La review

CORIACE TOUR
Eths + Tripd + Babylon Pression + Fis(ch)er
La Locomotive - Paris
07/02/2006


Review rédigée par Pécos


Management, booking, merchandising.., en quelques années, la structure marseillaise Coriace est vraiment devenue l’une des plus importantes machines indé du metal Français. C’est aujourd’hui avec un plateau de quatre groupes, que Coriace sillonne la France : l’Assaut Coriace, regroupant FIS(CH)ER, BABYLON PRESSION, TRIPOD et ETHS. C’est à Paris, dans la superbe salle de la Locomotive, que la tournée s’arrête aujourd’hui. Un évènement attendu si l’on en juge par le nombre important de gens présent ce soir (des jeunes entre 14 et 18 ans en grande majorité).



Il est 20h30 quand FIS(CH)ER monte sur scène, et l’ambiance est déjà chaude. Personnellement, j’en étais resté à un vieux 6 titres, donnant dans le néo metal primaire, qui m’avait fort peu convaincu. Je n’attendais donc pas grand-chose de la part de FIS(CH)ER, si ce n’est qu’ils étaient réputés pour être un bon groupe de scène. Je dois bien dire que j’ai été très agréablement surpris. Non seulement, le chanteur est un très bon showman, mais la musique du groupe n’a plus rien à voir avec ce néo metal approximatif et très mal chanté que j’avais en mémoire. FIS(CH)ER, qui présente son premier album sortit il y a peu, emprunte aujourd’hui beaucoup plus à des groupes comme At The Drive In qu’à Korn et consort. Un metal rock’n’roll, puisant aussi bien dans le post-hardcore que dans le punk rock pur et dur, soutenu par une voix rageuse et sur le fil du rasoir (à défaut d’être toujours juste sur les parties chantées). Si techniquement, rien n’est extraordinaire, le groupe montre une belle évolution depuis ses débuts. Scéniquement, le frontman, qui arbore une coupe à la At The Drive In, bouge bien et emprunte des gimmicks au leader chevelu des Mars Volta. Une très bonne patate, des morceaux puissants et bien ficelés, et FIS(CH)ER se pose comme l’un de groupes à surveiller de près de la scène Française. Grosse surprise.



Rapide changement de plateau, et c’est au tour de BABYLON PRESSION. Là pour le coup, aucune évolution à noter dans la musique des marseillais : du néo metal basique et cliché à souhaits. Les riffs sont pauvres et sans aucune inventivité, le phrasé rapé à la limite du ridicule et la présence scénique limité. En essayant de mettre mon jugement de côté, disons que BABYLON PRESSION est resté quelques années en arrière, pratiquant un néo qui n’a plus vraiment de représentant à l’heure qu’il est. Il n’empêche que le public se déchaîne et que les slammeurs commencent à sérieusement investir la scène. Le groupe quitte la scène sous les acclamations.



Place ensuite au groupe le plus vieux du collectif (et par l’âge de ses membres et part l’âge du groupe lui-même) : TRIPOD. Après "Lèche" et "Data Error", le groupe phocéen vient de sortir "Déviances", son troisième album. Autant l’avouez tout de suite, je ne suis absolument pas fan de la musique de TRIPOD. Ce metal couillu, mélange de Pantera et de Fear Factory, ne me botte pas vraiment. Mais il faut reconnaître certaines choses. Premièrement, la musique de Tripod a su évoluer et se bonifier avec le temps, s’éloignant de ce néo douteux et mal rapé de l’époque de "Lèche". Et puis deuxièmement, sur scène, TRIPOD fout méchamment la guerre. Le son est très gros, les riffs méchants, la voix puissante. Le batteur est très bon (peut être le seul de la soirée) et insuffle une très bonne dynamique punk à certaines compos. Le public se lâche et multiplie les slams de la scène (au détriment des pauvres retours sons, bien malmenés ce soir). Sur la fin du set, le batteur d’ETHS s’installe derrière la deuxième batterie, installée sur scène, et part avec son collègue dans un rythme tribal. Un bon bœuf comme à la maison, où la complicité entre les deux batteurs saute aux yeux. Candice (ETHS) rejoint finalement la troupe pour un guest qui ravira la public. TRIPOD termine sa prestation en vainqueur, laissant la place aux stars de la soirée : ETHS.



En peu de temps, le groupe marseillais aura su s’imposer comme une référence en matière de metal Français. De son EP "Samantha" et ses 1ères parties de Lofofora à aujourd’hui, que de chemin parcouru pour la bande à Candice. Un 1er album ("Sôma") qui aura su séduire un public plus large, et des concerts par centaines, imposant un statut d’excellent groupe de scène. Rajoutez à cela une très bonne prestation cet été au Fury Fest, devant un public pas forcément acquis à sa cause, et vous obtenez le groupe metal du moment, a qui tout sourit. Bref, ce soir, ETHS est devant son public, dévoué et fidèle. Dès l’entrée en scène, le public se lâche. Le groupe livre un set compact, musclé et dévastateur. Là non plus, je ne suis pas un grand fan, mais une fois de plus, scéniquement, on prend sa claque. Candice se pose en maîtresse de cérémonie, haranguant la foule. Elle assure les parties chantées aussi bien que les hurlées, prouvant les progrès qu’elle a fait depuis les débuts du groupe. Une heure de set plus tard, ETHS s’en va en remerciant copieusement son public.

La Loco se vide alors tranquilement, laissant ressortir des hordes de kids transpirants et souriants. Qu’on adhère ou pas à la musique, cela fait bien plaisir de voir autant de monde se déplacé pour une affiche musclée et 100% Française. Brave à tout l’équipe de Coriace, et bonne chance pour la fin de la tournée.