La review

CRADLE OF FILTH + MOONSPELL
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
19/02/18


Review rédigée par Matthieu


C’est un temps mitigé alternant entre bruine et sec qui accompagne mon arrivée à la Machine du Moulin Rouge après une journée de cours pour la venue de deux géants du metal gothique. En effet, sur cette tournée, CRADLE OF FILTH et MOONSPELL se partagent la scène, et j’ai hâte d’assister à la rencontre des deux géants du style. L’entrée s’effectue dans le calme, avec une autorisation de photos à volonté, chose qui sera finalement un peu différente en réalité, mais là n’est pas la question.



Le décor de scène de MOONSPELL est déjà en place, et nous savourons tranquillement une petite bière en attendant les Portugais. Alors que les lumières s’éteignent, c’est le premier titre de leur dernier album qui retentit alors. Les musiciens s’installent un à un à leur place avec leurs vêtements de scène un peu vieillis. Miguel (batterie) et Pedro (claviers) sont un peu en retrait, tandis que Ricardo (guitare) et Aires (basse) sont sur le devant de la scène, encadrant l’entrée saluée par la foule de Fernando Ribeiro (chant). Les lumières rougissantes embrasent alors la salle pendant que Fernando nous souhaite la bienvenue en 1755 en français, avant de partir en coulisses pour revenir rapidement vêtu de son masque de médecin de la peste. Nous découvrons donc avec le groupe une partie de l’histoire du Portugal, grâce au chant hurlé de Fernando, soutenu par les claviers et les choeurs de Ricardo, qui mettent la foule en transe. Pendant ce temps, Aires prend la pose, en plaçant un pied sur son retour afin de se placer au plus près de la foule. Alors que la setlist, axée principalement sur "1755", le dernier album du combo, mais avec de jolies surprises plus anciennes, comme "la petite potion nommée Opium", Ricardo reste d’un calme olympien et Pedro demeure effacé, alors que les autres membres se déchaînent. Le public est très réactif à l’ambiance crée par la double voix de la formation, et Fernando se permet d’aller chercher un crucifix doté de lasers qu’il brandit au-dessus de la foule pour "Todos Os Santos". Les nouveaux titres passent d’ailleurs très bien la barrière du live, et sont également très bien accueillis par la foule, qui semble heureuse que le groupe ait confirmé son orientation musicale malgré le chant en portugais qui peut rebuter. Pour "Alma Mater", Fernando nous demande de l’accompagner alors qu’Aires distribue quelques médiators. Ce titre est d’ailleurs l’occasion d’une communion quasi parfaite avec la fosse entière pour le morceau le plus ancien du set, et la décharge émotionnelle envoyée par le groupe est d’une puissance fabuleuse, alors que sur "Full Moon Madness", le dernier titre, tout le monde se déchaîne. Fernando ira jusqu’à prendre des baguettes à Miguel pour frapper les cymbales. Le groupe serrera les mains de presque tout le premier rang avant de quitter la scène, nous laissant avec l’envie de le revoir très prochainement.

Setlist : "Em Nome Do Medo", "1755", "In Tremor Dei", "Desastre", "Night Eternal", "Ruínas", "Opium", "Evento", "Todos Os Santos", "Alma Mater", "Full Moon Madness".



Lors du démontage, les ragots vont bon train. Dani Filth (chant) sera-t-il en forme ? Le groupe jouera-t-il d’ancien titres ? Impossible de le savoir à l’avance, mais ce qui m’intrigue, c’est cette barrière vitrée devant la batterie. Ce n’est pas la première fois que je vois cela, mais les lumières s’éteignent déjà, éclairant à peine les ventilateurs au centre de la scène. C’est d’ailleurs Marthus (batterie) qui monte en premier, suivi par Rich Shaw (guitare), Daniel Firth (basse) et Ashok (guitare). La foule hurle alors plus fort pour l’arrivée de Lindsay Schoolcraft (claviers / chant), mais redouble d’intensité pour l’entrée d’un pas décidé de Dani Filth, vêtu d’une tenue sublime. Et malheureusement, le premier cri sera une déception pour tous, puisque les aigus du chanteur ne l’ont pas suivi, mais les musiciens réussiront à rattrapper la performance.
C’est donc un mélange de la quasi-totalité de leur discographie que les Anglais nous offrent ce soir, commençant par "Gilded Cunt" pour revenir encore plus loin avec "Beneath The Howling Star". Les lumières ne rendent absolument pas hommage au groupe, couvrant le batteur et la claviériste d’un rideau coloré de rouge ou de bleu foncé impénétrable, ce qui ennuiera profondément les photographes, mais qui n’empêchera en rien les autres musiciens de jouer avec le public autant que possible. Si Ashok et Daniel Firth posent régulièrement leur pied sur un retour, Rich Shaw se prend pour un maître d’orchestre, sans oublier de jouer ses parties avec sa seule main gauche. Lorsque la tension retombe un peu, Dani dédiera "Bathory Aria" à Frédéric Leclerq (DragonForce, Loudblast, Sinsaenum) présent dans la salle, avant que nous ne commencions à entendre de l’amélioration dans son chant. Alors que Lindsay Schoolcraft ne quitte jamais son clavier, quelques faibles lumières se pointent timidement vers elle lorsqu’elle chante, mais le rôle principal est laissé à Dani qui arpente la scène de long en large, sautillant et hurlant ses paroles impies. La fumée rend l’observation du groupe difficile, mais les Anglais prennent le temps de dédier "The Death Of Love" à leurs compères de MOONSPELL, avant que Rich ne prenne le téléphone d’une fan sur le côté pour se filmer lui et le public, jouant comme si de rien n’était. Les photographes se feront à moitié engueuler par un roadie pour faire leur travail, prétextant un “C’est fini, no more !” alors qu’il venait d’évacuer l’un des deux slammeurs qui était parvenu jusqu’à la scène sur "You Will Know the Lion By His Claw", Dani se chargeant de pousser le deuxième, alors qu’il avait annoncé que ce titre serait “trop lent pour un pit aussi motivé”.
Le groupe quitte alors la scène, pour revenir afin de jouer d’autres incontournables. Dani arrive vêtu d’une veste en cuir qu’il quittera rapidement avant de monter sur le plateau de la batterie pour continuer le show. Alors qu’Ashok, Daniel Firth et Rich Shaw continuent leur manège, Dani nous montre l’étendue de ses capacités vocales à présent retrouvées, puis le combo enchaîne avec "Nymphetamine (Fix)". Je vous laisse critiquer à votre guise ce titre, mais je vous jure que je me suis revu l’écouter pour la première fois dans la cour du lycée il y a pile dix ans, et même si Liv Kristin n’était pas là et que le line-up a changé, les larmes me sont montées tant l’émotion était forte. Ma nuque n’a pas survécu à ce titre, ni aux suivants d’ailleurs, me rappelant mes découvertes du metal. Le chanteur n’hésite pas à abuser du retour pour se placer au devant de la scène, alors que Rich s’agenouille à ses pieds pour se faire caresser la tête. Le groupe enchaîne avec "Her Ghost In The Fog" qui déclenche un nouveau mouvement de foule, avant que Dani ne nous explique que la dernière fois qu’il était dans la capitale, il s’est fait arrêté pour avoir été bourré. Il enchaînera directement avec "Born In A Burial Gown", le dernier titre dédié à MOONSPELL et à la foule qui mettra tout le monde d’accord, CRADLE OF FILTH est un groupe avec une scénique d’exception.

Setlist : Intro ("Ave Satani"), "Gilded Cunt", "Beneath The Howling Stars", "Blackest Magick In Practice", "Heartbreak And Seance", "Bathory Aria: Benighted Like Usher", "A Murder Of Ravens In Fugue", "Eyes That Witnessed Madness", "Dusk And Her Embrace", "The Death Of Love", "You Will Know The Lion By His Claw".
Rappel : Intermission ("A Bruise Upon The Silent Moon")", "The Promise Of Fever", "Nymphetamine (Fix)", "Her Ghost In The Fog", "Born In A Burial Gown", Outro ("Blooding The Hounds Of Hell").

La soirée se termine par un passage obligatoire au merchandising, puis par une attente devant la salle. Les membres de MOONSPELL ne tarderont pas à sortir, mais si les membres de CRADLE OF FILTH mettent plus de temps, ils sortiront tous également, heureux de rencontrer leurs fans qui leurs demandent photos et signatures. Tous sont heureux de faire plaisir au peu de personnes restées pour l’occasion, surtout Ricardo Amorim (guitariste de MOONSPELL) qui se démènera pour trouver tous les membres de son groupe afin de signer l’album d’un fan déficient visuel. Dani viendra également, se prêtant au jeu, et je tiens réellement à insister sur ce point. Peu importe les rumeurs qui courent sur lui, l’homme est vraiment gentil et prêt à discuter avec vous, du moment que vous ne l’agressez pas et que vous restez poli. Il est maintenant temps de rentrer, merci à Access Live pour cette soirée, et aux groupes de l’avoir enchantée.