La review

ANNIHILATOR + HARLOTT + ARCHER
Den Atelier - Luxembourg (Luxembourg)
03/11/2015


Review rédigée par Man Of Shadows


Fort d'un nouveau très bon album dans sa besace, "Suicide Society", ANNIHILATOR revient dévaster l'Europe et passe à nouveau par le Luxembourg, ce qu'il n'avait pas fait depuis cinq ans, quasiment jour pour jour, le 8 Octobre 2010. Nous ratons le premier groupe d'ouverture, ARCHER (excellents à ce qu'on nous a dit) et arrivons pile au moment où HARLOTT s'apprête à débuter.

Le quatuor australien, qui a sorti un très bon album chez Metal Blade cette année, "Proliferation", défend son bébé sur scène avec deux torpilles que sont "Proliferation" et "Denature". Le son est brouillon, on a un peu de mal à distinguer les riffs, mais leur thrash old school implacable et véloce nous scotche. Le duo de chanteur composé de Tom et Andrew fonctionne à merveille. Les deux voix se répondent, à la manière de Nile, pour créer des refrains hyper musclés et des parties vocales à rebondissements, ce qui confère un intérêt certain pour cette prestation. Le batteur Tim est parfois un poil décalé mais compense par une énergie et une frappe détonantes. Passé le début, le show s'essouffle vite, la faute à un manque de charisme et de communication entre les morceaux, bons mais linéaires. La fin est plus intéressante avec "Means To An End" et "None", plus nuancés et doté d'un excellent refrain pour le dernier. Une petite demi-heure bien sympathique.



Balancé en guise d'intro, le "Rock You Like A Hurricane" de Scorpions retentit et nous fait rager d'impatince, le morceau étant diffuseé en entier ! Puis ANNIHILATOR arrive de façon simple et décontractée (il en sera de même tout au long du show) et envoie "King Of The Kill" directement dans les gencives.
Ouch ! Le son est puissant, fort et équilibré, sauf en ce qui concerne le micro principal tenu par Jeff Waters, un peu sous-mixé. Le leader est devenu chanteur à plein temps depuis que Dave Padden est parti s'occuper de sa famille. Et il nous manque. Car, disons tout de suite, si Jeff est un chanteur correct, il n'est pas excellent, voire tout juste "bon". Bien à l'abri en studio, il montre très vite ses limites durant ce concert. Ce qui ne nous empêche pas d'aimer ce concert, car cette petite ombre au tableau ne saurait gâcher la performance musicale des musiciens, l'énergie et la puissance envoyées par le groupe canadien. Jeff est à fond !!! Tout sourire, bougeant sans cesse, sautillant à la Angus Young, jouant avec le public, prenant des poses avec sa guitare durant les solos, faisant participer le public, il s'impose direct comme le géant de ce soir. Entre chaque morceau, Jeff prend le temps de déconner, de raconter des blagues avec son humour typique ainsi que de nombreuses anecdotes au sujet des chansons à venir. Cool, nonchalant, parlant infatigablement comme s'il était avec des potes dans un bar (il cause tellement que le groupe, qui a pourtant joué durant presque 1h50, aurait facilement pu interpréter deux voir trois autres titres, c'est dire !), on apprend à connaître ANNIHILATOR mené par Jeff, un groupe amical et convivial qui, lorsque le moment est venu, écrase tout sur son passage. Bienvenu dans un "Fun Palace" en compagnie du maître de cérémonie Jeff Waters. Les morceaux issus du dernier album sont joués en début de set (un martial "Snap", un groovy "Suicide Society", un énorme "Creepin' Again", ces deux derniers nous confirmant que Jeff n'est pas à la hauteur vocalement) et voient Jeff dégoupiller la première blague de la soirée ("A propos de nouvel album, qui aime le nouveau Iron Maiden ? Qui aime le nouveau Slayer ? C'est impossible de ne pas l'aimer. Et, hum, qui aime le nouveau Annihilator ? Oui, bon, allez, ce n'est pas grave si vous ne l'aimez pas...").



Le nouveau line-up est solide et bluffant de maîtrise, le concert est une suite une morceau ultra-techniques, mélodiques et tranchants comme une feuille d'érable. Quelques petites surprises sont au programme à côté des classiques indéboulonnables. On a par exemple droit au très bon "Seconde To None" (une chanson sur la cocaïne prétexte à un petit discours et à quelques gags de la part de Waters) et les trésors oubliés que sont "Brain Dance" et "Tricks And Traps", véritables Armes de Destruction Massive canadienne. Après un solo de batterie très démonstratif et musicalement inintéressant de Mike Harshaw, increvable, l'annihilation reprend dans les règles avec "Phantasmagoria". Vient alors le moment "pause" du concert où des titres décalés, courts mais fun sont joués : "Chicken And Corn", morceau écrit par Jeff pour son fils alors que sa femme venait de mourir du cancer dans les 90's (disponible sur la ressortie de "Carnival Diablos" en 2010) et "Kraf Dinner" ("Fuck you, corporation !", clame Jeff). Si ces morceaux sont représentatifs de l'état d'esprit bon enfant du groupe, ils ne sont pas forcément au goût de tout le monde ; certaines personnes dans le public aurait préféré entendre des morceaux (et donc assister à un concert) plus sérieux. Qu'a cela ne tienne, on passe un excellent moment avec des musiciens pointus et souriants. Les puriste se régaleront, en fin de set, des classiques "Alison Hell" et "Human Insecticide". Jeff promet, à l'issue de ce dernier titre, de revenir l'année prochaine ou la suivante. On croise les doigts.

Setlist : "King Of The Kill", "Snap", "Suicide Society", "Creepin' Again", "No Way Out", "Set The World On Fire", "W.T.Y.D. (Welcome To Your Death)", "Never, Neverland", "Tricks And Traps", "Bliss" / "Second To None", "Refresh The Demon", "Brain Dance", solo de batterie, "Phantasmagoria", "Chicken And Corn", "Kraf Dinner", "21" (extrait), "Alison Hell".
Rappel : "Human Insecticide".