A quelques jours de Noël, la troisième édition d'Alpha Night III était également la dernière soirée de l'année du Klub. Affiche typée "core" pour aller vite, les 4 groupes comptaient bien donner le meilleur d'eux-mêmes, comme un dernier adieu à 2014 !

C'est le groupe parisien EXCEPT ONE qui ouvre le bal de fin d'année en proposant un metal plutôt corrosif mené par la chanteuse Estelle. Une première partie du set pas forcément en place, mais qui ne sanctionne pas pour autant le quintette qui préfère miser sur l’énergie. Certains riffs arrivent à faire mouche comme "Elm Street" ou encore "Spider Paradox" qui se démarquent par leur noirceur et une certaine lourdeur. Le groupe sait doser en ajoutant une bonne dose de groove dans les compos ainsi qu'un chouillat de death mélo. La paire de gratteux enchaînent et se déchaînent sur leur manche tandis que le bassiste soutient parfois Estelle, ce qui renforce un côté "core". En bref, une première partie de set convenable, mais où l'identité du groupe ne se ressent pas forcement même si le public réagit plutôt très bien ! La deuxième partie du set m'a paru la plus intéressante, bien plus punk / rock à l'ancienne à partir d'"Anymore" jusqu'à "Revenge" où Estelle entre deux ou trois growls dont elle n'a pas à rougir se permet des écarts de voix qui lorgneraient volontiers vers Patti Smith ! Peut-être un atout à jouer ici, peut-être la ligne de démarcation d'EXCEPT ONE. Et puisque c'est Noël, les Parisiens invite Edgar, frontman du groupe Order Of 315, sur "Holy Night" avant de clore sur un furieux "Revenge".

Setlist : "Elm Street", "Spider Paradox", "District Circus", "Anymore", "Traviata", "Holy Night", "Revenge".

Fort d'un premier EP "Monsters Make Monsters" tout juste sorti, les Montpelliérains de BRAIN FUEL ne vont pas manquer de le défendre ce soir ! Le quatuor n'aura pas fait le voyage pour rien même si le public ne semble pas très réceptif à leur forme de deathcore vitaminé, tarabiscoté, moderne à multiples tiroirs. Sans complexe, BRAIN FUEL enchaînent les titres avec une désinvolture et un aplomb certains. Traînant multiples influences, de At The Drive In en passant par Unsane ou des choses plus actuelles comme Architects, Beartooth, mais aussi du rock, le frontman joue de sa voix comme d'un couteau suisse (growl ultra graves, cris, chant clairs et j'en passe, tout en maîtrise et en puissance). La section rythmique solide laisse tout l'espace au guitariste qui se damne à jouer ses parties à la fois techniques et biscornues. Dommage que le public ne soit pas très réceptif, ou alors a choisit de rester "contemplatif" devant cet OVNI borderline qui peut semer le trouble sur l'affiche de la soirée. A noter la participation de Guillaume (TANKRUST) sur l'avant-dernier titre des Montpellierains qui aura mis tous le monde d'accord !

Retour sur terre avec TANKRUST qui vont tout d'abord se charger de remettre les pendules à l'heure avec un style plus accessible, à base de thrash typé "Bay Area" et de groove (on sent bien que Pantera est une grosse influence pour le quintette parisien). Idéal donc pour le mosh pit, le public est conquis, et suit les pérégrinations de Guillaume au chant death / core qui nous parle de suicide, d'inceste, de barbares avec une rage contagieuse aidé parfois aux backings par un des guitaristes. Des thèmes graves distillés dans un son des plus incisifs pour mieux contester les dérives de l'humain. TANKRUST donne autant qu'il veut recevoir du public, et l'interaction agit forcément ! Un concert qui donne l'occasion de présenter des titres de son futur album ! Je n'ai pas le titre en tête mais une compo sort du lot, comme un croisement entre Rage Against The Machine et Pantera où le groove détonne avec des parties extrêmes, où un break rappé très maîtrisé détonne littéralement et emporte le public avec lui. Un très bon show qui semble amorcer une évolution pour TANKRUST.

Rien de mieux pour finir l'année avec les furieux DAGARA qui, une fois de plus, ont ravagé le Klub. Il est toujours fascinant de voir un groupe redéfinir les frontières d'un espace scénique. Car si la scène du Klub est assez petite, que les Dagos sont quand même 6... ça n'a aucune importance. Les Parisiens s'accaparent chaque centimètre qui leur est imposés pour livrer un show furieux, sauvage. Faut dire qu'ils sont rodé les gars ! Pour l'occasion, et après avoir assuré la guitare en remplacement de Gwen lors du précédent concert, Jérôme (du groupe Anima Mors) remplace Gael la basse. La force de DAGARA est d’intégrer des parties tribales dans un savant cocktail de thrash et de hardcore, et dès l'intro on sent la tension monter avant de lâcher le premier titre "Mauvaise Foi". La majorité des titres interprétés est issue de leur premier album "La Route Du Chaos". Le spectacle est assuré par les frontmen Jimmy et Max, deux éléments incontrôlables, qui se partagent les premiers rôles avec une sauvage conviction et une grande complicité. Juste incroyable de précision dans le mouvement ! Y'a pas à dire, la scène c'est chez eux et le public en prend plein la gueule : du riff en béton armé, du blast qui fait mal aux dents, et même Max en personne qui se jette dans le public pour un mosh pit improbable sur "Memento Mori". Improbable mais jubilatoire !! Quelques soucis techniques de micro ont bien failli contraindre les vocalistes à finir a cappella, mais a priori ça ne les aurait pas déranger plus que ça. En bref, un excellent moment, intense qui tonifie notre cerveau reptilien et nous renvoie à nos pulsions les plus primaires. C'est ça DAGARA sur scène !

Setlist : Intro, "Mauvaise Foi", "Le Miroir", "Simulacre", "Au Bout De L'Impasse", "Memento Mori", "Les Yeux Fermés", "Amnesie Volontaire", "Quand Tu T'Assassines", "Un Autre Ailleurs", "Mort-nés", "Le Meilleur Et Le Pire".

Voilà... c'est fini, comme dirait l'autre. Le public est sonné, content. Guillaume de TANKRUST, et grand organisateur de la soirée est tout aussi ravi de voir que tout le monde a pris son pied, prêt à envisager une Alpha Night IV !!

Photos tirées de : www.facebook.com/lykharts