La review

AT THE GATES + NIFELHEIM + DESERTED FEAR
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
16/12/2019


Review rédigée par Matthieu


Toujours un peu empêtrés par les grèves, mais également par la fameuse “malédiction du lundi”, nous ne sommes qu’une poignée à attendre l’ouverture des portes de la Machine du Moulin Rouge. AT THE GATES, pionnier et légende du death mélodique suédois, s’apprête à nous offrir le dernier show de l’année pour Garmonbozia, accompagné pour l’occasion de NIFELHEIM et DESERTED FEAR. Et la fosse semble bien vide lorsque nous pénétrons dans la salle...



DESERTED FEAR sont donc les premiers à monter sur scène après une petite introduction. Devant un parterre bien trop vide pour la qualité de leur death / thrash, les Allemands sont volontaires et n’hésitent pas à donner de leur personne en proposant une rythmique très solide. Les frappes de Simon Mengs (batterie) font remuer quelques têtes alors que Fabian Hildebrandt (guitare), Manuel Glatter (guitare/chant) et leur compère bassiste headbanguent également dès les premières secondes. "Come on, we re here for At The Gates, it's a death metal show !" lance le frontman avant que le quartet n’enchaîne directement avec le morceau suivant. Si les guitaristes posent un pied sur leur retour pour les parties lead, le bassiste arpente la scène en headbanguant. "Hands up, come on !" motive Manuel avant de recommencer à hurler. Et les riffs plus motivants les uns que les autres s’enchaînent, alors que les Allemands s’évertuent à motiver une fosse qui grossit quelque peu, mais reste malheureusement trop vide pour une date de cette envergure. "Merci ! That's really cute ! I think that’s our third time in France so thank you !" déclare le chanteur en reprenant son souffle. Mais le son massif qui alterne entre thrash et death metal reprend bien vite, si bien que le set du groupe arrive à sa fin, entre deux intros sur sample. "Next song is our last song ! Please welcome our friends from At The Gates and Nifelheim !" lance le frontman avant que le dernier titre ne nous frappe, provoquant à nouveau quelques mouvements de tête dans les premiers rangs, ainsi que des acclamations à l’issue de cette performance.



On change d’univers avec l’arrivée des Suédois de NIFELHEIM. Le cuir et les pointes sont de mise, ainsi qu’un son black / thrash perçant et criard entre les harmoniques de Savage Agressor et Blackosh (guitares) ainsi que la rythmique grasse et rapide de Tyrant (basse) et Arthur Von Barbarian (batterie). Motivant la fosse à chaque instant avec ses hurlements agressifs, Hellbutcher (chant) se met en avant, annonçant rapidement le nom du morceau suivant. Alors que la fosse scande le nom du groupe, les musiciens prennent quelques secondes pour respirer avant d’en remettre une couche, dans cette même veine rapide et tranchante. "Paris ! We have a new album ! But it's unfortunately many years yet !" lâche finalement le frontman, pour finalement embrayer sur l’EP, sorti la semaine passée et jouer la cinglante "The Burning Warpath To Hell". Les flashs lumineux inondent la scène, et les leads ponctuent une rythmique qui fait bouger les têtes des premiers rangs. Et si la fosse est toujours aussi loin d’être remplie, les quelques die hard fans de la formation sont déjà totalement pris par leurs riffs. "Alright Paris ! Come on !" hurle le chanteur avant que le titre suivant ne reparte rouler sur le public. Et le public suit aveuglément le chanteur, levant le poing ou scandant à nouveau le nom du groupe. Alternant des classiques de leur discographie ainsi que des titres blasphématoires plus récents, les cinq Suédois offrent à la fois un spectacle musical parfait aux amateurs du genre, ainsi qu’un visuel menaçant avec leurs tenues et leurs mimiques. Cependant l’heure tourne, et c’est en reprenant son souffle qu’Hellbutcher s’adresse à l’assemblée. "Do you want more ? Can you take more ?" lâche-t-il avant que "The Bestial Avenger", suivi de l’impie "Satanic Sacrifice" ne nous déboule dessus à pleine vitesse. Un petit mosh s’organise plus ou moins au centre de la fosse, mais c’est le duo final, entamé avec la massive "Possessed By Evil" qui mettra réellement le feu aux poudres. "It’s the final… The Final Slaughter !" lance alors le frontman, un sourire aux lèvres. Car si NIFELHEIM se fait rare sur scène, cette tournée leur a prouvé que les fidèles de la formation sont toujours présents pour eux, et les acclamations qu’ils reçoivent le confirment.

Setlist : "Infernal Flame Of Destruction", "Unholy Death", "From Hell's Vast Plains", "Evil Blasphemies", "The Burning Warpath To Hell", "Bestial Rites", "Storm Of The Reaper", "Sodomizer", "The Bestial Avenger", "Satanic Sacrifice", "Possessed By Evil", "The Final Slaughter".



Place maintenant au clou du spectacle, AT THE GATES arrive sur scène après un petit changement de plateau et l’introduction de leur dernier album en date, qui débouche sur l’impériale "To Drink From The Night Itself". Toujours menés par le survolté Tomas “Tompa” Lindberg (chant), le combo ne perd pas une seule seconde pour aligner des riffs à la fois mélodiques et imposants. Jonas Björler (basse) et Martin Larsson (guitare) headbanguent en alignant leurs parties rythmiques sous les frappes d’Adrian Erlandsson (batterie) qui grimace en maltraitant ses cymbales avec des années de savoir-faire. Comme à son habitude, Jonas Stålhammar (guitare) semble plus réservé, mais le guitariste se laissera rapidement aller au headbang sans la moindre faute sur ses leads alors que le chanteur harangue déjà une fosse qui lui mange littéralement dans la main.
"Can’t hear you !" hurle le frontman alors que la minuscule fosse s’agite au son du death mélodique des Suédois. Les lumières reprennent leur danse folle lorsque "Slaughter Of The Soul" vient ravager la Machine, sous les headbangs, aussi nombreux et motivés sur scène que dans les premiers rangs. Et la puissance ne faiblit pas malgré l’enchaînement des titres. "Hey Paris ! We are At The Gates from Sweden. You just had a tough week, right ?" lâche le chanteur. Et c’est la divine "Cold" qui part, avec ce break mélodieux en son clair qui vient calmer le jeu avant un solo dantesque, toujours brillamment effectué par Jonas Stålhammar, qui est toujours de plus en plus à l’aise aux côtés des autres musiciens. Jouant avec son pied de micro, le frontman n’hésite pas à haranguer la fosse ou rejoindre les autres musiciens. Le sample "El Altar Del Dios Desconocido" permet aux musiciens de respirer quelques instants avant de reprendre avec la féroce "Death And The Labyrinth", qui marque toujours les esprits grâce à ses riffs explosifs. Se plaçant derrière les musiciens lors des longues parties leads, le chanteur n’hésite pas à revenir en provoquant les premiers rangs, surtout "Daggers Of Black Haze", un morceau qui me fera toujours le même effet avec ce passage atmosphérique planant. "Paris, thank you very much ! We have lot of questions. You okay if we play a song from 1995 ? Remember that we are all… "Under A Serpent Sun" !". Et c’est en effet le titre annoncé qui démarre, et peu importe qu’il ait fêté il y a un mois ses 24 ans, ce morceau est toujours aussi perçant et efficace sur scène. Un circle pit démarre, mais sera rapidement interrompu par… une tentative désordonnée de wall of death, ce qui semble amuser les Suédois. Mais le temps passe, et la setlist avance. De "Raped By The Light Of Christ" à "Heroes And Tombs", tous les classiques y passent, mais le groupe n’oublie évidemment pas les derniers morceaux, qui sont ceux qui ont fait découvrir la légendaire formation aux moins renseignés d’entre nous. "Is everyone still okay ?" demande le chanteur. "Perfect, another question ! You wanna hear a fast song ?" lance-t-il pour introduire la perçante "Nausea", suivie de "The Mirror Black" qui lanceront à nouveau la fosse.
Mais leur temps de jeu n’est malheureusement pas extensible, et l’heure du rappel sonne déjà avec la poignante "Suicide Nation". Les passages plus doux sont brisés par une reprise massive des riffs, et on sent que le groupe en a encore dans le ventre. En effet, le frontman n’hésite pas à haranguer à nouveau le public, avant de s’approcher de Jonas Stålhammar pour le faire chanter avec lui pendant que le reste des musiciens tient une rythmique impeccable et aussi tranchante que lourde. "Thank you Paris, it’s been a real pleasure ! It’s been really appreciated !" annonce le chanteur alors que l’immanquable "Blinded By Fear" vient assommer le public parisien avec un condensé de ce que la Suède a fait de meilleur dans le death mélodique. Mais c’est après "The Night Eternal" que le groupe nous quitte, sous des applaudissements largement mérités.

Setlist : "Der Widerstand" (sur bande), "To Drink From The Night Itself", "Slaughter Of The Soul", "At War With Reality", "A Stare Bound In Stone", "Cold", "The Colours Of The Beast", "El Altar Del Dios Desconocido" (sur bande), "Death And The Labyrinth", "Daggers Of Black Haze", "Under A Serpent Sun", "The Swarm", "Raped By The Light Of Christ", "Heroes And Tombs", "Nausea", "The Mirror Black".
Rappel : "Suicide Nation", "The Book Of Sand (The Abomination)", "Kingdom Gone", "Blinded By Fear", "The Night Eternal".

Le froid de la nuit parisienne nous enveloppe à nouveau alors que nous sortons, ravis, de l’excellente prestation d’AT THE GATES. Bien que sans surprise par rapport à la setlist, les Suédois maîtrisent à la perfection leur art, et nous les en remercions. Mais ni NIFELHEIM ni DESERTED FEAR n’ont démérité face à ces mastodontes, offrant également à leurs fans une prestation des plus solides, malgré les quelques différences de styles, qui se marient plutôt bien. Pour cette dernière date de l’année, Garmonbozia nous a régalés. A l’année prochaine !