "Death Of A King", morceau sur lequel le public puise dans ses réserves d’énergies pour accompagner les Finlandais. Tomi Joutsen en profite pour présenter Tomi Koivusaari juste avant son solo, mais le concert touche à sa fin. "Paris it was so wonderful ! Thank you and let's thank every band of tonight !" hurle le chanteur avant que "House Of Sleep "ne débute, comme une sorte d’apothéose à tout ce qui s’est passé jusque là. Il va sans dire que c’est une nuée d’applaudissements qui accompagne la sortie des musiciens.

Setlist : "The Bee", "The Golden Elk", "Sky Is Mine", "Sacrifice", "Message In The Amber", "Silver Bride", "Bad Blood", "Wrong Direction", "Daughter Of Hate", "Heart Of The Giant", "Hopeless Days", "Black Winter Day".
Rappel : "Death Of A King", "House Of Sleep".

La soirée était tout simplement magique. Si NAILED TO OBSCURITY m’a conquis malgré leurs soucis techniques qui les ont obligé à sacrifier un morceau, JINJER a littéralement électrisé l’assemblée. Sans surprise, SOILWORK et AMORPHIS, bien qu’évoluant dans deux aspects différents du death mélodique, ont remporté un franc succès, et c’est amplement mérité. Quant à moi, je rentre après avoir discuté avec les quelques musiciens présents au stand de merchandising. A nouveau, merci Live Nation pour cette affiche exceptionnelle !