La review

BRUJERIA + VENOMOUS CONCEPT + AGGRESSION + SANGRE
Le Petit Bain - Paris
18/05/2019


Review rédigée par M.B.


Un concert de BRUJERIA, c’est toujours un petit évènement en soi. En effet, le groupe se fait plutôt rare en concert en Europe, mis à part pour les grandes occasions comme le Hellfest. Une fois n’est pas coutume, la grand-messe des grindcoreux se passe sur la péniche du Petit Bain dans le 13ème arrondissement de Paris.



La soirée commence fort avec un groupe californien du nom de SANGRE dont le style oscille entre thrash, brutal death et groove metal. Bien que leur nom m’était jusque-là inconnu, il semble que le groupe se soit formé en 1999 et qu’ils aient déjà deux LPs à leur actif et un certain nombre d’EPs et même un split album. Il y a quelque chose de très groovy dans leur musique, entre Pantera, Machine Head et Cannibal Corpse. Vêtu d’un short et d’un tee shirt large façon New York Hardcore, le chanteur est assez mobile sur scène et harangue le public, rendant notamment hommage aux 43 étudiants mexicains disparus en 2014 et qui n’ont toujours pas été retrouvés. Si leur musique n’est pas révolutionnaire, elle est néanmoins assez efficace et entraînante.



Dans la foulée, on enchaîne sur les Canadiens d’AGRESSION. Si le guitariste est francophone et vient du Québec (comme en témoigne le drapeau québécois posé sur un des amplis), le reste du groupe est anglophone et originaire de Vancouver. Il est amusant de les voir converser, tantôt en français tantôt en anglais. Musicalement, ils jouent du thrash assez classique entre Dark Angel, Voivod et Exodus. Rien de bien novateur certes mais ils maîtrisent bien les codes du thrash. Par conséquent, ils parviennent à tenir en haleine le public qui en redemande. Apparemment, les thrashers ne sont pas vraiment des novices puisque le groupe s’est formé en 1985 même s’il n’a que quatre LPs à son actif. Un groupe qu’il faudra suivre à l’avenir !



Après un courte pause et alors que la salle commence à se remplir, on passe à autre chose avec les Américains de VENOMOUS CONCEPT. A l’origine, le groupe intègre deux "stars" du monde du metal extrême, à savoir le bassiste de Napalm Death, Shane Embury, et le bassiste Dan Lilker (Brutal Truth) qui a fait ses débuts au sein de Nuclear Assault. Sauf que l’on apprendra de la bouche du chanteur Kevin Sharp (Lock Up) que ces derniers n’ont pas pu être présents pour la tournée et sont donc remplacés par des intérimaires. Musicalement, le groupe formé en 2003 (dont le nom est une référence au groupe de punk Poison Idea) joue du punk hardcore mâtiné de grindcore. Il y a quelque chose de crust dans l’esprit. On ne peut s’empêcher de penser à Jello Biafra de Dead Kennedys à la vue du chanteur qui se dandine sur scène avec son stetson vissé sur la tête. Pas de doute, le second degré est au rendez-vous ! Leurs titres sont rapides et assez courts dans l’esprit crust / grind et on commence à voir les premiers stage divings dans le pit. Il semble que c’est la première fois que la première fois que le groupe se produit en France et je dois dire que c’est plutôt une bonne découverte !



Une fois la prestation des Américains terminée, on enchaîne sur la tête d’affiche de la soirée : BRUJERIA. Fidèle à lui-même, le groupe apparaît vêtu à la manière de narcotrafiquants mexicains, le visage dissimulé derrière des bandanas. L’un des musiciens porte même une casquette portant le slogan "Make America Mexico Again". Une parodie du MAGA (Make America Great Again) de Donald Trump, qu’ils ne semblent pas porter dans leur cœur en tant que politicien. Les origines du groupe remontent à la fin des années 80 et il semblerait que parmi ses fondateurs, il y ait un membre de Fear Factory en la personne de Dino Cazares. Malgré les informations que l’on peut trouver ici ou là, il faut avouer que BRUJERIA est un groupe sur lequel plane une aura mystérieuse. En fait, BRUJERIA est plus un projet qu’un groupe à part entière (et ce depuis le début). Ce qui est sûr, c’est que c’est un groupe-concept à prendre au second (voire au troisième) degré, surtout lorsque ses membres font mine de glorifier des personnages aussi obscurs et controversés que Pablo Escobar à travers leurs textes. Alors que le public commence à se défouler et que l’ambiance dévient très vite électrique, BRUJERIA puise abondamment dans le répertoire de ses premiers albums cultes comme "Matando Güeros" (1993) ou "Raza Odiada" (1995). Tous leurs grands classiques y passent, de "La Ley De Plomo" à "Matando Güeros" en passant par "Colas De Rata". Devant la scène, c’est un enchaînement de slams et de  stage divings tous aussi acrobatiques les uns que les autres. Toujours fidèle à son esprit de déconnade, le groupe clôt le concert sur la reprise death metal (et très parodique) de la "Macarena" : c’est le titre "Marijuana" qui finit d’électriser le public. Après un concert comme ça, on se dit que le metal n’est pas qu’une simple musique mais carrément une religion !

Setlist : "Cuiden A Los Ninos", "La Ley De Plomo", "Viva Presidente Trump !", "Lord Nazi Ruso", "Hechando Chingasos", "La Migra", "Satongo", "Desperado", "El Desmadre", "Anti Castro", "Marcha De Odio", "Revolucion", "Brujerizmo", "Angel De La Frontera", "Consejos Narcos", "Colas De Rata", "Raza Odiada (Pito Wilson)", "No Aceptan Imitaciones", "Matando Güeros", "Marijuana".