La review

DAGOBA + ABORTED + GOROD + HACRIDE
Le Bataclan - Paris
12/02/2014


Review rédigée par E.L.P


Nous voici donc rendus, en cette grise mi-Février, à l’ultime volet du diptyque Bataclan proposé par Garmombozia et Veryshow... Après la frappe polonaise de Behemoth la veille, voici qu’est arrivé le tour pour une belle affiche franco-belge de faire son apparition dans la terne atmosphère parisienne, celle de DAGOBA, ABORTED, GOROD et HACRIDE !
Soucieuse de prolonger la magie scénique parisienne une seconde soirée consécutive, la date mise en place ce-jour avait fortement de quoi plaire, puisqu’elle mettait en avant nombres de poids lourds de la scène hexagonale (et associés) en la grande salle du Boulevard Voltaire, lui faisant revêtir ses plus beaux habits, souvenirs du Motocultor 2013...



Tout commença avec HACRIDE, ouvrant cette soirée de la façon la plus profonde qui soit, le carré mené en toute sérénité par Luiss (chant), plongera les présents ayant bravé la météo pour venir profiter de ce plateau de haute volée, dans un incroyable flot d’ambiance auquel ils seront particulièrement réceptifs (bien qu’un peu éteints...). Des titres comme l’introductif "Introversion" ou le conclusif "My Enemy" feront, par exemple, étalage de cette puissance technico-atmosphérique alliant grooves marqués et syncopés à de profonds riffs lourds et martelés, pilonnant avec force, le spectateur alors emporté dans les tréfonds de ce style cher aux amateurs de Gojira ! Appuyés par un combo dont l’assise scénique n’est plus à prouver, la maîtrise affichée de Benoist (basse), Adrien (guitare) et Florent (batterie) ravira le public remplissant peu à peu la salle aux rythmes de morceaux résolument modernes et affinés tels que "Act Of God" ou "My Enemy".

Setlist : "Introversion", "Overcome", "Perturbed", "Act Of God", "My Enemy".



Suite à cette prestation de qualité (malgré des lumières tranchant vivement dans la masse des groupes) et ayant cependant laissé le public dans une triste léthargie à la vue du programme annoncé, viendra le tour d’un ensemble sur le retour, après un léger remaniement de line-up : GOROD ! Retrouvant un public manifestement prêt à en découdre, voici que le quintette phare de la scène groove / death "French Made" fait son apparition, Barby (basse) et Nutz (chant) en première ligne alors que le parterre s'apprête à prendre une première ampoule d’adrénaline par le biais de "Birds Of Sulfur", morceau lourd et entêtant, ouvrant en trombe, ce set promettant la bordelaise déferlante d’intensité tant attendue. Un point d’orgue sera d’ailleurs atteint, au détour de cette courte prestation, au travers de l’incroyable "Carved In The Wind" déchaînant de façon quasi systématique jusqu’aux plus réticents membres de la fosse. La phalange GOROD ainsi complétée de l'immanquable duo Mathieu Pascal et Nicolas Alberny (guitares), mais surtout de la personne implicitement passée au crible ce soir : le preux remplaçant de Samuel Santiago à la batterie, Karol Diers (dont la performance laissera particulièrement enthousiaste, aidée du temps, sur l’avenir de la formation), voici que "Disavow Your God" viendra ponctuer et clôturer cette brève mais plus qu’attendue démonstration... ! Setlist : "Birds Of Sulphur", "A Common Hope", "State Of Secret", "Carved In The Wind", "Disavow Your God".



Nouveau changement de plateau laissant au public sensiblement plus massif à cette heure avancée de la journée, le temps de se rassembler, et ce sera au tour de ce qui semblera être la formation la plus attendue de cette date de faire son entrée sur les planches de la grande salle remplie à petite échelle : ABORTED... Les Belges à l’esprit torturé et à l’univers terriblement bien trempé, oscillant entre puissance morbide et lourdeur malsaine se verront attribuer la palme concernant la réaction du public (cette dernière ne se fera pas attendre et parviendra à faire vibrer le Bataclan dès les premières mesures du titre introductif "Meticulous Invagination"). Empreint de force et de cet univers gore mêlant death virulent, hardcore incisif et accents grindcore abrasifs faisant la réussite du combo, la formation deathcore à la brutalité confirmée montrera également une solidité aussi bien technique que scénique, sans faille, tandis que l'"Hecatomb" est à l’oeuvre sur place ! Axant toujours sa prestation sur le charisme latent de Sven (chant), et sur ces désormais bien connus interludes franco-gores, les titres "Fecal Forgery", "Incarnate The Origin Of Disease" et "Sanguine Verses (...Of Extirpation)", arracheront l’énergie de bon nombre de métalleux venus acclamer la déflagration Belge incarnée par les 5 comparses... Ce souffle abattu sur l’espace du XIème prendra alors, à mesure que "The Saw And The Carnage Done" se poursuit, une toute autre dimension tandis qu’un étonnant nombre de fans feront irruption sur scène le temps de quelques bousculades et autres échanges d’instruments, parachevant ainsi cette incroyable soufflet de puissance ressenti par un public conquis !

Setlist : "Meticulous Invagination", "Coronary Reconstruction", "Hecatomb", "Fecal Forgery", "The Holocaust", "Incarnate The Origin of Disease", "Sanguine Verses (…Of Extirpation)", "The Saw And The Carnage Done".



Dernière transition avant d’entamer l’ultime ligne droite de la soirée : le set de DAGOBA... C’est une fois les piètres lumières désormais (manifestement monnaie courante en cette pourtant belle salle) réadaptées aux besoins du groupe trônant fièrement sur l’affiche de ce soir, que va débuter la prestation du carré marseillais revenu, plus demandeur que jamais, il y a peu, des États-Unis ! Quoi de mieux que l’introduction du Dracula (F.F.Coppola) pour rapidement monter en pression à l’aide du vindicatif "I, Reptile", donnant à nouveau le ton du set en un rien de temps... Fort heureusement, le syndrome ayant touché les premières parties n’épargnera pas les bucco-rhodaniens, créant ainsi une étroite et vive alchimie entre toutes les parties de la salle, faisant résonner tour à tour, dans un esprit de déchaînement extrême, "Black Smokers", "When Winter..." et "The Great Wonder", plongeant la foule dans un précis tourbillon de férocité et d’osmose, le tout soutenu par les 4 puissants charismes de Shawter (chant), Franky (batterie), Zed (guitare) et Werther (basse) fermement ancrés sous la voûte parisienne ! Tournant inlassablement sur leur dernier : "Post Mortem Nihil Est", le combo, dont la stature n’est plus sujet à controverse, se verra consacré lors des très nombreux pogos, wall of death et circle pits avec de nombreuses marées humaines inondant littéralement la scène comme sur "Kiss Me Kraken" pour lequel la plongée au coeur de la matrice DAGOBA sera inconditionnelle tant le groupe fera chavirer les coeurs ! Passer après l'assèchement provoqué par ABORTED n’était en rien aisé, mais cet audacieux pari tenté par DAGOBA est malgré tout resté payant bien qu’une petite partie des présents ait décidé de quitter, au compte-gouttes, le navire entamant, avec "The White Guy (And The Black Ceremony)", son tour d’honneur...

Setlist : Intro, "I, Reptile", "The Man You're Not", "The Nightfall And All Its Mistakes", "Black Smokers (752° Farenheit)", "When Winter...", "The Great Wonder", "The Fall Of Men", "Degree Zero", "It's All About Time", "Yes We Die", "Kiss Me Kraken".
Rappel : "Maniak" "Intermission (The Things Apart)", "...Interlude The Things Within...", "The White Guy (And The Black Ceremony)".

Ce n’est qu’une fois ce déluge humain terminé à la suite des plus qu’honnêtes prestations des sauvages membres d’ABORTED (suivis de ceux de DAGOBA) que le public aura le loisir de reprendre ses esprits des suites de ces intenses moments de communion entre scène et parterre imposés par les 4 ensembles, tant par les liens crées ce soir, que par leurs prises d’ampleur et maîtrises techniques. Ne seront à déplorer qu’un trop faible manque de participation, ainsi qu’un son parfois chancelant et peinant à trouver sa profondeur durant les débuts de sets mais surtout, cette toujours aussi déplorable gestion des contrastes lumineux...
Merci à Veryshow pour la production et la gestion de cette belle affiche !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr