DER WEG EINER FREIHEIT + AU-DESSUS + THE DEVIL'S TRADE
Le Petit Bain - Paris
28/03/2019
Review rédigée par Matthieu
Lieu atypique incontournable des concerts de metal parisiens, le Petit Bain accueille ce soir
la toute première date de la tournée anniversaire des dix ans de DER WEG EINER FREIHEIT.
Pour l’occasion, les Allemands ont invité les Lituaniens d’AU-DESSUS ainsi que le chanteur
hongrois connu sous le nom de THE DEVIL'S TRADE. Le ciel est encore clair, mais les
ténèbres s’apprêtent à se déverser sur nous.
La fosse est presque vide lorsque Dávid Makó monte seul sur scène. Entouré de trois
instruments, c’est avec un banjo que THE DEVIL'S TRADE débute ce set. Le musicien lève son
instrument à travers la lumière, et commence à chanter, d’une voix grave mais douce à la
fois. Après un premier titre qui n’éveille absolument pas les quelques spectateurs, qui
commencent doucement à arriver, l’homme troque son instrument pour une guitare, et c’est
accompagné des effets de quelques pédales qu’il nous interprète son deuxième morceau,
tout aussi magique que le premier. Mais quelques larsens viennent troubler le spectacle
envoûtant, qui prend vie sous nos yeux à travers l’implication du chanteur. Alternant entre
ses instruments, il développe paisiblement son univers grâce à sa voix puissante, alors que
la fosse réagit à peine entre les titres, tous aussi prenants les uns que les autres. C’est
finalement sur un sobre "Thank you for your time, see you next time" que Dávid partira de
scène, sous quelques acclamations.
La scène est réaménagée, et les musiciens d’AU-DESSUS terminent leurs réglages avant de
revenir encapuchonnés comme à leur habitude, puis de nous tourner le dos. Ce n’est que
lorsque le premier riff retentit que Simonas (guitare), Mantas (basse / chant) et Jokubas
(guitare) ne se retournent et commence à headbanguer. La fosse plonge immédiatement
dans ce post-black imposant et glacial, et rapidement le chant ajoute cette touche torturée à
la musique des Lituaniens. Les titres s’enchaînent sous les blasts précis de Džiugas
(batterie) qui semble possédé derrière ses fûts, et qui sert à merveille la rythmique sombre
qui s’étale sous des lumières qui renforcent le côté occulte du show. Plutôt statique, le
chanteur captive les spectateurs qui se massent de plus en plus devant la scène.
Headbanguant au rythme de leurs notes éthérées, les guitaristes se mettent parfois en
avant, et leurs silhouettes se découpent dans les rayons de lumière qui inondent la salle.
Les musiciens ne s’arrêteront de jouer que deux fois, pour laisser la place à un sample
énigmatique, avant de reprendre de plus belle. Silencieux, les lituaniens jouent avec une
précision incroyable des riffs aériens et imposants, qui emportent littéralement le public
parisien. Arrivés à la fin de leur set, les musiciens se délestent de leurs instruments et
quittent la scène, toujours sans un mot, accompagnés par une nuée d’applaudissements
mérités.
Setlist : "I", "II", "III", "VII", "VIII", "XI", "XII : End Of Chapter".
Le fameux pied de micro orné du logo du dernier album de DER WEG EINER FREIHEIT est
installé au milieu de la scène. Et lorsque les musiciens prennent enfin possession de la
scène, la beauté de leurs riffs frappe presque aussi violemment que leur puissance.
Au
centre, Nikita Kamprad (chant / guitare) se démène en headbanguant lorsqu’il ne chante
pas, pendant que Tobias Schuler (batterie) met toute son énergie dans un blast presque
incessant. La froideur de la rythmique instaure une certaine distance avec le public, qui
observe attentivement chaque mouvement des musiciens. Nico Ziska (basse) et Nicolas
Rausch (guitare) sont tout aussi concentrés sur leurs notes, alternant passages effrénés et
harmoniques torturées envoûtantes. Posant quelque peu sous des lumières violentes et
parfaitement en accord avec les frappes de la batterie, les membres offrent un spectacle
visuel imposant, à l’image de leur musique. C’est finalement Nikita qui rompt
l’enchaînement des titres. "We were already here one and half a year, in Le Petit Bain… this
song is for our brother Tony", dit le guitariste en reprenant son souffle. L’ouragan repart de
plus belle, avec une puissance effroyable, et une justesse tout aussi démoniaque, mais la
musique sombre des Allemands plaît au public parisien, qui headbangue en profitant du son.
Le chanteur interrompt régulièrement l’exécution du premier album de la formation pour
remercier les groupes qui les accompagnent dans leur tournée, mais également le
personnel de la salle et le tourneur. "We just began this tour", nous annonce t-il avant de
reprendre sur les premiers morceaux du groupe. Le black metal poignant de DER WEG EINER FREIHEIT prend toute son intensité lorsque les lumières nous aveuglent, puis s’éteignent
presque entièrement, laissant la fosse dans l’obscurité avant de revenir par à-coups. Du
côté du public, c’est le calme plat, les spectateurs préfèrent apprécier les riffs sans bouger,
mais la puissance du groupe fait remuer le bateau. "Merci" lâche timidement Nikita avant
d’annoncer que le premier album est terminé. "We will now play a song from "Finisterre"". Et
c’est la merveilleuse "Ein letzter Tanz" qui retentit dans le Petit Bain pour la toute première
fois, alors que les lumières servent à nouveau cette mélodie sombre et presque malsaine,
suivie de "Requiem". "We are Der Weg Einer Freiheit, thank you to be here, see you next
time !" nous dit le frontman, annonçant alors la fin du show. Mais une fois n’est pas coutume,
les quatre musiciens reviennent nous offrir un titre supplémentaire après de longs
applaudissements. "This is the last one !" déclare Nikita. Mais alors que le groupe a achevé
le dernier morceau de leur setlist, Tobias quitte ses fûts et s’installe devant nous pour nous
interpréter "Idyll", seul dans un rayon de lumière. La fosse entière retient son souffle lorsque le
musicien joue ses douces notes, et son départ de scène marque la véritable fin du show,
applaudi comme il se doit.
Setlist : "Ewigkeit", "Spätsommer", "Frei", "Aurora", "Zum Abschied", "Welk", "Neubeginn", "Ruhe".
Rappel : "Ein letzter Tanz", "Requiem".
Rappel 2 : "Lichtmensch", "Idyll".
Le Petit Bain se vide, mais l’ambiance est encore pesante. Si THE DEVIL'S TRADE n’a pas
vraiment séduit le public malgré la qualité de l’interprétation (une différence de style trop
marquée peut-être ?), AU-DESSUS a donné un show glacial mais exceptionnel. Le groupe a
presque fait de l’ombre à l’interprétation magistrale de DER WEG EINER FREIHEIT, qui a
absolument tout donné, et la performance s’en est ressentie. Pour ma part, je rentre chez
moi heureux d’avoir assisté à cette part de l’histoire du groupe, mais aussi d’avoir découvert
un projet très intéressant et d’avoir confirmé l’impression de toute-puissance que j’ai à
propos des Lituaniens depuis des années.