La review

CANNIBAL CORPSE + KRISIUN + HIDEOUS DIVINITY
Le Moloco - Audincourt (25)
03/05/16


Review rédigée par Sam


T’as des cheveux et t’as loupé le 3 Mai 2016 au Moloco ? Non mais allô, quoi ! Ok, c’était pas le même registre ce soir-là. J’explique. Rembobinons. Le 3 Mai, l’asso Sono Light, qui avait déjà produit le concert d'Arch Enemy l’année dernière, balance la seule date française de CANNIBAL CORPSE, chez toi, dans la riche banlieue de Montbéliard : Audincourt. Si c’est pas beau ça ! Bon, tu t’attendais à voir une salle comble ? Bah que nenni. C’était pas mal rempli, mais il restait un peu de place entre deux bières et deux chevelus accompagnés de créatures ma foi fort sympathiques tout de noir vêtues. Bon, allez…300 personnes je dirais, le prix (27 euros sur place, 22 et des bananes en prévente) de la date en a peut-être découragé certains. C’est pas super cher pour un tel plateau, mais c’est la crise ma bonne dame, que voulez-vous.



Fallait pas être en retard au sortir de ton turbin, 19h30 ouverture des portes et 20h début des hostilités avec HIDEOUS DIVINITY. Des Romains comme on les aime bien. C’est pas mal, tranchant et incisif, avec notamment une batterie ultra carrée, un chanteur dans l’esprit, harangant la foule qui s’épaissit, et un guitariste soliste assurant le boulot. Pour faire simple, ça défourraille sec, c’est assez bien mixé, ça dégage une grosse puissance et on prend un certain plaisir à écouter le groupe en live. Le tout évite à celui-ci de tomber dans les travers d’une musique trop puissante, trop technique (oui, parce que de la technique il y en a à revendre) et donc inaudible. Pour en revenir à la technique, on a de grosses rythmiques et un chanteur en place qui nous gratifie d’une présence scénique non négligeable. Le groupe se repose beaucoup sur cette partie rythmique défiant n’importe qui. Simple et propre au premier abord, elle s’avère être démentielle dans les faits avec des parties de double pédale et des enchaînements à en faire pâlir un mec sous coke. Intéressante cette première partie, dynamique et bien construite, elle ne dure cependant pas assez longtemps. En clair, si t’étais en retard, à 20h30 le groupe a terminé son set.



Un changement de plateau plus tard, KRISIUN investit la scène. Trois mecs, roots à l’ancienne, qui te balancent un pavé dans la tronche (t’inquiète pas, la suite de la voie romaine n’est pas loin…). Bon, ok, comme toute voie romaine qui se construit il y a des soucis. Le bassiste / chanteur, victime d’un jack dégueulasse, nous fait une coupure de son assez conséquente…Le temps qu’il cherche, qu’il cherche, qu’il tripatouille, qu’il change les jacks des pédales d’effets, qu’il court dans les loges prendre une seconde basse... Le gratteux, lui, n’en a rien à faire, il effectue un petit solo pour faire passer le temps puis passe à une séquence rythmique histoire de maintenir énervé tout le monde, puis re-solo… Les doigts se balladent sur le manche, un peu de haine fait du bien de temps en temps mais pas trop quand même ! Puis c’est le batteur qui enchaîne des descentes de fûts. Bon, pas de quoi se pâmer, c’est un solo, ça part à droite, puis à gauche sans forcément de construction rythmique audible novatrice, mais ça permet de dire que les mecs ont un sacré entraînement et une sacrée souplesse du poignet pour enchaîner à cette vitesse Et hop, tout le monde retombe sur ses pattes avec un bon gros chant et une basse bien ronde qui viennent t’en refoutre dans la caboche. Pleure pas, ça commence seulement. Un ou deux mecs du public tentent le slam sur la foule…enfin le premier oui, le second termine au sol, faut pas déconner non plus, on veut garder les cheveux propres (rapport à Nabilla…le allô, tout ça... vous m’suivez ?). Bref, les morceaux s’enchaînent, grimpant dans une puissance haineuse au fur à et mesure que le concert se déroule. Le groupe communique extrêmement bien avec le public et échange beaucoup avec lui. Après un tel parcours, c’est tout à fait appréciable. Le son est mitigé, parfois bien, parfois brouillon, le chant se noie dans une masse peu audible par moments, alors qu'il rend franchement bien à d'autres. On touche déjà à la fin (le souci technique ayant amputé quelques minutes…) et on se dit que faire du death, ça conserve, ça permet d'avoir une chevelure irréprochable, et que surtout, les gars de KRISIUN n'ont besoin d'être que trois pour balancer des calottes à qui ils veulent.



La salle se serre devant les barrières pour l’entrée imminente des papas du death, CANNIBAL CORPSE. Alors pour être clair, CANNIBAL CORPSE, c’est tout sauf quelque chose de complètement extraordinaire, j’entends par là que d’un concert à l’autre, tu te prends le même type de set dans la tronche (un peu comme avec les cheveux…). Les mecs entrent, les gratteux grattent avec les cheveux en travers du visage (le photographe que je suis est frustré...) et Corpsegrinder arrive et tourne la tête dans tous les sens. D’ailleurs parlons-en, le fait de voir ce cou aussi large que mes cuisses me fait me poser des questions. C’est impressionnant. Remarque, 30 ans de headbang, ça te change un homme.
Bon, reprenons. Le groupe entre sur scène et ça joue direct, le tout entrecoupé par le chant guttural de monsieur Fisher. C’est assez brouillon pour commencer, on effectue quelques réglages mais au vu de la vitesse et de la technique de certains passages, ça devient vite casse-gueule. C’est clairement peu audible par moments. Tout rentre dans l'ordre après trois-quatre morceaux et on retrouve CANNIBAL CORPSE, le jeu de scène est très limité et les morceaux défilent les uns après les autres. Cependant, on remarque que le frontman communique beaucoup avec le public et se permet des échanges, et même une petite blague ici et là. J'en reviens au côté "puissance" et "capacité audible" de la chose. Au niveau de la puissance, c'est un lieu de guerre, ça pogotte à tout va, les slams s'enchaînent et les cheveux volent dans tous les sens. Le public est partagé, d'un côté les vikings suants et de l'autre la gente féminine. J'ai une préférence pour cette dernière, le shampooing étant plus sympathique au niveau de l'odeur (non mais allô). Je m’égare. Au niveau de la puissance donc, on a un Georges Fisher omniprésent, tellementqu’il en éclipse les autres musiciens de par sa performance assez surréaliste, mais pour ce qui est des variations de ton, il faudra repasser. Les musiciens font le boulot mais ils sont trop souvent brouillons ou noyés dans l'e brouhaha. Le tout paraît très linéaire, surtout lorsqu'on a déjà été voir plusieurs concerts de CANNIBAL CORPSE, mais c'est ce qui fait également la spécificité du groupe. C'est samarque de fabrique. Une fois l'impression de puissance et l'effet "coup de poing dans le bide" passés, renforcés par la présence des pogotteurs acquis à la cause du groupe, reprenant en choeur certains refrains des titres phares, pointe un sentiment de déception à cause du son tout d’abord, brouillon (mais ça je l’ai déjà dit), mais également à cause de ce manque de déplacement et de changement d’attitude de la part du frontman et de ses musiciens. Certes on ne vient pas pour cela mais on vient pour voir un peu de spectacle tout de même.
Au moment de repartir avant la fin du concert (les feuilles de chou commencent à fatiguer…), je me pose la question : est-ce que j’étais convaincu et heureux d’avoir vu un groupe de ma jeunesse ou est-ce que j'étais déçu d’en avoir trop attendu ? J’ai pu constater que le groupe n'avait pas pris une ride, que le concert débordait de puissance et de violence, avec une setlist bien rodée, et que j’étais super heureux d’avoir vu des légendes, des "darons" comme les disent les jeunes, qui traversent les générations. D'un autre côté, j'ai pu constater que les subtilités techniques des guitares, de la basse ou de la batterie, passaient difficilement en live et visuellement c'est assez monote.

Depuis deux ans maintenant, au Moloco d’Audincourt, l’association Sono Light offre des affiches de qualité pour tous les aficionados adeptes d’un son à l’ancienne.