La review

DEEP PURPLE + CAFE BERTRAND
Théâtre Antique - Vienne (38)
24/07/2008


Review rédigée par FRancK


Je n’ai pas seulement assisté à un concert ce soir, j’ai aussi été témoin de la rencontre entre deux monuments, j’ai voyagé dans le temps et l’espace, et j’au eu plusieurs coups de foudre ! Il n’est pas 20h15 quand, accompagné par ma fidèle amie Laurie, je me présente devant l’agent de sécurité qui fouille à l’arrache les sacs et les vêtements. Ca commence mal, car le gars refuse de me laisser entrer avec mon appareil photo, surement jaloux de mon zoom 18x ! Ne parlant pas couramment le poisson rouge, je ne peux faire comprendre à l’agent de sécu raté que mon APN m’est indispensable… "…je suis aussi ici pour faire un reportage…" …lui dis-je en lui montrant mon tee-shirt French Metal. Je fais demi-tour avant de lui mettre mon S8000 dans la face, alors que Laurie a déjà imaginée un plan diabolique pour me permettre de pénétrer dans l’enceinte avec mon engin…et j’emmerde le poisson rouge !

Passé ce contact avec l’ère primitive, je m’engouffre dans la galerie annulaire qui conduit aux gradins du théâtre antique. Premier monument, premier coup de foudre. Bienvenue sur Arte : construit entre 40 et 50 après J.C, ce théâtre devait à son origine être d’une capacité de 13000 personnes. Il est un des plus grands théâtres urbains de l’empire Romain. Le deuxième de Gaule pour être précis. Il surplombe la ville, et fait face à l’ouest où descend le soleil bientôt couché derrière les premiers coteaux de la vallée du Rhône.

Ce site de pierre qui accueille tous les ans les plus grosses cylindrées mondiales du jazz lors du festival "jazz à Vienne", va ce soir rencontrer un autre monument, du rock celui-là, un des groupes pionniers, d’après moi, de ce qu’on appellera plus tard le "hard-rock", j’ai nommé DEEP PURPLE. Ce groupe est à l’origine de ma passion pour le genre. C’est dans les années 70 que Ian Gillan et sa bande m’ont inoculés le virus du rock. A travers la fine cloison qui sépare ma chambre de celle de mon grand frère, je suis transporté dans un monde de plaisir inconnu jusqu’alors, par les riffs de Ritchie Blackmore et la voix de Ian Gillan sur une version unique de "Lazy", celle jouée pendant leur concert au japon en 1972, et enregistré sur l’album live "Made In Japan". Ce concert est encore considéré aujourd’hui par beaucoup comme étant le meilleur live de tous les temps. A moins de dix ans donc, je suis élevé au DEEP PURPLE quand les autres le sont au Banania ! Je précise en passant que cette année le pourpre et moi fêtons nos 40 ans.



La première fois que j’ai vu les affiches du concert… "Meeerrrde y'a DEEP PURPLE à Vienne !"… je n’ai même pas vu le nom du groupe en assurant la première partie. Plus tard, en voyant le nom de CAFE BERTRAND je me suis dit que ça ira bien pour régler mon Fuji. Et alors que je suis en train de me tripoter le zoom, les premières notes de la bande à Walter Gallay (chant) montent vers moi. Le seul son que ma bouche fut capable de produire à ce moment là fut : "Ho ?!". Deuxième coup de foudre. Cela fait des années que je me dis que, bordel de merde, aucun groupe Français n’est capable de faire du vrai, du bon rock. Avec des textes en Français et du plaisir communicatif… "On va pas rester sur Téléphone quand même !". CAFE BERTRAND me charme avec son rock pile poil comme je l’aime : la voix de Walter, le jeu des deux guitaristes que sont Stéphane et Denis, n’hésitant pas à nous envoyer des riffs puissants, Les textes sérieux mais pas trop, du mouvement sur scène, Emmanuel derrière ses futs et Alain à la basse…tout est rock chez CAFE BERTRAND ! Ce n’est pas par hasard si ce groupe a été choisi par DEEP PURPLE pour toute la tournée 2007, soit 36 dates devant plus de 150 000 personnes, dont un set remarqué à l’Olympia le 18 novembre dernier. De plus, "L’art Délicat Du Rock & Roll", son nouvel album, a été mixé par Roger Glover, bassiste et producteur du pourpre himself et masterisé à New York par Ted Jensen (Aerosmith, Kravitz…)…. y'a rien là ?

Le moment arrive où la rencontre entre les deux monuments s’opère. Les cinq membres de DEEP PURPLE, soit : Ian Gillan (chant), Roger Glover (Basse), Ian Paice (batterie), les trois restant du line up nommé "mark II" de 1968 et les deux "nouveaux venus" que sont Don Airey (claviers) et Steve Morse (guitare) entrent en scène sous les clameurs du public qui blinde le théâtre. Tout le monde connait Gillan, Glover et Paice, (Pas toi ? Pfffff….) mais en ce qui concerne Airey et Morse une petite présentation s’impose : Don Airey a rejoint le pourpre en 2002 suite au départ à la retraite de Jon Lord. Bercé par le Jazz, Don a joué avec les plus grands, comme : Ozzy Osbourne, Black Sabbath, Judas Priest, Ritchie Blackmore (époque Rainbow)…j’en passe et des tout aussi bons ! Quant à Steve Morse, remplaçant de Ritchie Blackmore en 1994, c’est simple : Il a été élu, au début des années 90, cinq fois de suite meilleur guitariste de l’année par les lecteurs de Guitar Player, référence du genre, et classé hors concours les années suivantes pour permettre aux Steve Vai, Joe Satriani et autre Yngwie Malmsteen de gagner !



C’est alors que le voyage dans l’espace commence. Comment définir ce que j’ai ressenti lorsque j’ai vu débouler devant moi un homme que je prenais pour un extraterrestre ? Un mec qui peut pas exister en vrai quoi. Ce soir il est là, sur ma planète. Ian Gillan est un être humain comme moi, et je me retrouve dans les années 70 en entendant" Strange Kind Of Woman" (album "Fireball" - 71), titre également présent sur le mythique "Made In Japan". Suivront : "Perfect Stranger" de l’album du même nom de 84 qui marqua le retour en grâce du "mark II", LE line up le vrai ! "Speed King" ("In Rock" - 70), "Hush" ("Shades Of Deep Purple", 1er album - 68) et il m’a semblé sentir vibrer le théâtre aux premières notes de "Smoke On The Water". Le public, comme un seul homme, reprenant ce refrain historique, connu de toutes les générations de fans de hard-rock. Le voyage dans le temps est merveilleusement programmé par le pourpre, avec beaucoup d’autres morceaux dont les plus récents, et un instant mon cerveau s’est arrêté, je suis parti, dans le monde magique du live, dans l’univers mythique de DEEP PURPLE.



Outre ce chamboulement émotionnel, j’ai aussi été ébahi par le talent de Steve Morse, qui est devenu le pilier du groupe. Ian s’appuie beaucoup sur lui, et il a raison de le mettre en avant, parce qu’avec Steve ce n’est pas que de la guitare électrique, c’est du grand art ! Tous les musiciens iront de leur solo : Don convaincant les derniers sceptiques qu’il est à la hauteur de Jon Lord, même si le jeu et le matériel des deux hommes sont différents. Ian (Paice) frappant toujours aussi fort et précisément qu’à ses débuts est capable avec ses futs d’envolées magistrales. Roger, quant à lui, m’a fait penser à mon idole Cliff Burton, qui a dû sans doute considérer le bassiste du pourpre comme un maître en la matière. Ian (Gillan), comme toujours, aime chanter avec la guitare de Steve, comme il le faisait sur "Lazy" avec Ritchie au Japon en 72, avec un coffre impressionnant, une performance vocale peu commune. Quand Steve entame son solo, seul sur scène, le silence envahit le théâtre. Si on avait braqué les poursuites sur le public à ce moment là, on en aurait vu les trois quarts les yeux scintillant de plaisir, la bouche ouvert, la bave coulant sur les godasses ! Je ne savais même pas (et pourtant j’en ai entendu mon p’tit gars !) qu’on pouvait faire ça avec une guitare. Des sons allant du synthétique au metal, du mélodique langoureux au speed rageur, du jazzy aux limites du thrash… tout ça sans bouger d’un centimètre, les yeux fermés, il est parti lui aussi, nous emmenant avec lui…encore un voyage, encore un coup de foudre !

Il me faut conclure ce review sinon je vais en pondre 200 pages et Pete va devenir fou ! Mais comment en finir avec un tel concert ? Je n’ai pas envie de conclure. Cette soirée me poursuivra longtemps. Toujours peut-être. Après deux rappels, Ian, Roger, Ian, Steve et Don nous salut, nous nous levons tous pour une standing ovation en hommage à ceux qui nous ont fait rêver, ce soir, il y a 30 ans, et pour encore longtemps. Le lendemain soir en passant près du théâtre antique j’ai eu envie d’y retourner, de recommencer la soirée, un peu triste de ne pouvoir remonter le temps… mais je vais bientôt voir Metallica et peut-être Scorpions en live alors je n’ai pas fini de voyager…