La review

DEATH TO ALL + OBSCURA + DARKRISE
Le Grillen - Colmar (68)
20/11/2013


Review rédigée par Maxime Guillemain
Photos prises par Eva


Une nouvelle fois le Grillen de Colmar accueil une affiche à même d'appâter le fan de metal extrême que je suis. La crème du death metal technique actuel d'un côté et de l'autre : un groupe ultra culte ayant marqué un genre et le metal à lui seul, certes sous une forme discutable (j'y reviendrai), néanmoins les attentes ne pouvaient qu'être immenses...



C'est au groupe suisse DARKRISE, signé chez les Français de Great Dane Records, d'ouvrir les hostilités. A vrai dire je ne connaissais le groupe que de nom, c'est donc sans apriori que je me suis posté au premier rang. L'arrivée du groupe sur scène m'a un poil inquiété dans les premiers temps je dois bien l'avouer, un look un peu typé hardcore du côté du bassiste ainsi que du chanteur m'ont fait craindre d'avoir à faire à un groupe de deathcore comme il en pullule tant... heureusement ça ne fut pas le cas. DARKRISE propose des compositions aux accents clairement modernes (notamment au travers quelques plans syncopés) souvent techniques (sans être démonstratifs pour autant) mais ne laissant pas de côté une certaine brutalité et un côté catchy appréciable. Techniquement parlant la prestation fut irréprochable, les plans techniques s'enchaînant avec maîtrise (mention spéciale à la batterie fournissant un travail impressionnant), le chant, quant à lui, après quelques minutes de chauffe, a su gagner en puissance. Le seul point qui m'a dérangé finalement c'est que malgré une maîtrise certaine et des compositions solides et intelligentes, très peu de personnalité transparaissait de ce tout, c'est assez dommage au vu du talent bien présent et de la prestation tout à fait sympathique autrement.



Nouvelle valeur sûre du death metal technique depuis l'indispensable "Cosmogenesis" (2009), OBSCURA n'a pas manqué de fouler les scènes de nombreux festivals d'été prestigieux afin d'assoir ce statut tant envié. Il faut dire que Steffen Kummerer accompagné par 2 transfuges de chez Necrophagist n'a pas lésiné sur la qualité des compositions, mais l'épreuve du live pour ce genre de titres est en général bien douloureuse, entre l'exigence technique nécessaire et la nécessité de proposer un show dynamique, rien n'était gagné d'avance de ce côté-là. Mais autant le dire tout de suite, j'ai été renversé par la maîtrise tout bonnement parfaite des musiciens, combinée à une aisance scénique remarquable (sans parler de la bonne humeur ultra communicative de Steffen). Du premier au dernier morceau, la claque fut assurée, la construction du set étant l'un des points fort de la prestation, le groupe sachant enchaîner les compositions tour à tour techniques, mélodiques, plus violentes, plus old school, voire même plus rampantes et efficaces : le titre "Ocean Gateways" étant à coup sûr un clin d'œil appuyé au légendaire groupe Morbid Angel, dont OBSCURA a su tirer toute l'essence morbide et caverneuse (aidé par des lights vertes, blafardes à souhait), démontrant une nouvelle fois un savoir-faire bluffant, et surtout s'inscrivant parfaitement dans la palette de ce que le groupe est capable d'exprimer à travers sa musique. Le tout étant soutenu par un son ultra clair et précis, lui même magnifié par une double pédale ravageuse. Je ne pourrais finalement que pinailler sur le départ de Jeroen Paul Thesseling privant le groupe du son de sa basse fretless, mais ça n'est qu'un détail... Pour résumer tout cela, OBSCURA a été une splendide claque scénique tout simplement.



DEATH en live sans son leader culte c'est une solution inenvisageable pour certains. Pour directement être clair sur la question (et le débat), de mon côté ça ne me choque pas outre mesure, en effet en plus de ne pas être fan des vocaux de Chuck Schuldiner, le line-up de cette tournée n'est pas constitué d'illustres inconnus bien au contraire (Sean Reinert (Cynic) - batterie, Paul Masvidal (Cynic) - guitare, Steve DiGiorgio (Autopsy, Testament, Iced Earth) - basse ainsi que Max Phelps (Cynic) - guitare et vocaux). Le tout étant effectué dans une démarche d'hommage tout à fait respectueuse de Chuck et de son œuvre. Des auspices qui me semblaient donc bons pour passer un bon concert. Mais dès les premiers titres : cruelle désillusion, le manque de charisme de Max Phelps est frappant malgré un chant assez bon et fidèle à l'esprit old school, un problème d'une ampleur assez rare il faut le dire, laissant le groupe sans véritable frontman. La mis en place ne fut pas non plus éblouissante... et l'absence de travail sur les lights n'apporta aucune atmosphère au show... une terrible déception pour ma part, ce qui ne fut pas le cas pour tous, en ont témoigné les mouvements de foule et cela malgré un public ultra compact dans une salle comble (au sens strict, toute les places ayant été vendues !). Il ne resta finalement que le plaisir d'entendre la pelle de riffs intemporels, néanmoins perpétuellement entachés par cette impression tenace que l'on pouvait en attendre mieux ! La participation de Steffen d'OBSCURA ainsi que de son batteur sur "Spirit Crusher" alla totalement dans ce sens, le set prenant enfin de l'ampleur et une dimension qui aurait du être la même tout du long... Le concert s'acheva néanmoins sous un tonnerre d'applaudissements qui tenait à mon avis plus de la nostalgie que de l'avis objectif... quel dommage...

Setlist : "Flatteing Emotions", "Leprosy" / "Left To Die", "Suicide Machine", "In Human Form", "Spiritual" / "Within", "Cosmic Sea", "Zombie" / "Baptized", "Together As One", "Crystal Mountain", "Spirit Cruser", "Lack Of Comprehension", "Pull The Plug".