La review

AVATAR + THE DEFILED + KILLUS
La Flèche d'Or - Paris
23/11/2014


Review rédigée par E.L.P


Aujourd’hui est un jour bien particulier puisque la salle accueillant le plateau de ce soir n’est ni une superpuissance comme le Zénith, ni une conventionnelle salle actuelle dans le milieu parisien comme le Trabendo ou le Divan du Monde, mais bel et bien celle de la Flèche d’Or. Petite scène de l’Est parisien au décor ferroviaire des années 30, c’est finalement cette salle aux allures de gare de triage qui s’est vue confiée la lourde tâche de recevoir l’arrêt parisien de la tournée européenne de ce groupe en plein essor sur la scène actuelle : AVATAR !
Pour marquer, comme il se doit, une fois de plus les esprits parisiens après leurs deux derniers passages respectivement en ouverture d’Avenged Sevenfold & Five Finger Death Punch, et au Covent Garden, la formation suédoise s’était entourée, pour l’occasion de KILLUS ainsi que de THE DEFILED.



Ce sera d’ailleurs sans tarder que les premiers fouleront la scène de la Flèche d’Or, ne laissant au parterre le temps de ne boire qu’une demi-bière... Voici donc que les Ibères de KILLUS prennent place sur les planches, leurs visages grimés, à mi-chemin entre le gothique d’un Marilyn Manson et celui d’un Deathstars à grands renforts de lentilles et de maquillage cadavérique. Prenant rapidement la salle à bras le corps, pour y dérouler, avec tout le dynamisme de leurs sonorités electro-goth / industrielles / melodeath, (pour le plus grand plaisir des présents à l'ouverture de cette soirée alors enrichie par l'incontestable énergie du carré espagnol), le groupe avancera des arguments de choix, imputables, avant toute autre chose, au charisme de Premutoxx, bassiste aussi expressif qu’explosif ainsi qu’à l’évident abandon aux planches présenté par les quatre connivents compagnons ! Extravagants, incisifs et follement énergiques, tels seront les quelques qualificatifs qui viendront à l’esprit de nombre de membres du public, alors étourdi et captivé par le professionnalisme des Espagnols venus défendre avec toute la vigueur du monde, les compositions de leur dernier opus en date : "Feel The Monster" ! À noter également, au-delà du charisme, que le set semblera astucieusement baigné d’un fin travail rythmique, faisant ainsi travailler de concert, Premutoxx (basse) et Luar Fixx (batterie), quant à la soigneuse et dynamique découpe grooy de leurs compositions ! Couronnés d’un son on ne peut plus correct ainsi que d’un habile enchaînement lumineux, le quatuor finira bien malgré lui, par quitter la scène, fier de s’être inscrit dans les modernes pas de ses évidentes références : Nine Inch Nails, Ministry... etc, mais également dans les coeurs du public heureux de ce premier jet parisien !



Viendra ensuite le tour du second tour-support de prendre part à liesse initiée par les quatre Espagnols généreux en énergie : les Britanniques de THE DEFILED !
L’arrivée desdits compagnons devant ce public encore à apprivoiser ne sera d’ailleurs pas sans peine, puisque quelques menus soucis techniques viendront mettre à mal le début du set des Londoniens. La machine ainsi présentée au parterre encore ému par la force de KILLUS se voudra finalement forte d’un univers visuel codifié, en apparence particulièrement travaillé avec, par exemple, leur frontman : Stitch D (chant / guitare) arborant de faux airs de Nikki Sixx. Maigre compensation que celle du visuel pop / rock puisque c’est, à mesure que le set avancera, un public dubitatif qui sera observé face aux artistes, bien mal à l’aise dès lors qu’il s’agira de faire preuve d’une sincère ouverture entre la scène et la fosse. Ces maladroites tentatives viendront, en outre, grever une solide partie du prétendu dynamisme du groupe, masqué par un florilège d’effets on ne peut plus "tendance" que les deux supposés charismes que seront Stitch D et The Avd (claviers / backings) tenteront de mettre en place au-delà d’une évidente absence de prestence de Vincent Hyde (basse) au jeu terne n’ayant pour égal que la fadeur de certaines compositions pop-punk / post-hardcore... S’attarder sur certaines des absences sus-mentionnées comme les atouts d’apparats façon brit-pop ou encore un claviériste ponctuant son jeu et ses transitions de private jokes et autres séances de voltige de son instrument ne serait, en revanche pas rendre justice à ce qui semblera être le noyau le plus "efficace" de ce set traînant alors en longueur : certaines lignes vocales de Stitch D ! Ce dernier poussera parfois son organe dans de bien étonnants sentiers avec une certaine maîtrise faisait ponctuellement oublier, l’espace d’un riff, le superflu ornant l’univers du groupe.
Un son relativement propre malgré de ponctuels et abondants subs assourdissants et soulignant certaines platitudes d’écriture sera malgré tout à constater. C’est finalement un set à l’arrière-goût légèrement amer qui touchera à sa fin, alors que l’heure tant attendue d’AVATAR point, quelques minutes après le départ de THE DEFILED !



Voir une formation évoluant, en 2013 encore, comme une étrange entité confidentielle et marginale, s’offrir pareilles conditions de jeu, moins d’un an seulement après leur ouverture du Zénith pour les deux poids lourds que sont Avenged Sevenfold et Five Finger Death Punch, a indubitablement de quoi en réjouir plus d’un, et ce avant même d’entamer la fin de la soirée !
Une seule ombre viendra cependant noircir le pourtant brillant tableau : leur sample introductif, une bien trop longue pièce de musique folklorique slave coupant tous ses effets au projet initial de création d’ambiance !... Passé ce premier rapport quelque peu "rugueux" avec l’ouverture des Suédois, ce sera, après une arrivée on ne peut plus théâtralisée (et néanmoins réussie), que le terriblement dynamique titre phare actuel du groupe : "Hail The Apocalypse" se verra confier les clés du set et du coup d’envoi de son ambiance finale ! S’ouvriront ensuite les portes de la riche discographie du quintet qui ne rechignera pas à y plonger pour piocher abondemment des titres parmi lesquels certaines pépites sortiront merveilleusement du lot comme "Bloody Angel" ou "Paint Me Red" aux refrains repris en choeur par le public, ou encore de véritables fulgurances comme leur moderne et nerveux "Tsar Bomba". Comblant alors la salle chauffée à blanc et prête à communier avec ce terrifiant Monsieur Loyal incarné par Johannes Eckerström (chant), la formation au sonorités aussi diverses que raffinées mais surtout honteusement bien travaillées saura, plus d’une heure durant, trouver le coeur du public, à grands renforts de ces implacables grooves posés par le tandem John Alfredsson (batterie) / Henrik Sandelin (basse) et structurant le set des suédois jouissant alors d’une qualité live (tant technique qu’artistique) des plus correctes. D’autres titres comme "Vultures Fly", "Puppet Show" ou "Get In Line" trouveront eux aussi leur place dans l’expressivité scénique de la formation, et ce jusqu’au rappel voyant un bref mais connivent échange basse / batterie s’amorcer, précédant les deux derniers titres "Smells Like A Freakshow" mais également le décevant "Tower"...
Les cris du public parfois transi mais souvent charmé finiront par se taire, les appels à une présence au Hellfest 2015 suivront, voici donc la soirée terminée, sans avoir un seul instant vu planer l’ombre de "Black Waltz", titre étonnement manquant au set d’AVATAR.

Setlist : "Hail The Apocalypse", "Let It Burn", "Vultures Fly", "Ready For The Ride", "What I Don't Know", "Bloody Angel", "Let Us Die", "Paint Me Red", "Torn Apart", "Tsar Bomba", "Murderer".
Rappel : "Smells Like A Freakshow", "Tower".

Ainsi s'achèvera une nouvelle soirée riche en émotion, entre joie de la découverte avec les Espagnols de KILLUS, pénibilité de la superficialité avec les Britanniques de THE DEFILED ou encore la fermeté, le charisme, l’abondante sympathie et la maturité de la bien nommée tête d’affiche : AVATAR, ayant définitivement su trouver sa voix / voie et poser les jalons d’un avenir on ne peut plus solide !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr