La review

ANAAL NATHRAKH + POINT MORT
Le Backstage By The Mill - Paris
06/11/18


Review rédigée par Matthieu


Il fait presque nuit lorsque j’arrive au Backstage. Certes le changement d’heure y est pour quelque chose, mais ce que je comprends surtout, c’est que l’ombre d’ANAAL NATHRAKH est déjà sur nous. Pour leur grand retour dans la capitale, les Anglais seront accompagnés des Parisiens de POINT MORT, et si le peu de spectateurs débattent déjà de la cohérence de l’affiche, je sais que la violence ira crescendo. Enfin les portes s’ouvrent et la fosse se remplit lentement.



Une épaisse fumée envahit alors la scène, et les lumières se baissent lorsque le groupe arrive très sobrement. Le rituel commence alors avec une guitare très calme et la douce voix de Sam (chant) se fait entendre. La rythmique part d’un coup, et ce sont alors les silhouettes remuantes des membres de POINT MORT que l’on distingue dans cet amas brumeux. Leur identité visuelle très particulière renforce le côté hypnotique de la musique, et la détermination des musiciens fait plaisir à voir. Côté public, tout le monde reste très sage, avec parfois quelques têtes qui bougent de haut en bas, mais la salle est loin d’être pleine. Alternant passages calmes avec une mélodicité à toute épreuve et rythmiques saturées violentes, le groupe nous offre son univers pendant une grosse demi-heure et il y a finalement de plus en plus de monde pour apprécier ce spectacle d’ombres fantomatiques. Survoltés, les membres n’hésitent pas à jouer avec les larsens sans jamais tenir sur place. C’est sans un mot qu’ils seront finalement applaudis à l’issue de leur très bonne prestation.



La scène est alors réajustée en vitesse et débarrassée de sa fumée, et ANAAL NATHRAKH s’installe sous les yeux des spectateurs, qui affluent finalement vers la fosse. Lorsque les lumières s’éteignent, nous savons tous ce qui va se passer. Et après quelques secondes, la purge commence, dans la plus pure et simple tradition de la violence.
Si malheureusement le sample est un poil brouillon, les hurlements de V.I.T.R.I.O.L. (chant) sont tout aussi imposants que sur album, et c’est une véritable masse qui nous arrive en pleine face. Irrumator (guitare), plus motivé que jamais, aligne ses riffs avec une facilité déconcertante tout en headbanguant, accompagné de ses camarades. Le deuxième titre part aussitôt le premier fini, et c’est dans le chaos le plus total que la fosse moshe dans tous les sens. "Who’s gonna be the first stage diver ?" demande le chanteur à l’issue de ce morceau. Il n’en fallait pas plus à un spectateur pour gagner la scène, puis pour se jeter dans la foule dès que commence "Depravity Favours The Bold" et son sample angoissant à souhait. Les problèmes de son sont corrigés, et si le groupe remercie l’assemblée entre chaque titre, la reprise nous assène une nouvelle claque à chaque fois. "This is very encouraging" lâche alors le frontman en reprenant son souffle, "and thank you to Point Mort !". Aidé du bassiste, V.I.T.R.I.O.L. hurle comme un démon, et même si un petit problème technique retarde de quelques secondes le morceau suivant, la foule est toujours autant motivée. Les traits d’humour du chanteur permettent de faire retomber un peu la pression, et c’est sur "Forging Towards The Sunset" que l’intensité est à son maximum. Et cela se ressent également sur scène, puisque c’est une serviette à la main que le maître de cérémonie revient essuyer la sueur tombée au sol, suivie d’un "No, nothing happened !" qui fera rire la foule. "Well, we will pretend to leave the stage then come back okay ? So this is the last song and it is called "More Of Fire Than Blood" !" hurle ce dernier avant que le groupe ne nous envoie sauvagement ce savant mélange de grindcore et de black metal dont ils ont le secret.
Comme prévu, les musiciens quittent la scène avec un "We’re Anaal Nathrakh, good night !", puis reviennent peu de temps après pour en remettre une couche avec non pas un ni deux, mais bien trois morceaux supplémentaires sur lesquels ma nuque va définitivement me lâcher sous l’intensité de ma séance de headbang. Et c’est avec plaisir que je me confirme mentalement que les nouveaux morceaux passent tout aussi bien en live que les gros classiques, comme ce "Do Not Speak" final absolument magistral qui achèvera l’assemblée entière avec cet ultime effort pour faire honneur à la ferveur et à cet océan de haine qui se déverse sur nous. Il va sans dire que les musiciens sont acclamés par un Backstage qui tient (miraculeusement) encore debout.

Setlist : "Obscene As Cancer", "Monstrum In Animo", "Depravity Favours The Bold", "Hold Your Children Close And Pray For Oblivion", "Forward!", "In The Constellation Of The Black Widow", "Bellum Omnium Contra Omnes", "Forging Towards The Sunset", "More Of Fire Than Blood".
Rappel : "Idol", "New Bethlehem/Mass Death Futures", "Do Not Speak".

Direction le stand de merchandising pour repartir avec un souvenir, mais également la joie de pouvoir discuter avec les musiciens, qui sont d’une gentillesse et d’une disponibilité avec leur public. Voir ANAAL NATHRAKH en concert est toujours une expérience, et après trois années d’attente j’ai pu la renouveler avec un plaisir incommensurable. Mais malheureusement, POINT MORT a été contraint de jouer devant un public qui n’a pas été très réceptif malgré leur détermination et la qualité de leur spectacle. Un show qui restera assurément gravé dans ma mémoire.