La review

BETWEEN THE BURIED AND ME + HAKEN
La Maroquinerie - Paris
25/09/2015


Review rédigée par Sharknator


Votre chroniqueur faisait, ce soir du 25 Septembre 2015, son premier concert à la Maroquinerie, l’une des quelques salles de concert du 20ème arrondissement de la capitale. Mon conseil aux Parisiens est de surveiller leur agenda, très divers, aux groupes tant de metal (tendance deathcore / death progressif), que de pop rock, musique électronique, hip hop… Chacun, métalleux ou non, peut y avoir son compte, à condition de trouver son entrée dissimulée par une grande porte en bois se fondant dans le décor de la rue Boyer ; trouvez simplement un attroupement, si la salle dispose d’une capacité de 500 personnes, ce n’est pas pour rien.



Ainsi donc, le concert commença par un groupe talentueux : HAKEN, une bande de Britanniques visiblement bien influencés par leur tête d’affiche, desservant un metal progressif aux multiples influences et sonorités, tantôt bien métallisées, tantôt jazzy, et un peu country par-ci, et un peu rock indé par-là… Tout le show réserva ainsi son lot de (bonnes) surprises sonores ; merci donc à Diego Tejeida, un claviériste aimant et maîtrisant son instrument ; demandez aux spectateurs combien ils apprécièrent sa manière d’empoigner son synthétiseur comme une guitare, de venir au premier rang et d’exécuter son petit solo endiablé auprès de son ami guitariste. Par ailleurs, puisque nous parlons des musiciens, reprochons cependant au bassiste sa tendance à la transparence. Conner Green jouait bien, très bien même… Alors pourquoi s’entêta-t-il à rester à l’arrière de la scène, et donner l’impression de se cacher derrière le deuxième guitariste ? Là se pose le souci, durant le set, de la mise en scène ; en effet, à défaut de nous servir une musique impeccable (félicitations lointaines à l’excellent travail de l’ingénieur du son), les musiciens de HAKEN demeurèrent un peu trop statiques, trop immobiles. Pourquoi pas, après tout nous sommes à un concert progressif, si seulement la scène fut mieux occupée ; celle-ci pouvait tout à fait accueillir plus de cinq artistes, et dessus trônaient de surcroît une batterie et un synthétiseur de tailles conséquentes ; une assez grande partie en demeura ainsi vide, trop vide, pendant le concert, que le chanteur Ross Jenings, frivole, prit immodérément la liberté d’occuper, puis de quitter un peu trop longtemps, lors des parties instrumentales. Du mouvement très troublant : Jennings semblait sans gêne, de parfois laisser ses acolytes jouer seuls ; peut-être que manqua cette présence durant les parties sans chant, pour que l’ambiance générale soit complète, combinée aux headbangs exaltés d’un public bien motivé ; excellente dans les expérimentations, la musique bien rythmée, et a cappella ("Coackroach King", quelle chanson magnifique), HAKEN fut une très bonne première partie, dont il serait bête de se priver d’une écoute plus approfondie.



Fait notable de la soirée : aucun problème technique, ou de toute autre nature, ne vint poser de retard dans l’enchaînement des deux concerts. Ainsi, entre la fin de HAKEN et le début de BETWEEN THE BURIED AND ME, peu de temps de repos pour les spectateurs partis fumer leur cigarette de break ou s’acheter leur pinte de blonde, la tête d’affiche arriva tôt, sur ambiance de lumières bleutées très profondes…
Une nouvelle occasion de remercier la régie, qui accomplit décidément un travail irréprochable ce soir-là ; que ce soit pour les lumières ou le son, nul doute que les deux sets furent un véritable plaisir pour les yeux et les oreilles. "Selkies: The Endless Obsession" fut le premier méfait des Américains, tiré d’un de leurs albums les plus appréciés, "Alaska". Nul doute que cette stratégie convainquit d’emblée les plus zélés des fans présents à la Maroquinerie. Et la promotion de "Coma Ecliptic" put ainsi directement enchaîner, avec "The Coma Machine" (seulement trois morceaux de l’album furent joués au final, ce qui demeure relativement peu pour le "Coma Ecliptic Tour"). Qu’à cela ne tienne, BTBAM plut tant que des pogos finirent par éclater vers la moitié du show ; essayez donc, en général, de tant faire bouger le public pendant un concert de metal progressif, pour cela je ne pus qu’applaudir mentalement. Vers la fin du concert, un jeune énergumène se permit même une petite folie : à savoir de monter sur scène, cracher quelques mots incompréhensibles alors que la musique tonnait tout autour, et de sauter pour un stage diving qui l’emmena jusqu’à la console de la régie. Evidemment, ce concert aurait été trop parfait… Même si un contraste assez évident est à constater, comparé à la première partie (reliquat d’une bien plus longue expérience scénique ?), un nouveau souci de mise en scène et non des moindres sévit durant l’heure et demie de BTBAM : le déséquilibre de la répartition de la scène, au même titre que durant HAKEN divisée en deux parties. Mais alors qu’à droite se trouvait la majorité de ses membres (Tommy Giles s’y étant beaucoup glissé), le côté gauche en fut ainsi trop peu exploité, presque uniquement occupé par le guitariste Paul Waggoner durant tout le concert. Oui, peut-être voyez-vous là une redondance, après avoir lu quasiment le même défaut durant la première partie, mais là est un problème plutôt commun aux concerts progressifs : le manque de réelle utilisation de l’espace. Peut-être à cause d’une trop forte concentration sur leur musique longue et virtuose (et en l’occurrence, gênés pas la disposition des deux claviers), peu de jeu d’occupation, hélas, est accompli par les musiciens de ce style de groupes. Ne soyons cependant pas mauvaise langue, un tel facteur ne peut se montrer déterminant pour juger un concert, et l’ambiance demeura bel et bien présente.
La satisfaction du public alla jusqu’à héler le groupe sorti de scène pour un rappel. Et ainsi BETWEEN THE BURIED AND ME conclut son set sur "White Walls", et sur de francs checks et poignées de mains aux spectateurs. Les progeux chevronnés auront vécu une soirée enchanteresse ce 25 Septembre 2015, en compagnie d’un groupe ayant littéralement marqué son genre.

Setlist : "Selkies: The Endless Obsession", "The Coma Machine", "Astral Body", "Lay Your Ghosts To Rest", "Memory Palace", "Famine Wolf", "Ants Of The Sky".
Rappel : "White Walls ".