A la mi-Décembre, alors que le chaland s’adonne aux habituelles courses de fin d’année, quelques irréductibles affrontent le froid devant le Grillen de Colmar pour venir assister au concert de BETRAYING THE MARTYRS. Moins courageux que la moyenne, c’est depuis ma voiture que j’assiste au ballet des parents qui déposent leurs minots devant la salle pour la soirée… "Ah ouais quand même !" me dis-je tout en repensant au show dantesque des papys de Saxon vu deux semaines plus tôt. Ce fossé générationnel constaté, il est temps de bouger ma carcasse, les portes s’ouvrent...

Pour débuter, je dois admettre que je suis décontenancé par l’inconsistance de l’affiche, en effet, programmer un groupe de death aux côtés d’une tête d’affiche plus typé hardcore est un pari risqué et malheureusement, BLINDNESS n’y échappera pas. En effet, BLINDNESS est un groupe que j'apprécie beaucoup et les compos de Damien sont toujours incisive et bien pensées. Avec joie, je constate que le son est bien meilleur que la dernière fois que je les ai vus lors du festival Rock Your Brain à Selestat. Ici, les voix sont bien audibles ainsi que les instruments. Forts d’un album, "Sca(r)red" bien reçu par la critique, il me semble entendre de la nouveauté dans la setlist, en effet, "Wanderer" et "Pulses"ne figurent pas sur le CD. Comme d’habitude, Damien "Dam" (aussi présent chez Dust In Mind et Absurdity) occupe avec brio sa place de frontman tandis que Damien "Mad" (celui d’Inhumate) fait le show à sauter et remuer dans tous les sens. Petit regret pour moi, l’annonce du départ de Peter Von Troy (Bloody Mary) qui assurait la basse depuis six mois avec une présence scénique hors pair en compagnie d’Arthur derrière les fûts. Là où le bât blesse, c’est l’assistance. Hors quelques potes et connaisseurs venus pour eux, le public se montre plutôt indifférent, voire hermétique. Dommage car la prestation méritait bien mieux.

Setlist : "Red Dust", "The Dream", "Wanderer", "On The Run", "The End Of Your Life", "Last Chance", "Pulses", "Ultimate Seizure", "The Chosen Path".

Place nette est faite, le groupe suivant peut prendre place. Ou plutôt, le duo. Eh oui, THE ALGORITHM c’est Jean, furieux batteur, et Rémi, être improbable en ces lieux qui alterne sans complexes le gras à sept cordes et la table de mixage. J’avais déjà entendu le nom "The Algorithm" mais honte à moi, je n’avais pas eu la curiosité d’aller y jeter une oreille. Faute réparée ce soir et tel Candide, je découvre les oeuvres déchaînées de THE ALGORITHM usant de chiptune et de samples souvent issus de classiques du jeu vidéo. D’ailleurs, au détour d’un titre, quand j’ai entendu le "Oh yeah !" caractéristique de la B.O de Tetris Grand Master 3, le gamin en moi a pleuré en pensant de Rémi : "Mec, t’es un héros !". Même motif, même punition ; peu nombreux sont les amateurs du genre ce soir et malgré la bonne volonté du duo et le son plutôt bon, la sauce a du mal à prendre. Dommage, n’étant pas forcément amateur d’electro, j’ai bien apprécié la performance et les breaks déjantés à la gratte permettaient aux novices comme moi de ne pas se lasser. Maintenant que je sais ce dont est capable THE ALGORITHM, je pense me laisser tenter la prochaine fois qu’ils repassent dans le coin.

Bizarrement, ou pas, le bord de scène devient tout à coup plus dense, les fans exclusifs de BETRAYING THE MARTYRS se rapprochent.. Après une tournée US, c’est en cette première fois pour eux à Colmar qu’ils viennent présenter leur second album, "Phantom". Bien qu’ils ne se définissent pas dans un style particulier, on ne peut pas nier la forte influence hardcore qui anime le groupe. Habituellement peu inspiré par ce type de musique, je suis soulagé de constater qu’effectivement, d’autres inspirations agrémentent leurs compos qui sont d’ailleurs reprises en choeur par l’assistance. De plus, il n’aura pas fallu longtemps pour enflammer la salle puisque dès le second titre, "Man Made Disaster", la fosse s’est déchaînée. En seconde partie de set, Victor, le clavieriste, annonce que la suite sera plus death, ce qui me convient tout à fait. Côté scène, c’est clairement Aaron, le chanteur, et Victor qui mettent l’ambiance, soutenus par le guitariste Lucas. Plus discrets mais présents, Mark et Valentin assurent le couple basse / batterie tandis que Baptiste, à la seconde guitare est très en retrait. Toutefois, ceci ne m’a pas empêché de profiter de la prestation surtout sur la fin (quand ça tabassait un peu plus !). Le set m’a tout de même semblé court, une grosse heure, mais réussi. Le public était visiblement satisfait du concert de Betraying.

Parfaitement organisée par l’asso Live!, la soirée fut donc mitigée car réussie pour BETRAYING THE MARTYRS mais en demi-teinte pour BLINDNESS et THE ALGORITHM. Preuve que les affiches éclectiques sont risquées...