La review

AMPHITRYON + ABINAYA
Le Nouveau Casino - Paris
19/04/2009


Review rédigée par Eniel-Obtide


MySpace est notre ami, si si Mme Albanel… Même si on y écoute de la musique gratuitement (quelle honte !) et même si les artistes se font eux-mêmes de la publicité sans devoir passer par un label (un scandale !). Sans MySpace, je ne connaitrais peut-être pas AMPHITRYON aujourd’hui, et de ce fait je ne serais pas au Nouveau Casino pour les découvrir en live. Avec moi, un public hétéroclite de métalleux, d’aficionados de rock ainsi que Monsieur/Madame tout-le-monde venu(e) parfois avec ses enfants. Je m’attendais à un public plus "classique" du genre, la suite me dira si je suis trop étroite d’esprit ou si cette mixité est due à la première partie, que je ne connais pas encore.



La soirée commence avec les parisiens d’ABINAYA. Le groupe existe et tourne depuis quelques années déjà, en atteste l’accueil d’une partie du public ainsi que leur bio (les premiers morceaux remontent à 1995). Les 5 garçons aiment jouer avec les symboles : drapeau Tibétain accroché au djembé du percussionniste, nom en sanscrit (ABINAYA signifie "transmettre")… Musicalement ABINAYA mêle rock indé, percus et textes engagés. On dirait le résultat d’une trop longue écoute des disques de Soulfly et "Roots" de Sepultura par Bertrand Cantat. Cette touche en plus est amenée par le percussionniste, véritable ovni monté sur ressorts, au look un peu yogi et aux yeux soulignés de khôl. Dans la salle, il est maintenant clair que le public se sépare en 2 : les amis du groupe et amateurs de rock d’une part, et les personnes venues pour AMPHITRYON. Tandis que les premiers se trémoussent joyeusement, les autres regardent calmement ou au mieux tapent du pied. Le set d’ABINAYA aura duré 45 minutes, les musiciens rangent leur matériel et reviennent dans la salle pour se mêler à leurs fans.

Vite vite, il faut réorganiser la scène selon le concept développé par AMPHITRYON. Le tout n’est pas seulement d’accueillir les 6 membres du groupe, mais de coller à l’album "Sumphokeras", chacun représente en effet un personnage et a sa place bien définie. Pour ceux qui auraient raté l’intervention de Philippe Chatelain sur France 3 (hilarant avec sa façon de dire "doom metal"), AMPHITRYON est né à Boulogne-sur-Mer en 1996. Les changements de line-up façonnent à leur façon l’identité musicale du groupe qui enregistre 2 titres pour une compilation en 1998 (Intramurock #5) puis produit soi-même un MCD en 2001 ("L’Entremonde") avant "Sumphokeras" en 2006.



L’obscurité se fait tandis que les musiciens (tiens, ils ne sont que 5, il manque une chanteuse) prennent place sur le morceau d’ouverture "Archéia". L’obscurité mais pas le silence… Je suis sidérée par le manque de discrétion des gens qui s’étaient regroupés au bar, ceux-là même qui étaient pendus aux notes d’ABINAYA et qui maintenant rient, haussent le ton alors que la tête d’affiche est arrivée. Bref, après cette intro écorchée, la machine à remonter le temps se lance. Les costumes sont hors d’âge : robe, chemise ample et pantalon de simple tissu sont portés avec chausses ou sandales.



Il y a de l’influence antique là-dessous. AMPHITRYON brouille les frontières : à la formation guitares/basse/batterie metal, il adjoint des touches quelque peu "orientalisantes" et des percussions plus "tribales". Ajoutez le mariage du chant death aux voix féminines aériennes ainsi qu’à un chœur de chaudes et belles voix masculines. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Septic Flesh mais AMPHITRYON est loin de faire dans le plagiat. Le résultat est un set riche musicalement et visuellement, soutenu par un bon jeu de scène. Ces qualités n’auront pas suffit à certains et c’est une salle vidée d’une partie de son public qui assista au dernier quart d’heure du set. Qu’à cela ne tienne ! Le groupe clôt le show sous les applaudissements, les membres se rassemblent devant la scène et le bassiste prend la parole pour nous apprendre que la deuxième chanteuse n’a pas pu venir ce soir. Finalement tous saluent et partent en coulisses.



J’en ai profité pour aller faire un tour du côté du merchandising et m’offrir "Sumphokeras". Et hop, un beau CD et de la bonne musique sans passer par la case magasin. AMPHITRYON est mon deuxième coup de cœur live de l’année. Le lendemain du concert de Paris avait lieu celui de Nantes. A ma connaissance le groupe n’a pas encore annoncé de nouvelle date à ce jour. Affaire à suivre.

Merci aux mains de Silberius d’avoir posé avec la setlist.