La review

CAVE-IN + PELICAN + BIOCIDE
La Boule Noire - Paris
24/02/2006


Review rédigée par Pécos


Il y a des concerts que l’on ne raterait pas pour tout l’or du monde. Des concerts pour lesquels on est prêt à faire n’importe quoi. Et bien la venue parisienne de CAVE-IN (la dernière en date, outre la première partie de Muse à Bercy, est un concert à La Pêche à Montreuil qui commence à dater un peu), était ce genre de concert. Raison de plus si PELICAN est de la partie. Le genre de chose pour lesquels on est prêt à se bouger, malgré une vilaine grippe, une toux de pompier et un mal de crâne assommant.

Bref, c’est dans cet état physique que je me retrouve dans une Boule Noire blindée à mort (ce qui est plutôt rare), attendant de pied ferme les Américains. Mais avant cela, c’est un groupe Français qui à pour tâche de chauffer un public impatient : BIOCIDE. L’évocation de ce nom, ne m’évoquait rien de bon pour être honnête, des vagues souvenirs de ma période néo-metal arrivaient à mon cerveau, mais rien de bien précis n’en sortait. Il fallait donc juger sur pièce, plutôt que de faire le blaser qui squatte le bar, en attendant le groupe pour lequel il s’est déplacé. Grand bien m’a pris. BIOCIDE n’a rien à voir avec un quelconque combo néo-metal, mais plutôt avec un groupe rendant hommage aux piliers que sont Mr Bungle, Primus and co. Une musique qualifiée autrefois de fusion (avant que ce terme ne soit employé pour parler du rap-metal), faisant la part belle aux riffs décalés et aux structures décousues. On sent que les BIOCIDE sont des fans inconditionnels de Mr Bungle (le 1er album en particulier) et de la vague fusion du milieu des années 90. Le jeu de batterie est dynamique et varié, les grattes vont souvent chercher du côté de la noise décalé, et la voix (très typé Patton) part dans des délires psycho trippants. Au final, BIOCIDE fait plutôt une très bonne impression au public. Un groupe à surveiller.



Petite pause, et ce sont les Américains de PELICAN qui envahissent la scène. Le mot envahir n’est ici absolument pas choisit au hasard. La musique de PELICAN envahit littéralement au sens premier du terme. Elle envahit l’espace auditif, grimpant inexorablement vers des sommets d’intensité et d’adrénaline. Fatigante pour certains, car ennuyeuse en plus d’être "à la mode", la musique développée par les américains se démarque par une identité sonore propre, reposant sur des structures linéaires classiques, explosant au final dans un déluge de grattes oniriques et de rythmiques dantesques. Des longs morceaux de 7 à 8 min en moyenne, montant progressivement en puissance, grâce à des riffs purs et magnifiques, entraînés par une batterie locomotive qui, s’en trop en faire, installe des ambiances délurés, à coup de double pédales discrète mais bien présente. On se laisse totalement aller, entraîner par cette formidable lame de fond sonore, qui détruit tout sur son passage. Les réfractaires baillent aux corneilles, les amateurs exultent. Grandiose.




Je bataille pour me hisser tout devant, pour pouvoir prendre des photos correctes, mais surtout pour être le plus pré possible d’un groupe qui à révolutionner mon approche du hardcore. CAVE-IN, c’est une carrière faite de prises de risques et de changements radicaux. Avec "Beyond Hypotermia" en 97, et "Until Your Heart Stops" l’année suivante, les Américains ont posé des bases immuables pour tout amateur de hardcore contemporain. Influencés eux-mêmes par d’autres groupes (Kiss It Goodbye, Deadguy entre autres), CAVE-IN a montré la voie à une multitude de groupes actuels, comme Every Time I Die, Since By Man et bien d’autres. C’est en 2000, avec l’album "Jupiter" que le groupe vire sa cuti de manière brutale. Le hardcore chaotique des débuts, fait place à du rock propre, limite pop. "Antenna" confirme le changement d’orientation en 2003. Ce soir, CAVE-IN est là pour présenter live son nouvel album, "Perfect Pitch Black", album qui renoue avec une certaine agressivité, tout en conservant une solide base rock. Bref, j’étais sacrement impatient de voir ce que pouvait donner sur scène CAVE-IN en 2005. Et bien la réponse est simple, CAVE-IN n’a pas à rougir de personne sur scène. Ca rock, ça bouge, ça transpire…de l’énergie brute, garantie sans colorants ni conservateurs. Le groupe est heureux de re-jouer à Paris, et qui plus est dans une salle comble. Stephen Brodsky affiche un large sourire, et n’en finit plus de remercier le public. Le bassiste Caleb assurent les parties hurlées avec rage et détermination, pendant que Ben Koller (batteur de Converge, et nouveau batteur officiel de CAVE-IN) s’en donne à cœur joie. Un jeu de batterie très différent de celui qu’il pratique avec Converge, mais il n’hésite pas à faire évoluer les compos de CAVE-IN, avec son propre style (à base de gros roulements et de double pédale rageuse). On ressent énormément son influence sur les deux nouveaux morceaux interprétés ce soir, aux rythmes rapide et puissant, rappelant Converge. Au niveau de la set list, on retrouve beaucoup de titres issus d’"Antenna" et "Jupiter", ainsi la quasi-intégralité du nouvel album. Les nouveaux titres rendent beaucoup mieux en live que sur disque, leur côté stoner éclate de toute part, dynamisant l’ensemble du set. Les quelques rares vieux morceaux, bien hardcore, déclenchent le feu dans le pit. Le public exulte et en redemande, notamment sur l’énormissime "Moral Eclipse", titre qui ouvre "Until Your Heart Stops". Avant de partir, on a le droit à un morceau d’un groove sismique ("Trepanning"), d’une patate énorme, où les voix de Stephen (claire) et Caleb (hurlée) se complètent à merveille. Le groupe quitte la scène sous les acclamations, lesquels n’en finissent plus, si bien que le groupe revient pour expliquer que l’heure ne leur permet pas de faire de rappel. Le public s’en fiche, il veut CAVE-IN, et il l’aura. CAVE-IN décide de jouer un denier titre avant de partir…et quel titre : "Juggernaut". Le pit se muscle sérieusement pour un final méchamment violent. On ressort lessivé mais heureux. CAVE-IN est définitivement un groupe à part, dans la carrière, la musique, l’attitude…bref un grand groupe. Merci