La review

BENIGHTED + KRONOS + GOROD + MUTILATE THE STILLBORN
Le Complexe - Bordeaux (33)
12/04/2011


Review rédigée par Arch Gros Barbare


Le Complexe semble être devenu un nouveau lieu de rendez-vous pour la clique métalleuse Bordelaise. Première fois qu'on se pointe là-bas en fait. Pour ceux que cela intéresse, c'est perpendiculaire aux quais, quartier Bacalan, rue de la faïencerie, facile d'accès finalement dans une rue plutôt en construction quant à ce qui pourrait être des futures résidences huppées. Le charme principal étant ce qu'il reste encore des rues pavées à l'ancienne, en espérant que l'on conserve ce type de revêtement traditionnel qui faisait aussi un des patrimoines de Bordeaux.... Si l'environnement extérieur peut sembler paradoxal pour ce qui est de son emplacement, le fait qu'il y ait une petite cour avant d'entrer dans la salle elle-même, isolée, à ciel ouvert entre plusieurs bâtiments, permet d'avoir une intimité sympathique empêchant toute gêne pour le voisinage qu'il n'y a pas encore.
La salle elle-même, peut rappeler l'intérieur, en plus vétuste c'est un fait, de celle du BT 59 à Bègles. On a des portes coupe-feu et bruit surtout, un guichet, un bar en longueur, des canapés, de quoi faire un mini-stand merchandising et une scène surélevée qui offre tellement de panorama pour le groupe et le public, où viennent se faufiler des backstage en retrait avec un accès lui aussi facile.
L'environnement n'était donc pourtant pas trop mal, pour cette affiche plus qu'excellente dont le décor death metal dans ses explorations les plus diverses était planté, avec un temps propice puisque le ciel bleu était revenu.

Malheureusement il faut se rappeler que nous sommes à Bordeaux, et ce n'est pas la ville la plus métallique de France, bien au contraire. Si le top départ était à l'origine prévu pour 19h00, se rendant compte que c'était bien tôt pour un démarrage de soirée, vu qu'en plus il est toujours inconscient et audacieux d'organiser une affiche en milieu de semaine ; L'orga à savoir Hypnotique Production, a préféré repousser l'ouverture des portes d'une heure, peu de temps avant le jour fatidique. Mais heureusement que rien ne commence toujours à l'heure et même en arrivant à 20H20, on était toujours en avance !!! Et donc, le public Bordelais, fidèle à lui-même n'était qu'à moitié au rendez-vous, parce qu'à 20h30, il n'y avait pas plus d'une cinquantaine ou soixantaine de personnes dont peu de membres de groupes locaux, parmi lesquels Arnaud de Ad Patres, ou encore des membres des groupes tels que Demented, un peu amers pour des raisons légitimes, ou encore de DCD groupe de grind du coin, pour ne citer qu'eux.

21h00, finalement les portes s'ouvrent et l'équipe de sécurité demande comme à la cantine à ce qu'entrent dans l'ordre : les invités, les préventes, puis ceux avec l'appoint ou d'autres trucs comme ça... Ce qui en soit peut paraître très discipliné mais également organisé quelque part... Et à partir ce ce moment là, on ne savait pas encore ce qui nous attendait, une soirée avec des frontman charismatiques... Tous dans un style... euh... différent.



MUTILATE THE STILLBORN 21h15-21h45

Enfin, après une ultime balance, le groupe de chauffe entre en scène. Un petit amuse-gueule avant la grande déferlante... MUTILATE THE STILLBORN, jeune groupe à l'étiquette deathcore est chargé de réchauffer l'ambiance en attendant les préparatifs des groupes censés attirer le public. Oui, il s'agit bien d'un groupe relativement jeune, avec l'expérience qui va avec. Mais ce qu'il s'est passé pendant le show de MTS a plus attiré notre attention que la musique elle-même.

En effet, dès les premières notes, on a ressenti l'attachement à cette scène saturée de groupes dits "deathcore", avec des rythmiques syncopées, une basse massive, des guitares ou plutôt une guitare, propre. Oui, une guitare car j'ai ouïe dire que le second guitariste était là depuis vraiment peu, peut-être de la veille ou du matin même, sans vouloir trop m'avancer dans ma connerie. Et donc la prestation fut un peu pauvre malheureusement ne connaissant pas tous les morceaux vraisemblablement, et faisant parfois que de la figuration. Le bassiste quant à lui, est un enfant de la musique core à souhait, avec un style dynamique dans le jeu, dans la gestuelle et dans la tenue. La musique de ce groupe n'est pas ni supérieure, ni inférieure en soi à bon nombre de jeunes combos qui présentent les mêmes idées musicales autrement trop utilisées ces derniers temps, mais ce n'est pas cela qui nous a tous scotché dans la salle. Non c'est plus le one man show réalisé par le chanteur, qui depuis le premier morceau a fait montre d'une personnalité relativement extravagante voire loufoque sinon dérangeante. En effet à l'annonce du deuxième morceau me semble-t-il, intitulé "Bone Crusher", le spectacle a véritablement commencé. Muni de son t-shirt Watain, le chanteur de MTS nous a offert quelque chose de phénoménal en matière de représentation scénique, sans aucunement parler de la qualité car chaque personne qui était présente dans la salle fera sa propre idée sur le ridicule ou pas de la chose bien évidemment.
Entre danse "crab-core", gestuelle de psychopathe, les pieds nus, en descendant de la scène pour pogoter avec certains, et même quelques fois avec une agressivité déplacée eu égard à certaines personnes, ce mec est étrangement étrange. Mais est-ce le personnage qui veut cela ? Nous avons assisté à un spectacle, entre le fait de s'allonger par terre rappelant peut-être les attitudes d'un Jim Morrison sur le devenir, et son côté prolixe entre les morceaux, remerciant par une longue liste tous les intervenants de la soirée à la manière d'une cérémonie des Césars. Le plus fort de la prestation fut quand le micro avait un problème de connexion et que la voix n'était plus audible du tout pendant de longues minutes. Alors nous rappelant le film culte des années 80's de David Zucker et Jim Abrahamas "Y-a-t-il un pilote dans l'avion ?" et son côté burlesque, celui-ci demande si un ingé son était présent dans la salle...
Malheureusement, avec une telle prestation humoristique, les yeux sont restés plus rivés vers le frontman de MTS que sur le reste du groupe et l'attention était encore moins sur leur musique... Le set se termine donc au bout d'une demi-heure, et même si le cheminement a été différent, le résultat est là : la salle est chauffée MTS a fait son taff.

Entracte 1
Déception côté bar, où l'on constaté une grosse affiche au mur qui nous indique que la pression est HS, donc tout le monde devra mettre la main au portefeuille un peu plus pour consommer des bières en bouteille plus chères de cinquante centimes je crois... Enfin bon, une bonne vingtaine de minutes d'attente en extérieur et c'est reparti.



GOROD 22h05-22h55

GOROD joue à la maison et Julien s'empresse de l'annoncer durant le set. Oui GOROD joue à la maison et c'est aussi une des raisons qui a attiré le public de ce soir qui lui est toujours fidèle. Mais dans l'absolu la musique extrême, aussi mélodique soit elle grâce à la technique, n'attire pas autant à Bordeaux que dans les autres citadelles du Chaos. Et il n'y a pas dû avoir plus de 150 personnes au total, en étant large, à moins que je ne me trompe... Enfin, Gorod joue une fois de plus et la prestation en vaut le déplacement.

Comme d'hab, Barby, nous assène ses mimiques de schizo, avec toujours son sourire béat lorsqu'il joue et se dandine comme un sauvage sur la scène tout au long des morceaux, à tel point qu'à un moment il en perd un bouchon anti-bruit. Mais c'était sans compter sur sa dextérité, parce qu'après deux ou trois minutes, il récupère ce dernier tout en continuant à jouer. Mathieu et sa sept cordes, laisse échapper plusieurs sourires également lors de passages intenses et vraiment complexes. Sans doute, seuls, leur dernier guitariste en date Nicolas, qui me fait toujours autant penser à Schuldiner, et Samuel sont les plus sérieux dans l'exécution de leurs mélodies. Bizarrement on avait une impression que le son de GOROD était moins limpide qu'à l'accoutumée, ne laissant pas apparaître aisément tous les sons, les petits trucs techniques qui font qu'on apprécie ce groupe. Même la voix de Nutz soit à l'annonce des morceaux ou encore dans le registre hurlé plus criard était difficilement perceptible. Mais mis à part cela, GOROD a une fois encore fait du bon boulot sur scène en balançant plusieurs morceaux de "Leading Vision". Classieux, professionnels, dynamiques et enjoué GOROD a toujours un public rallié à sa cause durant les concerts, sans aucun problème. La surprise sur le gâteau, et nous nous en doutions lors de son annonce, car tout le monde ou presque l'avait aperçu venant des backstage c'est la présence de Guillaume Martinot, précédent chanteur de GOROD, venu pousser un peu la chansonnette le temps de quelques minutes. Le public aussi nostalgique que le groupe a beaucoup apprécié. Et ce fut un réel plaisir que de voir les deux chanteurs sur scène se donner la réplique avec politesse tout en enflammant la salle. D'ailleurs cela a permis d'effectuer une comparaison live, et peut-être laissant la préférence au timbre de Guillaume.

Enfin après moults et moults demandes du public "Disavow Your God" est arrivé infligeant le coup de grâce parmi l'audience. Ici aussi on constate un charisme qui émane de Nutz, comme un frontman intense et très efficace. La fin du show se fait avec une chaleur étouffante, quand au moment de partir un fan demande à l'un des membres un médiator en cadeau et que celui-ci lui rétorque, avec humour penserons-nous, de prendre autre chose dont nous tairons le nom... Ceci sera le dernier acte du set... héhé...

Entracte 2
Ben comme d'habitude, beaucoup sortent, discutent, et attendent la préparation de KRONOS.



KRONOS 23h15-00h05

De tous les groupes de la soirée, pour avoir déjà vu GOROD bon nombre de fois, c'est KRONOS qui a été le plus intense dans sa brutalité ; peut-être la meilleure impression de la soirée. Un groupe rouleau-compresseur qui déboîte sévèrement, le plus efficace pour ma part, qui nous a délivré du gros death metal à se déchirer le slip. Oh oui, si KRONOS est plutôt discret en matière de promotion, à moins que ce ne soit les médias qui ne les boudent, ce groupe mériterait d'être plus mis en avant. Sa discographie est composée de trois chapitres, plus une compilation "Prelude To Awakening" qui regroupe une réédition du premier album et de démos, a fait malgré tout de ce groupe, pour ceux qui le connaissent, un combo culte dans l'underground brutal death Français. Après le départ de Kristof en 2009, il a fallu recruter un nouveau chanteur, et ce soir nous avons l'occasion de voir Chris Lewis à l'oeuvre. Chanteur Anglais (Cancerous Womb, ex-Cerebral Bore), là aussi encore une fois c'est le charisme du frontman qui y a fait pas mal, bien que autant le batteur, que les guitaristes nous aient foutu une bonne trempe à l'ancienne. Les titres défilent, avec hargne, tandis que ce chanteur dont la voix la plus efficace de tous les chanteurs de la soirée, nous a conquis littéralement tout au long des chansons. KRONOS envoie du bois, et connaissant moins les deux derniers albums, j'ai pu en prendre plein les oreilles à la découverte de morceaux autant brutaux, qu'accrocheurs et techniques. Vu que c'est depuis le début du mois d'Avril qu'on peut voir Chris en live avec le groupe, et que le combo n'a rien sorti depuis un moment, c'était un plaisir de découvrir une de leur nouvelles prestations an compagnie de ce grogneur.

KRONOS ne fait pas de concession, le steak est haché menu et servi aussi sec dans l'assiette à la tartare. C'est tellement bon, que même Barby est venu y mettre du sien au milieu de la fosse pour encourager le groupe. C'est tout à son honneur, chose qui se perd quelque peu, où les groupes de l'affiche assistent au concert des autres groupes de l'affiche. Voici ce qui est preuve de cohésion artistique. En tous les cas les titres qui ont été à l'honneur ont pu donner envie de découvrir encore plus le groupe, avec un vocaliste qui maitrise bien son organe tant en growls aigus qu'en grunts gutturaux. Foule comblée, chaleur tournant dans la salle, KRONOS a assuré son set comme un Dieu Grec.

Entracte 3
Eh bien, on peut dire qu'elle était bien venu cette pause, car l'intérieur du complexe est devenu une fournaise à ce moment là de la soirée. De nouvelles têtes sont apparues, Thomas (Asmodée), Cyriex (Asmodée, Offending) étaient là, histoire de refaire le monde quelques minutes et de parler de tout et de rien comme on sait bien le faire, pendant que BENIGHTED le bestiau multiformes se prépare à l'intérieur.



BENIGHTED 00h10-01h05

On y est, c'est la première fois que je voyais BENIGHTED en live. Groupe éclectique dans sa musique extrême qui mélange tout aussi bien des trucs death que punk, que core et mélodique ou encore grind, ces gars là n'ont pour l'instant jamais vraiment déçu au fur et à mesure de leur évolution discographique. C'est sans doute aussi le seul groupe pour lequel je supporte encore les gruiks de goret. Et voici donc la dernière formation de la soirée, avec ici aussi un chanteur plus que présent qui sait amplement foutre le feu à une foule, la maitriser, lui parler, la faire vibrer et la faire tourner. Car en effet s'il se sent aussi à l'aise sur scène qu'à la maison, Truch domine le public. Les morceaux phare de "Icon", de "Identistick" ont la part belle, ainsi que les savoureux morceaux du dernier album tout fraichement sorti qu'est "Aslyum Cave" où Truch nous invite à voyager dans leur asile particulier. Ça envoie sec, on sent que le groupe a des années derrière lui, et qu'il est rodé pour la scène depuis des lustres. Tous les mecs se lâchent, et Truch sait y faire pour faire participer le public, soit à monter sur scène avec eux, ce qui s'est fait d'ailleurs, mais aussi à scinder une salle en deux pour l'affrontement de face, comme Moïse partagea la mer rouge selon les écrits saints paraît-il,ou plus simplement comme Dagoba le fait à chaque concert.



BENIGHTED montre qu'il est la tête d'affiche et malgré le départ de certains soit par souci d'horaire de tram, soit parce que le style ne leur convenait pas, c'est devenu la grosse tuerie dans la salle. Les mimiques de Truch, les chansons destructrices font que le public se démonte devant la scène. On retrouve d'ailleurs le chanteur de MUTILATE THE STILLBORN, accompagné du batteur je crois, qui nous font un démonstration de danse incongrue et démembrée aussi bizarre que bizarre. Bref, en tous les cas BENIGHTED a défoncé ce qu'il fallait, les morceaux choisis sont ceux qu'on a l'habitude de remettre le plus facilement sur leurs albums, et je me permettrais de ne pas en citer, car Truch lui-même dans l'annonce d'un des derniers titres ne se rappelait même pas de celui-ci tellement il est long. En tous les cas on a eu droit à une histoire sur le fait qu'il n'y a pas que les bonbons qui font tomber les dents et à un véritable de show d'un groupe qui montre qu'il domine son sujet.
Ce qui a fait plaisir c'est que finalement, il y a eu un rappel avec deux morceaux, dont un où justement lors de la séparation de salle avec l'affrontement, et je crois que c'est à ce moment là me semble-t-il où Candy est descendu de la scène pour faire face à celle-ci de l'autre côté de la foule, pour continuer à jouer et mettre une ambiance de malade, allant même jusqu'au stand merch pour jouer basse posée sur la table. La fin du show était phénoménale tant pis pour ceux qui ne sont pas restés jusqu'au bout, BENIGHTED a tout détruit sur son passage,en terminant sur les traditionnels remerciement, c'était quelque chose de très fort.

Alors pour conclure sur ce long monologue, la soirée de ce soir était nickel question ambiance, même si plus de monde aurait été bénéfique à tous. Les styles étaient tous rattachés à une étiquette death en y ajoutant chacun sa dose de grosse personnalité. On y retiendra des frontman avec de la présence, une énorme présence, du lourd, avec GOROD, KRONOS et BENIGHTED que Bordeaux a eu l'occasion de faire jouer ce soir, et le souvenir n'en sera que jouissif pour le public. C'était très sympa...