La review

ATLANTIS CHRONICLES + IN ARKADIA
+ DECADES OF DESPAIR + DEFEAT THE EARTH + INFECTIOUS HATE
Le Batofar - Paris
02/02/2014


Review rédigée par E.L.P


Il est temps, chers lecteurs, de dresser un petit compte-rendu, au retour du Forum Fest, de la soirée fortement teintée deathcore qui battait son plein en ce soir de Février au Batofar, avec, au total, 4 audacieuses formations franciliennes : ATLANTIS CHRONICLES, DECADES OF DESPAIR, DEFEAT THE EARTH, INFECTIOUS HATE et une formation lyonnaise, IN ARKADIA... !



Ce poing ainsi refermé, voici qu’arrive l’heure de prendre place dans la cale de la bien connue salle flottante du Port de la Gare... Et c’est devant un petit et restreint comité, que va s’entamer cette soirée riche en violence et en brutalité avec INFECTIOUS HATE ! Quelle ne fut pas la surprise des quelques présents, à mesure que ce groupe d’ouverture investit la scène du Bato’, aroborant fièrement masques inspirés des disciples de "Bane" et cagoule de sac tissé façon "L’Épouvantail", tous 2 succulents méchants issus des comics DC. Force est de constater que, malgré cette ambiance fermement posée, dès les premières mesures, par le biais de cette sombre unité visuelle, le public, malgré tout réceptif, ne sera malheureusement pas ému outre mesure par le style post-apocalyptique des 5 camarades, dont le son et le charisme resteront bien en deçà de l’évidente modernité de compositions violemment envoyées à la face d’un public gardant en tête cet univers torturé, empreint de certains accents malsains dignes de ceux de, par exemple, Slipknot ! Certains titres toucheront, en revanche, par leur originalité, avec notamment un morceau porté avec véhémence, par un megaphone, la brutale sensibilité des métalleux parisiens venus soutenir la scène de ce soir en passe d’être mise en jambe par ce rapide set ponctué de ces quelques soucis musico-techniques.



Passons donc cette ouverture en demi-teinte, donc, pour s’enfoncer dans un registre tout aussi sombre, au sens figuré comme au sens propre, les lumières laissant planer une terrible pénombre sur la salle, avec les 2 groupes suivants : DEFEAT THE EARTH et DECADES OF DESPAIR... Les rassembler ici sous le même paragraphe semblera être le choix le plus judicieux, tant le manque d'énergie se fera sentir à mesure que les 2 groupes se succéderont sur le petit espace du 13ème arrondissement ! Bien qu’axées sur des compositions puissantes, saturées et racées (notamment pour DEFEAT THE EARTH présentant un important potentiel), les prestations de ces 2 ensembles ne parviendront pas à imprégner de leurs folies respectives, les coeurs des présents se faisant malgré tout plus nombreux... Cherchant les "coupables", il apparaît essentiel de mettre en avant, dans le cas présent, un évident manque de pep’s, tranchant radicalement avec les titres envoyés dans cette atmosphère death / deathcore pourtant lourde et profonde, mais également, pointer du doigt une gestion son / lumière loin d’être à un niveau digne du Batofar ou à la hauteur de l’affiche du jour !



Revenons malgré tout sur les prestations pour en décanter le positif avec les martelantes rythmiques des combos. DEFEAT THE EARTH, et son duo basse féminine / batterie abrasive (Elise et Gaetan), parviendra, au même titre que le duo batterie / chant (Nick Peyrotte et Benny Tordjmann), à copieusement rétablir un équilibre, (précaire, certes, mais virulent) à force de vigueur et de prestance, entre les bouillonnantes parties mélodiques présentes sous les piliers du fameux kiosque flottant !... De rassurants sursauts de hargne à retenir, donc, au milieu ce ces bien ternes résultats dont ces 3 primo-prestations ont malheureusement fait les frais !



Un rapide changement de plateau plus tard et la cale, maintenant honnêtement remplie, s’apprête à recevoir la première lame de fond qui balayera les fondations posées jusqu’alors, celle distillée par l'habile et brutal ensemble d’IN ARKADIA ! Tout droit venus de Lyon, les Rhodaniens lanceront rapidement un assaut des plus puissants, le démentiel Alix en tête, prenant fermement appui sur les caissons jonchant désormais la scène. Une scène qui se verra offrir ses lettres de noblesse, les artistes ne ménageant pas leurs sensibilités ni leur énergie afin d’offrir un prestation explosive qui ne laissera aucun répit à la fosse maintenant plus agitée ! Grâce à un incroyable charisme émanant du frontman, c’est un set bien rôdé et d’une fulgurante solidité qui sera alors déroulé tandis que les musiciens ne cesseront de s’emparer, tour à tour, de l’espace qui leur est alloué, et des coeurs qui leur sont ouverts par des titres aussi perforants que "Skinning The Slaves" ou "Flying Firecunt Guillotine" ! Soutenu par l’impétueux duo rythmique Thibault (basse) /Florent (batterie), le binôme de cordes ne sera lui non plus pas en reste, puisque Mirfin et Benjamin (guitares) s'aligneront sur la puissance d’un frontman à présent inarrêtable, suant sang et eau pour prolonger les titres empoignant fermement le public. Les fervents défenseurs de la scène moderne actuelle se verront ainsi confrontés à une déflagration d'énergie digne des plus belles démonstrations d’illustres formations telles que The Black Dahlia Murder !... S’apprêter à souffler la première bougie de leur dernier album en date, "Eye Of The Archetype" dans ces conditions ne pourra laisser que rêveur à l’idée d’imaginer ce dont le quintette lyonnais est capable dans les mois et années à venir... !

Setlist : Intro, "Beyond The Whore" "Break Your Fucking Neck" "Orgasmophobia" "Skinning The Slaves" "Omega" "Flying Firecunt Guillotine" "Scriptures" "Recurrence".



Et c’est donc après cet audacieux matraquage dont le Bato’ vient de faire les frais au travers d’IN ARKADIA, que va souffler un nouveau vent de démence, la tempête ATLANTIS CHRONICLES ! Invocations de Poséidon, offrandes à Neptune et sacrifices au nom d’Éole seront vains, puisque voici revenu des eaux nippones sur lesquelles il glissa quelques semaines durant, le "Kraken" Atlantis !... Ivre de profondeurs, voici que s’enfonce le Batofar dans les eaux death moderne / technique du combo. Après être allé de Charybde en Scylla, le public se retrouve donc face à la formation sortie grandie de l’engouement porté à son dernier opus "Ten Miles Underwater" qui nous est enfin revenue du Japon... Et quel retour ! Des titres tous plus profonds les uns que les autres, alliant mélodies envoûtantes et déchaînées et rythmiques syncopées pour un rendu immersif faisant embrasser ce typhon s’abattant alors sur un parterre médusé face à telle maîtrise... ! Quelques petits accrocs rythmico-mélodiques se feront remarquer, mais rien ne motivant une remise en question des divers talents à l’oeuvre sur scène dès à présent. Après les avoir, personnellement vus pour la première fois au Metal Sphère 2013, force m’est de constater avec quelle maturité la formation eue l’occasion de prendre son envol ces derniers mois, imposant avec rigueur et maturité son style détonnant sur une scène française parfois générique, ankylosée et boursouflée de prétention... Le procédé d’Atlantis est simple: il s’agit ni plus ni moins que d’un raz-de-marée mélodique laissant, le temps d’un soupir, le spectateur plonger et communier avec des compositions aussi intenses que "Echoes Of Silence", "Tales Of Atlantis", mais surtout le diptyque conclusif : "Thousans Carybdea" et "Ten Miles Under Water", titre éponyme du rouleau compresseur ainsi mis à l’honneur !...

Setlist : "Enter The Bathysphere", "And Embrace The Abyss", "Beyond The lighthouse", "Echoes Of Silence", "Architeuthis Dux", "Tales Of Atlantis", "Homocene", "Thousands Carybdea", "Ten Miles Underwater".

Voici donc qui parviendra à conclure cette soirée pourtant commencée de façon chancelante, de la façon la plus lourde et étincelante qui soit, sur ces notes positives et souriantes dont ces groupes ont le secret ! Remettre en cause les talents des artistes à la vue de l’engouement plus que relatif suscité par les 3 formations d’ouverture semblerait inutile bien que les charismes et jeux mériteraient d’être ô combien plus assurés et travaillés, ce qui ne fut malheureusement pas le cas de la logistique !... Une logistique par trop souvent médiocre, poussant les artistes dans leurs derniers retranchements à grands renforts de soucis techniques et d’une piètre gestion son / lumière heureusement rééquilibrée pour les 2 poids lourds finaux ayant marché sur le Batofar avec toute la férocité qui les caractérise ! Ainsi se seront succédés, aujourd’hui, groupes parfois un rien trop "verts" peut-être (pour le calibre de la soirée), mais prometteurs, et qu’il apparaît malgré tout essentiel de suivre dans les mois à venir (notamment INFECTIOUS HATE sur l’édition du Warm Up d’Avril), mais également des groupes beaucoup plus matures et racés tels qu’IN ARKADIA (à retrouver au Glaz’Art en Mai) et ATLANTIS CHRONICLES (eux aussi annoncés sur le Warm Up)... Ainsi revenus à bon port, les métalleux franciliens se voient rendus à leurs tourments quotidiens, le coeur et les oreilles encore bercés par les 2 impacts inspirés des têtes d’affiche...

Photos tirées de : www.elp-photo.fr