La review

CHELSEA GRIN + OCEANO + KUBLAI KHAN + ENTERPRISE EARTH
La Maroquinerie - Paris
30/09/18


Review rédigée par Matthieu


Deuxième et dernier jour de ce court week-end, c’est également le jour du concert de CHELSEA GRIN, accompagné par OCEANO, KUBLAI KHAN et ENTERPRISE EARTH. Vous vous attendiez à de la violence ? Eh bien je vous assure que la soirée promet plus que ça ! J’entre en avance pour pouvoir interviewer CHELSEA GRIN au complet, et chaque membre prend la peine de répondre à mes questions, ainsi que de me remercier d’avoir pris de mon temps pour eux, alors que de mon point de vue, c’est le contraire. Autant vous dire que rentrer dans la salle après ça, il ne pouvait rien se passer de mal !



Après l’extinction des feux, ENTERPRISE EARTH entre sobrement en scène. Daniel Watson (chant) lance un simple "What the fuck people ?" avant de hurler comme il se doit sur le premier titre de la setlist. La fosse n’en attendait pas plus pour réagir, et commence déjà à se bousculer, alors que Gabe Mangold (guitare) et Rob Saireh (basse) alignent des riffs lourds en headbanguant lors des breaks. Derrière, Aaron O’Toole (batterie) semble repousser ses limites pendant que Dan s'époumone au chant. Pour l’avoir connu en tant que chanteur d’Infant Annihilator, je dois avouer que l’Américain n’a absolument pas perdu de sa voix, et qu’il est en très grande forme ce soir. Pourtant, le guitariste et le bassiste restent dans l’ombre, headbanguant seulement lors des breaks qui déchaînent la foule. "It's our first time in Paris, I want to hear your voice !" hurle le chanteur avant de s’accroupir sur son retour pour pousser ses cris les plus aigus. Mais le set d’ENTERPRISE EARTH passe beaucoup trop vite à mon goût, et Dan annonce "It's the last song, so you know what you have to do when I say Circle Pit !". Et la fosse s'exécute, nous offrant un circle pit entrecoupé de moshers motivés. Le concert s’achève dans l’euphorie générale.



C’est maintenant l’heure du karaté ! Enfin, de KUBLAI KHAN, mes excuses. En soi, si on exclue le grand discours que prononce Matt Honeycutt (chant) au début du show, appelant à la fois à la tolérance mais également à la violence, c’est la même chose. Car dès le premier titre, les moshers font leur entrée dans la fosse et tout le monde s’écarte pour leur laisser faire leurs mouvements dévastateurs pendant que le groupe ne s’occupe de mettre l’ambiance sur scène. Alors que ses musiciens l’aident à hurler pour "The Guilty Dog", Jayson Braffett (guitare) et Eric English (basse) headbanguent paisiblement pendant que le chanteur est littéralement plié en deux sous les blasts d’Isaac Lamb (batterie), et que la fosse est de plus en plus violente. "We were there for Impericon 2014" commence Matt , "so thank you to welcome us again !". Et le titre suivant monte d’un cran au niveau de la violence, alors que sur scène, le groupe semble incontrôlable. Lorsque le chanteur headbangue, il perd sa casquette, mais cela ne l’empêche pas de tenir la foule dans sa main en nous remerciant très souvent. Et le public le lui rend bien, grâce à d’habiles mouvements de karaté plus ou moins contrôlés, qui finissent également… plus ou moins bien. En tout cas, si les rythmiques punk hardcore teintées de metalcore du groupe ne me touchent absolument pas, elles trouvent facilement leur public.

Setlist : "Eyes Up", "The Hammer", "No Kin", "The Guilty Dog", "Balancing Survival And Happiness (Part I)", "B.C.", "Life For A Life", "Ghost Pains (Part III)", "Antpile".



Place à l’un de groupes les plus attendus de la soirée, OCEANO et leur deathcore surpuissant. Après quelques balances, c’est encapuchonné qu’Adam Warren (chant) apparaît sur scène, accompagné de ses musiciens. Jason Jones (basse) et Scott Smith (guitare) se contentent d’alterner entre ombre et lumière dans le chaos total qui est perpétré par les lumières, changeant régulièrement entre un rouge vif et un bleu perçant, mais les musiciens alignent sans broncher leur rythmique tueuse. A la batterie, Matt Kohanowski enchaîne blast beat, double pédale et frappes ultra rapides avec une expression cauchemardesque qui colle à la perfection à l’univers torturé du groupe, sur leur titre le plus violent et le plus lourd, "The Taken". Difficile de continuer après cette déferlante me direz-vous. Et vous avez raison, mais le chanteur s’adresse directement aux premiers rangs avec un "Give me your best fucking headbang !" des plus motivants. Et les Américains sont pleins de surprises, réussissant parfaitement à lancer les titres suivants, qui réunissent toujours plus de moshers. La fosse est d’ailleurs pleine de ces créatures qui oscillent entre colosses d’un mètre quatre-vingt dix et demoiselles chétives d’un mètre soixante qui se ruent en plein milieu avec la même hargne. "I'm happy because I have fun tonight ! Are you having fun ? This is your song !" hurle Adam , comme possédé, avant de lancer un autre assaut tout aussi puissant et impressionant. Le show s’achève sur deux slams, qui furent les premiers de la soirée.

Setlist : "The Taken", "Dead Planet", "A Mandatory Sacrifice", "Weaponized", "District Of Misery", "Nephilim", "Lucid Reality", "The Great Tribulation", "Dawn Of Descent".



Vous les avez attendus malgré leur changement de chanteur, et vous avez eu raison, car CHELSEA GRIN est de retour en France. La fosse, qui s’est finalement plutôt bien remplie pour un dimanche soir, voit arriver Stephen Rutishauser (guitare), David Flinn (basse) et Pablo Viveros derrière ses fûts. Tom Barber (chant), celui que tout le monde attend, tarde à se montrer, mais prouve finalement qu’il est le maître de cérémonie en alignant hurlements suraigus et growls caverneux avec une facilité déconcertante, qui lui permettent de se courber comme bon lui semble dans tous les sens. Entre deux interventions du chanteur, les titres sont tout aussi violents et efficaces que dans mon souvenir, mais je remarque que Tom attire littéralement tous les regards. Alors que le bassiste se place en arrière, le chanteur lance un "You guys have ever smell the smelly smell ?" qui désoriente le public, tout en faisant rire les plus aguerris en anglais. Les hurlements de Pablo aident complètent largement ceux du chanteur, qui n’a pourtant aucun mal à passer d’un type de chant à un autre, mais qui semble plus se plaire dans les growls aigus, alors qu’arrive Aaron Matts sur "Hostage" après qu’il ait demandé à tous les membres s’ils passaient un bon moment. Tom se place au plus près de la fosse, tendant même le micro à un fan, qui hurlera à la perfection, surprenant les membres du groupe. "I can say two things in french", ironise le frontman, "one is bonjour, the other one is omelette au fromage !". Le concert se poursuit dans le mosh et la vitalité alors que Dan Watson revient sur scène pour le final de "My Damnation". Et les titres, tous plus violents les uns que les autres, se succèdent jusqu’à la dernière pause, où Pablo demande à la fosse si nous apprécions Dan Watson. Evidemment, c’est une ovation qui se fait entendre pour le nouveau chanteur, ce qui lui permet de placer une petite blague qui passera inaperçue, avant d’entamer "Crewcabanger", le dernier titre, mais également le plus dévastateur. Et là, je vous promets que la fosse s’est déchaînée comme rarement, ouvrant même une zone de mosh, alors que je m’attendais à un wall of death, même pendant le solo final. Il va sans dire que les musiciens ont été salués comme il se doit.

Setlist : "Dead Rose", "The Wolf", "Across The Earth", "See You Soon", "9:30am", "Limbs", "Scent Of Evil", "Hostage" (feat. Aaron Matts - Betraying The Martyrs), "Nobody Listened", "Outliers", "Eternal Nightmare", "Recreant", "My Damnation" (feat. Dan Watson - Enterprise Earth), "Playing With Fire", "Skin Deep", "Broken Bonds", "Crewcabanger".

Si je devais donner un nom à la folie, je l’appelerais CHELSEA GRIN. Car non seulement les Américains ont fédéré les amateurs de slamming deathcore offert par ENTERPRISE EARTH, mais également les fans de hardcore à la KUBLAI KHAN et aussi les fanatiques de deathcore venus apprécier OCEANO. Et CHELSEA GRIN a fait plus que ce que je n’attendais en jouant largement plus d’une heure, avec deux guests. Franchement, que demander de plus, à part que Voulez-Vous Danser ? ne nous ressorte une affiche pareille dans les semaines à venir ?