La review

BATUSHKA + MALEVOLENT CREATION + KONKHRA
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
02/03/2020


Review rédigée par Matthieu


Généralement, personne n’aime le lundi. On retourne au bureau, il faut prendre le métro, parfois le RER… Mais quand c’est pour aller voir BATUSHKA, MALEVOLENT CREATION et KONKHRA, on aime le lundi ! Et c’est avec cette idée en tête que je me rends à la Machine du Moulin Rouge, lieu du concert de ce soir organisé par Garmonbozia ! En croisant au passage la tête pensante de la formation polonaise, j’ai nommé monsieur Krzysztof Drabikowski aka Derph, avec qui je discute quelques minutes avant de patienter en compagnie d’une poignée d’autres amateurs de hurlements.



On débute donc cette soirée avec le death metal de KONKHRA. Visiblement attendu par quelques spectateurs, le groupe entre en scène de manière très sobre et commence à aligner les riffs massifs. Anders Lundemark (guitare / chant) semble très concentré sur son instrument, et ce sont Martin Kristensen (basse) et Kim Mathiesen (guitare) qui haranguent la fosse sous la double pédale de Johnny Nielsen (batterie). Malheureusement assez peu aidés par la lumière, les musiciens mêlent avec brio rythmique lourde et leads tranchants. "Hello Paris we are Konkhra we are from Denmark !" lâche le frontman avant d’enchaîner sur le titre suivant. Les influences thrash se mêlent à cette base death solide, et le public commence à y prendre goût. Le peu de public dans la salle n’effraie pas les Danois qui remuent sur scène en jouant. Assez silencieux entre les morceaux, le chanteur nous remerciera tout de même de quelques "Bloody thank you !" avant de lancer l’assaut suivant. Les riffs tournent tout seuls, quelques nuques se délient, et le combo assène titre après titre à la fosse, qui se remplit lentement. Le dernier morceau sera acclamé par les présents.

Setlist : "Floodgates", "Warmonger", "Alpha And The Omega", "Parasite", "Eye Of Horus", "Heavensent", "Spit Or Swallow", "Babylon", "Thoth", "Religion Is A Whore", "Facelift".



Même style mais un nom déjà plus connu pour la plupart des spectateurs, c’est au tour de MALEVOLENT CREATION de malmener le public parisien. Après un rapide "Paris, we are Malevolent Creation and here comes "Infernal Desire" !", Phil Fasciana (guitare) et sa bande commencent à jouer. Les hurlements de Lee Wollenschlaeger (chant / guitare) s’intègrent parfaitement à la rythmique de Josh Gibbs (basse) et Ron Parmer (batterie), qui est d’une efficacité redoutable. Très peu de mouvement sur scène, mais le groupe se démène pour un public plus conséquent mais malheureusement assez peu réceptif à ce death metal pourtant de très bonne facture. "How are you doing tonight ?" demande le frontman. "We will need headbangers for this one Paris !". Et le son frappe à nouveau, massif, implacable et ponctué de quelques leads sanglants. Les musiciens restent campés sur leur position, mais ils alignent sans broncher leurs riffs massifs. "Are you guys still awake ?" lance le chanteur alors que la fosse acclame le groupe entre deux titres. Et la lourdeur repart immédiatement, laissant alors au public parisien la possibilité de headbanguer sur des titres d’excellente qualité et précautionneusement sélectionnés dans la large discographie de la formation pour le laisser aucun temps mort. Quelques remerciements plus tard, c’est malheureusement déjà la fin du set. "We are so glad to be back, it’s the last one for the night…" annonce Lee. Mais l’impressionnante "Coronation Of Our Domain" a été prévue pour offrir aux fans de longue date la possibilité d’apprécier ce morceau de 1992. Le groupe est évidemment acclamé pour sa prestation.

Setlist : "Infernal Desire", "Living In Fear", "Blood Of The Fallen", "Manic Demise", "Release The Soul", "Mandatory Butchery", "Alliance Or War" (avec solo de batterie), "The Will To Kill", "Eve Of The Apocalypse", "Coronation Of Our Domain".



On passe au clou du spectacle avec l’installation d’un cercueil au centre de la scène pour le concert de BATUSHKA. Les membres du groupe entrent en scène, vêtus de leur longues toges noires, et la messe commence. La fumée et le sample introductif oppressant apporte une ambiance toute particulière à la scène, devant laquelle se masse le public. Le premier titre démarre, et il est évidemment issu de "Панихида", album qui confirme le talent de Krzysztof Drabikowski (composition, instruments, chant). A la batterie, l’invisible Jatzo (batterie) nous arrose d’une double pédale pachydermique, qu’il couple avec les riffs du guitariste et du bassiste. Mais BATUSHKA, ce n’est pas juste un mastodonte de lourdeur sauce black metal, car quelques passages plus aériens et légers sont à prévoir, accompagnés de chant liturgique. Les hurlements sont également de la partie, donnant encore plus de relief à ce contraste instauré par le groupe. Un non-initié ne saurait distinguer la fin d’un morceau et le début d’un autre, tant le groupe reste constant dans son attitude et sa performance. Les lumières suivent principalement la batterie, et le jeu de scène de musiciens donne l’impression que les hurlements surgissent de partout à la fois, accentuant encore le côté oppressant et sombre de la performance. Des rayons de lumière éclairent les membres du groupe, qui sont acclamés lors des courtes pauses que la formation s’autorise, mais ils restent de marbre, enchaînant d’un seul coup tout l’album pour le plus grand plaisir d’une fosse très réceptive à cet art. Le dernier titre n’est autre que "Yekteniya I: Ochishcheniye", qui prouve que même si la scission du groupe a eu lieu, l’énergie obscure qui alimente l’entité est toujours présente.

Setlist : Intro, "Pesn' 1", "Pesn' 2", "Pesn' 3", "Pesn' 4", "Pesn' 5", "Pesn' 6", "Pesn' 7", "Pesn' 8", "Yekteniya I: Ochishcheniye".

La soirée se termine avec la traditionnelle ruée vers les métros. Les membres des groupes sont facilement abordables, et certains prennent même la pose. Si KONKHRA et MALEVOLENT CREATION ont offert un show puissant et d’une qualité constante, c’est bel et bien pour BATUSHKA que la majorité des spectateurs est venue. Et la performance était à la hauteur de nos attentes ! Encore merci Garmonbozia !